Actualités
Michel Hazanavicius dénonce "l'inflation" du cinéma français
Publié le 6 mai 2013 dans Actu ciné
A quelques jours du festival de Cannes (15-26 mai), Michel Hazanavicius, réalisateur de The Artist, oscarisé en 2012, dénonce dans une tribune publiée dans Le Monde de dimanche "la dangereuse inflation" qui menace le système de financement du cinéma français derrière une bonne santé apparente.
Cette tribune va dans le même sens de celle du producteur Vincent Maraval, publiée également dans Le Monde début d'année, et qui avait provoqué une tempête dans le milieu du cinéma français.
"Avec plus de 200 films français par an et de 200 millions d'entrées en 2012, le cinéma a atteint des résultats jamais égalés depuis les années 1960. Quelques films s'exportent à nouveau et certains sont dignement reconnus internationalement", écrit le réalisateur, qui est aussi président de l'Association française des auteurs, réalisateurs, producteurs (ARP).
"Avec plus de 200 films français par an et de 200 millions d'entrées en 2012, le cinéma a atteint des résultats jamais égalés depuis les années 1960. Quelques films s'exportent à nouveau et certains sont dignement reconnus internationalement", écrit le réalisateur, qui est aussi président de l'Association française des auteurs, réalisateurs, producteurs (ARP).
Pourtant, "cette singularité du cinéma français s'explique moins
par la supériorité de ses talents que par la subtilité de son mode de
financement", ajoute-t-il en dénonçant "un système vertueux" en train de "se
gangrener".
Selon lui en effet, ce système "connaît une bulle inflationniste
particulièrement dangereuse en période de crise économique, (...) notamment due
à un non-partage des recettes". "Réalisateurs, auteurs, acteurs, techniciens,
producteurs: tous préfèrent gagner de l'argent en amont de la sortie puisque
l'espoir d'en gagner dans la phase d'exploitation est quasi nul", dit-il.
SUR LE MÊME SUJET : Le salaire de la polémique
"Nous sommes dans une industrie où le succès public n'étant plus
une condition pour gagner de l'argent, on n'hésite pas à sacrifier certains
films, créant ainsi une bulle qui est en train d'enfler et qui ne devrait pas
tarder à exploser", prévient-il.
Il estime aussi que "les obligations des chaînes de télévision
vis-à-vis de la création (...) ne répondent plus à l'objectif recherché" et il
dénonce "une concentration de plus en plus importante des financements créant
une radicalisation du marché et par là même participant à l'inflation des
budgets".
Michel Hazanavicius s'en prend également à la disparition des
"films du milieu" faits "avec des économies plus légères" et qui constituent "le
ciment de notre diversité".
Evoquant l'exception culturelle française malmenée par les géants
du numérique (et risquant d'être mise en cause lors des prochaines discussions autour d'un nouvel accord de libre-échange entre les Etats-Unis et l'Europe), Michel Hazanavicius appelle enfin à "une régulation européenne" et "une fiscalité
de ces acteurs voraces" ainsi qu'à "une meilleure répartition" des fonds dans le
système de financement des films.
Nul doute que ce nouveau pavé dans la marre fera le tour de la Croisette, à partir du 15 mai. (avec AFP)