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“Elle est plus que nue” : Entretien avec Jacques Audiard
Publié le 16 mai 2012 dans Actu ciné
Pour le réalisateur de "De rouille et d'os", le personnage de Marion Cotillard possède une dimension éminemment érotique
Après avoir offert son premier rôle à Tahar Rahim dans Un prophète, Jacques Audiard va de nouveau passer pour un incroyable découvreur de talent avec De rouille et d’os. Grâce à lui, Matthias Schoenaerts va accéder à une notoriété que Rundskop ne lui avait pas vraiment apporté hors de nos frontières. Mais le sexagénaire (eh oui, depuis le 30 avril) sympa, à l’humour légèrement caustique, refuse, pour une fois, de porter le chapeau.
“Son personnage était plus dur, frustre, à l’écriture. Plus animal. Mais cela pose question : cela devient un bœuf, et qu’est-ce qu’elle va lui trouver ? Je pensais, face à Marion, prendre un non-acteur. On a fait beaucoup de salles de boxe pour le trouver. Puis, j’ai vu Bullhead (Rundskop, NdlR)… Matthias, je ne le considère donc pas comme un nouveau venu. C’est un comédien très aguerri, un pur acteur qui a une grande pratique du théâtre, qui est très polyvalent Je n’avais pas du tout le sentiment de diriger un nouveau venu. J’adore Matthias. C’est un putain de chouette acteur, bien, beau, il peut tout faire. Il a une grande adresse physique et une finesse intellectuelle…"
Quel a été votre point de départ ?
“On est parti des nouvelles de Craig Davidson. Un ado rêve de devenir boxeur et nous, on en a fait un homme qui fait des combats clandestins pour gagner sa vie. Pour lui, c’est fun. Il considère que c’est bien de prendre des coups et d’en donner. Elle, c’est un accident. L’intérêt, c’est l’évolution des personnages à travers le film. Quelle princesse arrogante serait-elle restée si elle n’avait pas perdu ses jambes ? Elle aurait peut-être perdu cette chose importante qu’est l’amour, et la possibilité de s’abandonner.”
Le handicap est un thème qui revient parfois dans vos films…
“Quand j’ai eu l’idée de Sur mes lèvres, il n’y avait pas de dimension initialement érotique. Alors que quand je pense à couper les jambes d’une comédienne, il y a une dimension complètement érotique. Je ne vois que ça !”
En parlant d’érotisme, vous avez tout de suite pensé à couper les jambes ?
“Bien sûr ! Dès que je pense à ça, je coupe les jambes (rire). Dans les nouvelles, c’est un jeune homme qui perd une jambe. Son problème, c’est de se demander s’il a perdu sa virilité avec sa jambe. Si je coupe une jambe à Marion Cotillard, cela ne dit pas grand-chose. Si je lui coupe les deux jambes, cela a tout de suite une dimension sexuelle. Immédiatement. Je ne suis pas le seul à l’éprouver, quand même… Au préalable de l’amour, il y a du dénuement. Il faut qu’on soit nu. Elle, elle est plus que nue. Ce qu’elle a à montrer, c’est une plus que nudité. Et c’est éminemment érotique. C’est quelque chose que j’ai toujours perçu chez Marion, une femme très désirable.”
Et Matthias Schoenaerts, comment le voyez-vous ?
“La féminité du personnage de Stéphanie ne pouvait exister que si elle avait du répondant. Lui, il n’a pas à faire d’effort : il est là, cela suffit. J’aime bien la scène où il l’amène sur les toilettes. Elle est gênée et lui, il la regarde et trouve ça chouette (rire).
Patrick Laurent
“Son personnage était plus dur, frustre, à l’écriture. Plus animal. Mais cela pose question : cela devient un bœuf, et qu’est-ce qu’elle va lui trouver ? Je pensais, face à Marion, prendre un non-acteur. On a fait beaucoup de salles de boxe pour le trouver. Puis, j’ai vu Bullhead (Rundskop, NdlR)… Matthias, je ne le considère donc pas comme un nouveau venu. C’est un comédien très aguerri, un pur acteur qui a une grande pratique du théâtre, qui est très polyvalent Je n’avais pas du tout le sentiment de diriger un nouveau venu. J’adore Matthias. C’est un putain de chouette acteur, bien, beau, il peut tout faire. Il a une grande adresse physique et une finesse intellectuelle…"
Quel a été votre point de départ ?
“On est parti des nouvelles de Craig Davidson. Un ado rêve de devenir boxeur et nous, on en a fait un homme qui fait des combats clandestins pour gagner sa vie. Pour lui, c’est fun. Il considère que c’est bien de prendre des coups et d’en donner. Elle, c’est un accident. L’intérêt, c’est l’évolution des personnages à travers le film. Quelle princesse arrogante serait-elle restée si elle n’avait pas perdu ses jambes ? Elle aurait peut-être perdu cette chose importante qu’est l’amour, et la possibilité de s’abandonner.”
Le handicap est un thème qui revient parfois dans vos films…
“Quand j’ai eu l’idée de Sur mes lèvres, il n’y avait pas de dimension initialement érotique. Alors que quand je pense à couper les jambes d’une comédienne, il y a une dimension complètement érotique. Je ne vois que ça !”
En parlant d’érotisme, vous avez tout de suite pensé à couper les jambes ?
“Bien sûr ! Dès que je pense à ça, je coupe les jambes (rire). Dans les nouvelles, c’est un jeune homme qui perd une jambe. Son problème, c’est de se demander s’il a perdu sa virilité avec sa jambe. Si je coupe une jambe à Marion Cotillard, cela ne dit pas grand-chose. Si je lui coupe les deux jambes, cela a tout de suite une dimension sexuelle. Immédiatement. Je ne suis pas le seul à l’éprouver, quand même… Au préalable de l’amour, il y a du dénuement. Il faut qu’on soit nu. Elle, elle est plus que nue. Ce qu’elle a à montrer, c’est une plus que nudité. Et c’est éminemment érotique. C’est quelque chose que j’ai toujours perçu chez Marion, une femme très désirable.”
Et Matthias Schoenaerts, comment le voyez-vous ?
“La féminité du personnage de Stéphanie ne pouvait exister que si elle avait du répondant. Lui, il n’a pas à faire d’effort : il est là, cela suffit. J’aime bien la scène où il l’amène sur les toilettes. Elle est gênée et lui, il la regarde et trouve ça chouette (rire).
Patrick Laurent
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