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Punk is not dead à Cannes
Publié le 23 mai 2012 dans Actu ciné
La fête la plus rock'n'roll de la quinzaine s'est tenue mardi soir pour la première du "Grand Soir"
On s'en doutait : la fête la plus rock'n'roll de la quinzaine s'est tenue mardi soir. Non pas celle, officielle, qui avait lieu sur la plage du Festival, pourtant fréquentée par quelques pointures dont l'équipe américaine de « Killing them softly » d'Andrew Dominik – Brad Pitt en tête. Mais celle qui se tenait une demi-Croisette plus loin pour la première du « Grand soir » : l'équipe et la production du film ont réussi l'alliance du champ', du hot-dog et des cannettes de bière dans un bel esprit punko-décadent. Il fallait bien ça pour célébrer le nouveau film de Gustave Kervern et Benoît Delépine, où Benoît Poelvoore arbore la crête du « plus vieux punk à chien d'Europe ».
L'intéressé a débarqué sur le coup de 23h30 (on pouvait suivre son parcours à distance grâce à la nuée de spots et de flashes qui fendaient la foule). La play-list était plus eighties que réellement punk (Plastic Bertrand, Run DMC, Deelight,...) mais elle a permis à l'assistance de s'échauffer en attendant la pièce de résistance de la soirée : les Wampas. La bande à Didier Chappedelaine n'a pas mis trois riffs à électriser la salle, supportés sur scène par Gus Kervern, Ben Delépine et Albert Dupontel en guise de gogo dancers. Déchaînés, les réalisateurs et l'acteur ont payé de leur personne pendant tout le set (stage diving inclus). Un beau gros moment 'déconnade' collective qui s'est terminé en beauté par la montée sur scène d'un invité surprise, monté sur ressorts : Jean Dujardin. Costume et cravate noirs raccord avec ceux de Delépine, il a fait se damner quelques poulettes de l'assistance. L'Artiste a prouvé que sa palme et son oscar ne lui encombraient ni la tête ni les pattes. Ses hôtes, eux, ont démontré une fois de plus que derrière les rires gras de sales gamins, ils sont d'abord de vieux ados généreux jamais aussi heureux que lorsqu'ils font la teuf avec leurs potes – ah, la tête disjonctée de Gus Kervern, qui donne toujours l'impression d'avoir mis le doigt dans une prise... En comparaison, la soirée « A perdre la raison », qui se tenait sur la plage voisine, était l'antithèse de son titre – en y passant une tête, on éprouva un sentiment proche du coitus interruptus...
Effet Cannes pour « De rouille et d'os »
Cet écho là ne nous vient pas de Cannes, mais de Belgique. “De rouille et d'os”, de Jacques Audiard, a attiré plus de 25.000 spectateurs en Belgique, durant les quatre jours suivant sa sortie. “En Flandre, les chiffres d'audience sont exceptionnellement bons pour un drame français” note le distributeur belge Lumière, qui n'hésite pas à parler d'”effet Matthias Schoenaerts” - à conjuguer, sans doute aussi avec l'inévitable “effet Cannes”, qui contribue à la médiatisation des films qui y sont présentés.
A perdre la raison...
Méfiez-vous des apparences. Un palace 5 étoiles comme le mythique Carlton à Cannes prend des allures de Barnum beauf pendant le festival. Certes, des stars ou des pointures de la production internationale y descendent. Mais l'institution, comme nous l'expliquions dans un post précédent, brade également sa façade au plus offrant (naguère propriété de la banque d'affaires Morgan Stanley, l'hôtel a perdu les deux tiers de sa valeur suite à la crise financière ; il a été revendu en 2011 à la société Mansion Services Limited, propriété d’un homme d’affaires du Qatar, Toufik Aboukhatert). Sa terrasse et son porche sont envahis de m'as-tu-vu bling bling, nouveaux riches ou wanna be parfois vulgaires et rarement courtois. Dans les couloirs, on rejoue le bûcher des vanités et le gouffre aux chimères. Le salon Ponant, transformé le temps de la quinzaine en Lotus Lounge, ressemble parfois à une anti-chambre d'un magazine de charme. Attendant mardi d'y interviewer le réalisateur sénégalais Moussa Touré, ne voilà-t-il pas que deux « hôtesses » y débarquent en vue d'une cession de photos de charme sur la plage attenante. Afin de jauger des mensurations des demoiselles, le photographe leur demanda de tomber le t-shirt. Et les deux créatures de s'effeuiller illico sans pudeur. L'attachée de presse qui nous accompagnait en resta comme deux ronds de flan - « Voilà ce que je vis à longueur de journée » nous souffla-t-elle un peu lasse. Une demi-heure plus tard, en sortant dudit salon, une meute de paparazzi lancés à la poursuite de Brad Pitt ou d'une sombre inconnue faillit mettre une fin prématurée à notre carrière (imaginez la transhumance des gnous dans un couloir d'hôtel, ça vous donnera une vague idée de ce qu'on a vu nous foncer dessus). C'est un garçon de chambre du Carlton, devenu expert dans l'art de la survie, qui nous a évité d'être piétiné en nous à l'abri d'un renfoncement de porte. « Plus que quatre jours... » confia-t-il avec le calme olympien de celui qui en a vu d'autres.
