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“Prendre de l’âge, c’est bien” : entretien avec Clint Eastwood
Publié le 11 janvier 2012 dans Actu ciné
A l'occasion de la sortie de "J. Edgar", Clint Eastwood jette un regard tendre sur la vieillesse, même si elle
pousse certaines personnes à s’accrocher trop longtemps à leur poste...
Aux États-Unis, certaines rumeurs prétendent que Clint Eastwood a subi des pressions du FBI pour ne pas dépeindre trop durement le fondateur du bureau, J. Edgar Hoover. Ce qui possède le don de l’énerver. “J’ai un grand respect pour le FBI. Je sais que certaines rumeurs ont couru selon lesquelles le FBI n’était pas content de l’histoire ou de certaines scènes. Mais c’est faux. Il était extrêmement enthousiaste à l’idée qu’on fasse ce film, même si personne n’y avait lu le script.”
À 81 ans, Clint Eastwood aurait pu s’attaquer à tout ce qui l’irrite dans la jeunesse, l’éducation ou la société contemporaine. Au lieu de cela, même s’il se montre étonnamment lisse sur les aspects les plus polémiques de la vie de Hoover, c’est à une vénérable institution qu’il s’attaque.
“Avec le vieux, on entre dans le domaine du pouvoir absolu, et le pouvoir absolu corrompt. Il y a donc forcément des éléments de corruption lorsqu’une personne reste pendant 48 ans à la tête du FBI. Comme c’est lui qui l’a créé et qu’il jouissait de la confiance de ses cadres, personne n’aurait pu le déboulonner. C’est cette approche-là que nous avons voulu privilégier. Il y a tant de parallèles avec la société actuelle, que ce soit concernant la tête d’un studio ou d’une organisation, d’un grand journal, d’une entreprise gigantesque, avec des personnes qui restent trop longtemps et, parfois, surestiment leur utilité.”
Une réflexion qui débouche, fatalement, sur l’âge de la retraite. Celui-là même que ce bon vieux Clint ne connaît pas. “Prendre de l’âge, jusqu’à maintenant, ne m’a posé aucun problème. C’était même plutôt une bonne chose. Beaucoup de personnes ont des regrets parce que nous vivons dans une société qui vénère la jeunesse. Moi, je pense qu’on a plusieurs apogées, à différents moments. Et l’une d’elles, c’est maintenant. Je pense mieux réaliser certaines choses maintenant qu’avant, mais aussi ne plus être aussi bon pour d’autres. Je crois que le fait de rester occupé est un élément essentiel. Je lis qu’en Europe, on parle de reculer l’âge de la retraite à 67 ans. Mais quand on a commencé à créer les fonds de retraite, les gens vivaient en moyenne entre 60 et 70 ans. Aujourd’hui, c’est 80. Oh, je crois que je l’ai passé… (rire) Mais vous vous gardez en forme, notamment mentalement. Et si vous restez mentalement en forme, il y a de grandes chances que le physique suive.”
Il parle en connaissance de cause. En plus de réaliser un long métrage par an (“J’essaie toujours que la première prise soit la bonne. C’était le truc favori de Don Siegel. Il disait : je n’y arriverai peut-être pas, mais je tente d’y arriver ”), il a donné son accord pour devenir le partenaire d’Amy Adams dans Trouble with the curve, le film sur le base-ball que Robert Lorenz compte réaliser pour 2013.
Un événement : depuis Gran Torino en 2008, Clint Eastwood n’avait plus joué la comédie. Même dans ses propres films.
“Je pourrais dire beaucoup de choses à ce sujet. Notamment à propos de l’ennui. Mais en fait, tout dépend de ce qu’on propose. Pendant des années, j’ai cherché à passer derrière la caméra. Dans les années 70, quand j’ai réalisé mon premier film, je me suis dit que je pourrais un jour ne plus faire que ça. Mais je n’ai jamais été capable d’arrêter de passer devant la caméra parce qu’on me proposait des rôles. Dès qu’il est question d’un vieil homme acariâtre, les réalisateurs se disent : Allons proposer ça à Eastwood ! La plupart des acteurs seront d’accord avec moi : chaque fois qu’on vous présente un script, soit vous le trouvez super mais pour quelqu’un d’autre, soit vous trouvez que vous conviendriez parfaitement. Il faut donc juste faire cette évaluation et sentir si vous êtes d’humeur pour tourner ce film.”
