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Redford : “Le cinéma est un moyen de pression”
Publié le 17 janvier 2013 dans Festivals
Robert Redford se confie sur le Festival du film indépendant
de Sundance qui s’ouvre ce 17 janvier
Lorsqu’en 1985 Robert Redford
lance le Festival du film indépendant de Sundance
à Park City, à l’ombre des montagnes de
l’Utah, le Tout-Hollywood ne se prive pas de se moquer de
cette initiative baba cool destinée à finir
rapidement aux oubliettes. Mais 28 ans plus tard, les sourires moqueurs
se sont figés. Le festival attire chaque année
plus de 500.000 spectateurs et donne le ton de la production
américaine avec des découvertes comme Les
bêtes du Sud sauvage, Supersize
me, American
Splendor, Pi,
When
we were kings ou Saving
Grace.
C’est dire si la 29e édition qui s’ouvre ce jeudi va retenir l’attention des cinéphiles. Mais aussi du grand public. Car le thème le plus représenté à ce festival n’est autre que le sexe. Avec, en point d’orgue, Lovelace, de Rob Epstein et Jeffrey Friedman, sur le tournage de Gorge profonde, le mythique film porno.
Internet et la crise économique seront aussi au centre des préoccupations des cinéastes indépendants. Ce qui paraît tout à fait logique à Robert Redford.
“Tout d’abord, je pense que la situation économique dont on parle, c’est la crise espagnole, les temps sont durs partout dans le monde. Je sais que l’Espagne traverse une période difficile, et c’est le cas des États-Unis aussi. Parfois, les temps sont durs parce que, quel que soit le problème, il a trop longtemps duré. Et la solution est de rompre ce cycle avec quelque chose de nouveau. C’est le rôle du cinéma indépendant et c’est pour cela que je crois en lui. Je pense qu’il permet de faire bouger le monde. Il offre la possibilité aux gens de voir d’autres sortes de films et pas seulement des films conventionnels ou commerciaux comme on dit. Les films indépendants offrent plus de variété et peuvent susciter plus d’intérêt.”
L’indépendance reste donc primordiale à ses yeux. Il ne court donc pas du tout derrière les aides, gouvernementales ou autres. “Non. Je pense que le gouvernement a des choses bien plus importantes à faire. Et ce n’est pas un problème, car aucun autre ne l’a fait auparavant. Aucun gouvernement ne s’y est jamais intéressé. Et puis, le cinéma indépendant n’est pas là pour lui faire plaisir, il est là pour le peuple. Mais si le président désirait voir un film indépendant, je serais ravi de lui en montrer un, mais ce n’est pas ce que j’attends de lui. En revanche, je pense que l’on peut utiliser le cinéma comme moyen de pression, de lobbying. Par exemple, parmi les films du festival que vous allez voir ici, il y a des films concernant l’environnement, car je milite pour l’environnement dans mon pays. C’est pourquoi nous montrons des films sur le sujet. Les gens ne peuvent plus nier l’existence de changements climatiques, les preuves sont trop accablantes. Le film Chasing Ice, par exemple, montre la fonte des glaciers en Alaska, au Groenland, en Islande – des pans entiers de glacier qui disparaissent. C’est un signe clair que le réchauffement planétaire est une réalité. Si vous voulez que le gouvernement prenne position contre l’utilisation excessive de pétrole, d’essence, de charbon qui détruisent l’environnement, montrez-leur un film. Essayez de présenter le film au président Obama ou à son épouse. Demandez la permission. Parfois ça fonctionne (pas toujours), mais ça vaut le coup d’essayer.”
Même s’il a longtemps incarné le glamour hollywoodien dans des films de studio à gros budget, Robert Redford défend aujourd’hui une conception tout à fait différente du cinéma, loin de la philosophie commerciale des grands studios.
“Vous pouvez faire beaucoup de choses et manipuler le film comme vous le voulez quand vous disposez d’un gros budget. Je vois des films qui coûtent 70 millions de dollars, ou encore 150 millions, ce n’est pas rien. Ça ne me dérange pas, cela fait partie du cinéma aussi. Seulement, je préfère le côté plus humain du cinéma : qui raconte des histoires ancrées dans le réel et le quotidien des gens. En gros, ce que je veux dire c’est que le cinéma englobe un éventail de réalités différentes. Je n’ai rien contre les films commerciaux, je dis juste que le cinéma indépendant s’y oppose en cela qu’on y fait des films avec moins d’un million de dollars et pas 150 millions. Certains films sont réalisés avec seulement 20.000 dollars, jusqu’à 3 ou 4 millions, mais pas plus.”
