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"Heureusement, les pouvoirs du président sont limités"
Publié le 20 mai 2012 dans Actu ciné
Nanni Moretti n’a pas fait forte impression en présentant son jury
Il ne s’était pas fait que des amis en déclarant, dès l’annonce de sa présidence du jury cannois, que The Artist était à ses yeux “un film facile”. Et sa cote de popularité n’a manifestement pas grimpé depuis, même s’il a tenté de brosser les médias français dans le sens du poil en vantant un “pays qui a toujours soutenu le cinéma”. L’air sévère, le verbe court, le cynisme palpable, Nanni Moretti s’est fait complètement voler la vedette par Ewan McGregor et Jean-Paul Gaultier lors de première rencontre programmée par la presse.
Quand on se souvient des présidences flamboyantes de Quentin Tarantino ou de Francis Ford Coppola, le changement est assez radical. Lui n’en a cure. Il n’entend pas s’imposer aux autres jurés. “Ce sera un processus très démocratique : je ne suis qu’un des neuf jurés, pas un chef de clan, explique-t-il, la mine toujours aussi renfrognée. L’important, c’est de voir tous les films avec la même attention, le même respect, et de se voir souvent pour ne pas oublier une œuvre qu’on aurait vu un peu trop longtemps auparavant. Heureusement, les pouvoirs du président sont limités.”
Son impact principal tiendrait, à l’en croire, dans le choix d’une méthode de travail. “Je n’ai pas étudié le parcours des autres jurés avant de venir : je les connaissais déjà. Je suis content de me retrouver avec eux. Ce sont des personnes très gaies, de bonne humeur. Cela va faire du bien lors des délibérations. On va se voir régulièrement, tous les deux jours, pour parler des quatre films que nous aurons vus précédemment.”
Dans une interview d’avant-Festival, il n’avait pas fait mystère de ses attentes : pour lui plaire, il faut le surprendre. Enfin, c’est ce qu’il disait. Parce qu’il semble avoir légèrement changé d’avis. “Parole, parole, parole” (là, pas besoin de traduire l’italien) lâche-t-il en soupirant. “On dit tous ça avant un festival. Mais nous allons voir 22 films et nos sensibilités vont être confrontées. Tout le monde ici aime les films qui le surprennent. C’est peut-être ça que j’avais voulu exprimer. Car certains longs métrages, on a l’impression de les avoir déjà vus des centaines de fois.”
Mordant, le réalisateur d’Habemus papam l’est encore un peu plus quand on compare jury et conclave. “Je ne comprends pas cette nouveauté qui consiste à organiser une conférence de presse après la lecture du palmarès. Il y a 15 ans, on avait une obligation de réserve totale. C’étaient les deux derniers tabous : le silence à Cannes et le conclave. Il ne reste plus que le conclave. On se reverra donc dans une dizaine de jours et on dira des choses très diplomatiques, banales. Ou peut-être que non. On verra.”
On pencherait pour la première option, vu son enthousiasme en début de manifestation…
Patrick Laurent
Quand on se souvient des présidences flamboyantes de Quentin Tarantino ou de Francis Ford Coppola, le changement est assez radical. Lui n’en a cure. Il n’entend pas s’imposer aux autres jurés. “Ce sera un processus très démocratique : je ne suis qu’un des neuf jurés, pas un chef de clan, explique-t-il, la mine toujours aussi renfrognée. L’important, c’est de voir tous les films avec la même attention, le même respect, et de se voir souvent pour ne pas oublier une œuvre qu’on aurait vu un peu trop longtemps auparavant. Heureusement, les pouvoirs du président sont limités.”
Son impact principal tiendrait, à l’en croire, dans le choix d’une méthode de travail. “Je n’ai pas étudié le parcours des autres jurés avant de venir : je les connaissais déjà. Je suis content de me retrouver avec eux. Ce sont des personnes très gaies, de bonne humeur. Cela va faire du bien lors des délibérations. On va se voir régulièrement, tous les deux jours, pour parler des quatre films que nous aurons vus précédemment.”
Dans une interview d’avant-Festival, il n’avait pas fait mystère de ses attentes : pour lui plaire, il faut le surprendre. Enfin, c’est ce qu’il disait. Parce qu’il semble avoir légèrement changé d’avis. “Parole, parole, parole” (là, pas besoin de traduire l’italien) lâche-t-il en soupirant. “On dit tous ça avant un festival. Mais nous allons voir 22 films et nos sensibilités vont être confrontées. Tout le monde ici aime les films qui le surprennent. C’est peut-être ça que j’avais voulu exprimer. Car certains longs métrages, on a l’impression de les avoir déjà vus des centaines de fois.”
Mordant, le réalisateur d’Habemus papam l’est encore un peu plus quand on compare jury et conclave. “Je ne comprends pas cette nouveauté qui consiste à organiser une conférence de presse après la lecture du palmarès. Il y a 15 ans, on avait une obligation de réserve totale. C’étaient les deux derniers tabous : le silence à Cannes et le conclave. Il ne reste plus que le conclave. On se reverra donc dans une dizaine de jours et on dira des choses très diplomatiques, banales. Ou peut-être que non. On verra.”
On pencherait pour la première option, vu son enthousiasme en début de manifestation…
Patrick Laurent