Cannes, côté Croisette, c’est le glamour, le strass, les stars et les réalisateurs les plus cotés au monde. Mais du côté de la rue des Belges (si, si, elle existe bien), c’est un peu comme si notre petit pays gagnait la Coupe du Monde tous les ans. Cette année encore, cinq films majoritairement belges et six coproductions se retrouvent à l’honneur sur la Côte d’Azur. (...)

Quelle que soit leur performance azuréenne, le Festival est déjà réussi pour nos couleurs. Et pourtant, il y a mieux. Un miracle. Un vrai. Réalisé par une Namuroise de 25 ans, Amélie Van Elmbt. Son histoire dépasse l’entendement.

“J’ai quitté l’IAD parce que mes travaux de fin d’études n’ont pas été acceptés, explique-t-elle, assez speedée. J’ai alors travaillé pendant deux ans avec Jacques Doillon. Il travaillait à l’instinct, sans story-board, en créant avec les acteurs. Cela m’a libérée de tout ce que j’avais appris à l’école. Je me suis rendu compte que travailler comme ça avec les acteurs, sur base de ce que j’avais écrit, c’était tout à fait ce que je voulais faire. J’aime cette liberté dans le travail.”

Sûre de sa vocation , elle écrit un premier long métrage que personne ne veut financer (“L’histoire, qui racontait l’adolescence à travers la drogue et le sexe, faisait un peu peur…”). Puis un autre. La rencontre avec David Murgia l’incite à engager les 30.000 € que sa mère lui a laissés pour tourner La tête la première en trois semaines, avec des bénévoles sortis des écoles de cinéma.

L’intrigue existentialiste n’est pas commerciale, elle n’a pas de passé, personne ne la soutient financièrement. Mais Jacques Doillon adore. Ses producteurs, enthousiastes, lui conseillent d’envoyer le film au Festival de Cannes. “Je l’ai fait et, grande surprise, Cannes m’a dit qu’il l’avait énormément aimé !” Il se retrouve en sélection ACID. Comme quoi les contes de Noël peuvent aussi arriver en avril.

Patrick Laurent


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