D’évidence, il l’est à nouveau. Et personne ne s’en plaindra.
Patrick Laurent
À 81 ans, Clint Eastwood aurait pu s’attaquer à tout ce qui l’irrite dans la jeunesse, l’éducation ou la société contemporaine. Au lieu de cela, même s’il se montre étonnamment lisse sur les aspects les plus polémiques de la vie de Hoover, c’est à une vénérable institution qu’il s’attaque.
“Avec le vieux, on entre dans le domaine du pouvoir absolu, et le pouvoir absolu corrompt. Il y a donc forcément des éléments de corruption lorsqu’une personne reste pendant 48 ans à la tête du FBI. Comme c’est lui qui l’a créé et qu’il jouissait de la confiance de ses cadres, personne n’aurait pu le déboulonner. C’est cette approche-là que nous avons voulu privilégier. Il y a tant de parallèles avec la société actuelle, que ce soit concernant la tête d’un studio ou d’une organisation, d’un grand journal, d’une entreprise gigantesque, avec des personnes qui restent trop longtemps et, parfois, surestiment leur utilité.”
Une réflexion qui débouche, fatalement, sur l’âge de la retraite. Celui-là même que ce bon vieux Clint ne connaît pas. “Prendre de l’âge, jusqu’à maintenant, ne m’a posé aucun problème. C’était même plutôt une bonne chose. Beaucoup de personnes ont des regrets parce que nous vivons dans une société qui vénère la jeunesse. Moi, je pense qu’on a plusieurs apogées, à différents moments. Et l’une d’elles, c’est maintenant. Je pense mieux réaliser certaines choses maintenant qu’avant, mais aussi ne plus être aussi bon pour d’autres. Je crois que le fait de rester occupé est un élément essentiel. Je lis qu’en Europe, on parle de reculer l’âge de la retraite à 67 ans. Mais quand on a commencé à créer les fonds de retraite, les gens vivaient en moyenne entre 60 et 70 ans. Aujourd’hui, c’est 80. Oh, je crois que je l’ai passé… (rire) Mais vous vous gardez en forme, notamment mentalement. Et si vous restez mentalement en forme, il y a de grandes chances que le physique suive.”
Il parle en connaissance de cause. En plus de réaliser un long métrage par an (“J’essaie toujours que la première prise soit la bonne. C’était le truc favori de Don Siegel. Il disait : je n’y arriverai peut-être pas, mais je tente d’y arriver ”), il a donné son accord pour devenir le partenaire d’Amy Adams dans Trouble with the curve, le film sur le base-ball que Robert Lorenz compte réaliser pour 2013.
Un événement : depuis Gran Torino en 2008, Clint Eastwood n’avait plus joué la comédie. Même dans ses propres films.
“Je pourrais dire beaucoup de choses à ce sujet. Notamment à propos de l’ennui. Mais en fait, tout dépend de ce qu’on propose. Pendant des années, j’ai cherché à passer derrière la caméra. Dans les années 70, quand j’ai réalisé mon premier film, je me suis dit que je pourrais un jour ne plus faire que ça. Mais je n’ai jamais été capable d’arrêter de passer devant la caméra parce qu’on me proposait des rôles. Dès qu’il est question d’un vieil homme acariâtre, les réalisateurs se disent : Allons proposer ça à Eastwood ! La plupart des acteurs seront d’accord avec moi : chaque fois qu’on vous présente un script, soit vous le trouvez super mais pour quelqu’un d’autre, soit vous trouvez que vous conviendriez parfaitement. Il faut donc juste faire cette évaluation et sentir si vous êtes d’humeur pour tourner ce film.”
D’évidence, il l’est à nouveau. Et personne ne s’en plaindra.
Patrick Laurent