Alain Lorfèvre
L'intéressé a débarqué sur le coup de 23h30 (on pouvait suivre son parcours à distance grâce à la nuée de spots et de flashes qui fendaient la foule). La play-list était plus eighties que réellement punk (Plastic Bertrand, Run DMC, Deelight,...) mais elle a permis à l'assistance de s'échauffer en attendant la pièce de résistance de la soirée : les Wampas. La bande à Didier Chappedelaine n'a pas mis trois riffs à électriser la salle, supportés sur scène par Gus Kervern, Ben Delépine et Albert Dupontel en guise de gogo dancers. Déchaînés, les réalisateurs et l'acteur ont payé de leur personne pendant tout le set (stage diving inclus). Un beau gros moment 'déconnade' collective qui s'est terminé en beauté par la montée sur scène d'un invité surprise, monté sur ressorts : Jean Dujardin. Costume et cravate noirs raccord avec ceux de Delépine, il a fait se damner quelques poulettes de l'assistance. L'Artiste a prouvé que sa palme et son oscar ne lui encombraient ni la tête ni les pattes. Ses hôtes, eux, ont démontré une fois de plus que derrière les rires gras de sales gamins, ils sont d'abord de vieux ados généreux jamais aussi heureux que lorsqu'ils font la teuf avec leurs potes – ah, la tête disjonctée de Gus Kervern, qui donne toujours l'impression d'avoir mis le doigt dans une prise... En comparaison, la soirée « A perdre la raison », qui se tenait sur la plage voisine, était l'antithèse de son titre – en y passant une tête, on éprouva un sentiment proche du coitus interruptus...
Effet Cannes pour « De rouille et d'os »
Cet écho là ne nous vient pas de Cannes, mais de Belgique. “De rouille et d'os”, de Jacques Audiard, a attiré plus de 25.000 spectateurs en Belgique, durant les quatre jours suivant sa sortie. “En Flandre, les chiffres d'audience sont exceptionnellement bons pour un drame français” note le distributeur belge Lumière, qui n'hésite pas à parler d'”effet Matthias Schoenaerts” - à conjuguer, sans doute aussi avec l'inévitable “effet Cannes”, qui contribue à la médiatisation des films qui y sont présentés.
A perdre la raison...
Méfiez-vous des apparences. Un palace 5 étoiles comme le mythique Carlton à Cannes prend des allures de Barnum beauf pendant le festival. Certes, des stars ou des pointures de la production internationale y descendent. Mais l'institution, comme nous l'expliquions dans un post précédent, brade également sa façade au plus offrant (naguère propriété de la banque d'affaires Morgan Stanley, l'hôtel a perdu les deux tiers de sa valeur suite à la crise financière ; il a été revendu en 2011 à la société Mansion Services Limited, propriété d’un homme d’affaires du Qatar, Toufik Aboukhatert). Sa terrasse et son porche sont envahis de m'as-tu-vu bling bling, nouveaux riches ou wanna be parfois vulgaires et rarement courtois. Dans les couloirs, on rejoue le bûcher des vanités et le gouffre aux chimères. Le salon Ponant, transformé le temps de la quinzaine en Lotus Lounge, ressemble parfois à une anti-chambre d'un magazine de charme. Attendant mardi d'y interviewer le réalisateur sénégalais Moussa Touré, ne voilà-t-il pas que deux « hôtesses » y débarquent en vue d'une cession de photos de charme sur la plage attenante. Afin de jauger des mensurations des demoiselles, le photographe leur demanda de tomber le t-shirt. Et les deux créatures de s'effeuiller illico sans pudeur. L'attachée de presse qui nous accompagnait en resta comme deux ronds de flan - « Voilà ce que je vis à longueur de journée » nous souffla-t-elle un peu lasse. Une demi-heure plus tard, en sortant dudit salon, une meute de paparazzi lancés à la poursuite de Brad Pitt ou d'une sombre inconnue faillit mettre une fin prématurée à notre carrière (imaginez la transhumance des gnous dans un couloir d'hôtel, ça vous donnera une vague idée de ce qu'on a vu nous foncer dessus). C'est un garçon de chambre du Carlton, devenu expert dans l'art de la survie, qui nous a évité d'être piétiné en nous à l'abri d'un renfoncement de porte. « Plus que quatre jours... » confia-t-il avec le calme olympien de celui qui en a vu d'autres.
Alain Lorfèvre