Et de conclure : “Créer le festival puis me lancer dans la télévision aussi étaient de vrais paris, car je ne savais pas comment le public allait réagir. Comment allaient-ils réagir à des genres nouveaux ? À plus de cinéma indépendant ? Mais c’est ce en quoi je croyais, donc le jeu en valait la chandelle. Et aujourd’hui, le simple fait que je sois là, que la chaîne ait bien marché aux États-Unis, suffisamment pour que nous puissions l’exporter à l’étranger, c’est un risque aussi, mais j’aime l’idée de partager avec des gens d’une autre culture que la mienne.”
Patrick Laurent
C’est dire si la 29e édition qui s’ouvre ce jeudi va retenir l’attention des cinéphiles. Mais aussi du grand public. Car le thème le plus représenté à ce festival n’est autre que le sexe. Avec, en point d’orgue, Lovelace, de Rob Epstein et Jeffrey Friedman, sur le tournage de Gorge profonde, le mythique film porno.
Internet et la crise économique seront aussi au centre des préoccupations des cinéastes indépendants. Ce qui paraît tout à fait logique à Robert Redford.
“Tout d’abord, je pense que la situation économique dont on parle, c’est la crise espagnole, les temps sont durs partout dans le monde. Je sais que l’Espagne traverse une période difficile, et c’est le cas des États-Unis aussi. Parfois, les temps sont durs parce que, quel que soit le problème, il a trop longtemps duré. Et la solution est de rompre ce cycle avec quelque chose de nouveau. C’est le rôle du cinéma indépendant et c’est pour cela que je crois en lui. Je pense qu’il permet de faire bouger le monde. Il offre la possibilité aux gens de voir d’autres sortes de films et pas seulement des films conventionnels ou commerciaux comme on dit. Les films indépendants offrent plus de variété et peuvent susciter plus d’intérêt.”
L’indépendance reste donc primordiale à ses yeux. Il ne court donc pas du tout derrière les aides, gouvernementales ou autres. “Non. Je pense que le gouvernement a des choses bien plus importantes à faire. Et ce n’est pas un problème, car aucun autre ne l’a fait auparavant. Aucun gouvernement ne s’y est jamais intéressé. Et puis, le cinéma indépendant n’est pas là pour lui faire plaisir, il est là pour le peuple. Mais si le président désirait voir un film indépendant, je serais ravi de lui en montrer un, mais ce n’est pas ce que j’attends de lui. En revanche, je pense que l’on peut utiliser le cinéma comme moyen de pression, de lobbying. Par exemple, parmi les films du festival que vous allez voir ici, il y a des films concernant l’environnement, car je milite pour l’environnement dans mon pays. C’est pourquoi nous montrons des films sur le sujet. Les gens ne peuvent plus nier l’existence de changements climatiques, les preuves sont trop accablantes. Le film Chasing Ice, par exemple, montre la fonte des glaciers en Alaska, au Groenland, en Islande – des pans entiers de glacier qui disparaissent. C’est un signe clair que le réchauffement planétaire est une réalité. Si vous voulez que le gouvernement prenne position contre l’utilisation excessive de pétrole, d’essence, de charbon qui détruisent l’environnement, montrez-leur un film. Essayez de présenter le film au président Obama ou à son épouse. Demandez la permission. Parfois ça fonctionne (pas toujours), mais ça vaut le coup d’essayer.”
Même s’il a longtemps incarné le glamour hollywoodien dans des films de studio à gros budget, Robert Redford défend aujourd’hui une conception tout à fait différente du cinéma, loin de la philosophie commerciale des grands studios.
“Vous pouvez faire beaucoup de choses et manipuler le film comme vous le voulez quand vous disposez d’un gros budget. Je vois des films qui coûtent 70 millions de dollars, ou encore 150 millions, ce n’est pas rien. Ça ne me dérange pas, cela fait partie du cinéma aussi. Seulement, je préfère le côté plus humain du cinéma : qui raconte des histoires ancrées dans le réel et le quotidien des gens. En gros, ce que je veux dire c’est que le cinéma englobe un éventail de réalités différentes. Je n’ai rien contre les films commerciaux, je dis juste que le cinéma indépendant s’y oppose en cela qu’on y fait des films avec moins d’un million de dollars et pas 150 millions. Certains films sont réalisés avec seulement 20.000 dollars, jusqu’à 3 ou 4 millions, mais pas plus.”
Et de conclure : “Créer le festival puis me lancer dans la télévision aussi étaient de vrais paris, car je ne savais pas comment le public allait réagir. Comment allaient-ils réagir à des genres nouveaux ? À plus de cinéma indépendant ? Mais c’est ce en quoi je croyais, donc le jeu en valait la chandelle. Et aujourd’hui, le simple fait que je sois là, que la chaîne ait bien marché aux États-Unis, suffisamment pour que nous puissions l’exporter à l’étranger, c’est un risque aussi, mais j’aime l’idée de partager avec des gens d’une autre culture que la mienne.”
Patrick Laurent
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