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Nick Cave : “Vieillir, je ne le recommande à personne”

Publié le 19 septembre 2012 dans Actu ciné

Le chanteur a signé la musique et le scénario des "Hommes sans loi"
De la veste ouverte sur une chemise largement déboutonnée aux lunettes en passant par les cheveux, tout est noir chez Nick Cave. Même son scénario des Hommes sans loi, sorte de western violent situé dans les coins perdus de la Virginie en pleine prohibition. Un récit dur, sans le moindre côté fleur bleue, centré sur les facettes les moins reluisantes de la nature humaine. À 54 ans, le rocker ne s’est pas soudain découvert une vocation de scénariste. Il poursuit tout simplement son aventure avec le réalisateur John Hillcoat, en rédigeant le 4e script d’un de ses films.

En fait, je n’avais rien à faire, explique-t-il, à moitié couché sur une chaise. Matt Bondurant a écrit un livre incroyable. Écrire ce script était un rêve. Il y avait tout dans ce livre, à commencer par des dialogues merveilleux. C’était très facile de rédiger le scénario à partir de cet excellent livre.

Le regard (forcément) noir qu’il jette n’incite pas nécessairement à la discussion. Mais on n’a pas tous les jours la chance d’avoir devant soi une légende du rock. Alors, forcément, on aimerait bien en savoir un peu plus. “C’était l’ambiance du livre que j’ai aimée. La conjugaison de l’histoire d’amour et de la violence excessive m’a vraiment attiré. Il y a en même temps de la sentimentalité et une violence très crue dans ce roman.

Bon, c’est clair, il ne faut pas compter sur lui pour tenir de longs discours. L’habitude, sans doute, de tout exprimer en peu de mots dans ses chansons. “La violence ne m’intéresse pas vraiment. Elle est souvent ennuyeuse au cinéma. Mais John Hillcoat la traite de façon particulière, comme on le voit dans ses premiers films. C’est passionnant, brutal, très rapide, et laisse un grand désordre. C’est ça qui m’intéresse, son traitement rafraîchissant, pas la violence en elle-même.

Déroutant, Nick Cave l’est au point de remettre en cause la véracité du roman de Matt Bondurant. “On ne sait pas si l’histoire est exacte. Et il fallait tout condenser en 2 heures. Je pense donc que les Bondurant seront très heureux de découvrir ce film (rire).”

Mais aussi sa bande-son. “J’avais déjà la musique en tête au moment d’écrire le script. Pour moi, les deux vont bien ensemble. L’objectif était de m’écarter du style américain, parce que je l’ai déjà utilisé pour d’autres films. La prohibition, c’est un sujet moderne : elle existe encore aujourd’hui avec la guerre contre la drogue. Ici, il fallait donc transposer les préoccupations contemporaines dans les années 30, tout en gardant un style authentique qui réunit les deux époques.

Pince-sans-rire , faux nonchalant, c’est finalement par une pirouette qu’il évacue l’analyse de son style d’écriture. “Seuls les jeunes sont heureux d’avancer en âge. Chaque jour qui passe, je suis de plus en plus perturbé. Je perds la mémoire, ce qui m’oblige à recourir plus fréquemment au dictionnaire. J’ai aussi du mal à lire les petits caractères. Vieillir, c’est affreux, je ne le recommande à personne.

Patrick Laurent

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