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Agnieszka Holland tourne à Prague un film sur Jan Palach
Publié le 29 février 2012 dans Actu ciné
Partie de son expérience personnelle d'étudiante à Prague dans les années 1960, la cinéaste polonaise Agnieszka Holland
commence à tourner une mini-série en trois volets.
"A l'époque, je m'engageais beaucoup dans le mouvement estudiantin à Prague et je me suis même retrouvée en prison", raconte dans un tchèque parfait Mme Holland, alors étudiante à l'école supérieure de cinéma pragoise (FAMU). "Ces événements m'ont marquée profondément et ont eu une grande influence sur ma vision du monde", souligne la réalisatrice dont le film "In Darkness" était nominé aux Oscars 2012.
Jan Palach, un étudiant en philosophie âgé de 20 ans, fils de pâtissier et de vendeuse au village de Vsetaty près de Prague, s'était aspergé d'essence avant d'y mettre le feu en plein centre de Prague, le 16 janvier 1969. Par son acte, il voulait secouer les Tchèques et les Slovaques en proie à la résignation, après l'écrasement dans le sang par les chars soviétiques en août 1968 du "Printemps de Prague", large mouvement visant à instaurer un "socialisme à visage humain" débarrassé des dogmes staliniens.
Palach est mort trois jours plus tard, dans d'atroces douleurs, des suites de graves brûlures sur 85% de son corps. Son sacrifice a été imité par l'étudiant Jan Zajic le 25 février 1969 et l'ouvrier Evzen Plocek le 4 avril 1969.
"Plusieurs personnes de ma génération en Slovaquie m'ont posé la même question: c'est qui, Palach? J'étais épouvantée", s'indigne la jeune comédienne slovaque Tatiana Pauhofova, choisie pour incarner le rôle clé d'une avocate se battant contre une tentative de salir la mémoire de l'étudiant mort. "J'ai appris qu'en février 1969, le député communiste Vilem Novy avait publié une théorie absurde selon laquelle Palach agissait pour le compte des services secrets occidentaux", raconte Stepan Hulik, le scénariste du "Buisson ardent" âgé de 28 ans. Selon la théorie de Novy, Jan Palach croyait avoir recours à une substance anodine provoquant un "feu froid" qui ne devait lui causer aucun mal, mais ses collaborateurs l'avaient à son insu remplacée par de l'essence pour provoquer sa mort et fomenter une "hystérie anti-soviétique".
Ce mensonge était régulièrement répété par la presse de l'ex-Tchécoslovaquie, jusqu'à la chute du communisme en 1989. "La mère de Palach a porté plainte contre Novy et cherchait un avocat qui défendrait sa cause, contre le régime totalitaire. Le héros principal de ce film est donc la jeune avocate courageuse, Dagmar Buresova, devenue plus tard ministre de la Justice après 1989", raconte M. Hulik, un historien du cinéma. "Le personnage de Jan Palach n'apparaîtra que deux fois dans le film: au début, il y a la scène de l'immolation et puis on le verra défiguré par le feu", précise Mme Holland.
Le tournage du film, produit par la chaîne de télévision HBO, doit démarrer le 1er mars et durer deux mois et demi. Sa sortie est prévue en 2013.
"Je me sens ému par le geste de Jan Palach, acte d'un amour non égoïste, et à la fois terrifié par ce qu'il a fait. Cette tension entre les deux pôles m'intéresse beaucoup", dit Stepan Hulik. Pour le jeune auteur du scénario, l'histoire de Jan Palach n'est pas uniquement liée au passé mais constitue aussi un "sujet d'actualité, soulevant la question de savoir comment il faut s'engager aujourd'hui".
"Ce film est un défi. Comme si le destin venait frapper à ma porte pour m'inviter à retourner à ce qui était important pour moi", dit Mme Holland qui se félicite du jeune âge de ses collaborateurs. "Ma génération est marquée par les années du communisme, par la soumission à l'Union soviétique. Mais les jeunes sont libérés de ce ressentiment et peuvent chercher dans l'histoire la vérité sur leur propre identité", souligne-t-elle.
Jan Palach, un étudiant en philosophie âgé de 20 ans, fils de pâtissier et de vendeuse au village de Vsetaty près de Prague, s'était aspergé d'essence avant d'y mettre le feu en plein centre de Prague, le 16 janvier 1969. Par son acte, il voulait secouer les Tchèques et les Slovaques en proie à la résignation, après l'écrasement dans le sang par les chars soviétiques en août 1968 du "Printemps de Prague", large mouvement visant à instaurer un "socialisme à visage humain" débarrassé des dogmes staliniens.
Palach est mort trois jours plus tard, dans d'atroces douleurs, des suites de graves brûlures sur 85% de son corps. Son sacrifice a été imité par l'étudiant Jan Zajic le 25 février 1969 et l'ouvrier Evzen Plocek le 4 avril 1969.
"Plusieurs personnes de ma génération en Slovaquie m'ont posé la même question: c'est qui, Palach? J'étais épouvantée", s'indigne la jeune comédienne slovaque Tatiana Pauhofova, choisie pour incarner le rôle clé d'une avocate se battant contre une tentative de salir la mémoire de l'étudiant mort. "J'ai appris qu'en février 1969, le député communiste Vilem Novy avait publié une théorie absurde selon laquelle Palach agissait pour le compte des services secrets occidentaux", raconte Stepan Hulik, le scénariste du "Buisson ardent" âgé de 28 ans. Selon la théorie de Novy, Jan Palach croyait avoir recours à une substance anodine provoquant un "feu froid" qui ne devait lui causer aucun mal, mais ses collaborateurs l'avaient à son insu remplacée par de l'essence pour provoquer sa mort et fomenter une "hystérie anti-soviétique".
Ce mensonge était régulièrement répété par la presse de l'ex-Tchécoslovaquie, jusqu'à la chute du communisme en 1989. "La mère de Palach a porté plainte contre Novy et cherchait un avocat qui défendrait sa cause, contre le régime totalitaire. Le héros principal de ce film est donc la jeune avocate courageuse, Dagmar Buresova, devenue plus tard ministre de la Justice après 1989", raconte M. Hulik, un historien du cinéma. "Le personnage de Jan Palach n'apparaîtra que deux fois dans le film: au début, il y a la scène de l'immolation et puis on le verra défiguré par le feu", précise Mme Holland.
Le tournage du film, produit par la chaîne de télévision HBO, doit démarrer le 1er mars et durer deux mois et demi. Sa sortie est prévue en 2013.
"Je me sens ému par le geste de Jan Palach, acte d'un amour non égoïste, et à la fois terrifié par ce qu'il a fait. Cette tension entre les deux pôles m'intéresse beaucoup", dit Stepan Hulik. Pour le jeune auteur du scénario, l'histoire de Jan Palach n'est pas uniquement liée au passé mais constitue aussi un "sujet d'actualité, soulevant la question de savoir comment il faut s'engager aujourd'hui".
"Ce film est un défi. Comme si le destin venait frapper à ma porte pour m'inviter à retourner à ce qui était important pour moi", dit Mme Holland qui se félicite du jeune âge de ses collaborateurs. "Ma génération est marquée par les années du communisme, par la soumission à l'Union soviétique. Mais les jeunes sont libérés de ce ressentiment et peuvent chercher dans l'histoire la vérité sur leur propre identité", souligne-t-elle.