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Audrey Tautou, l’embrouille et la délicatesse : entretien

Publié le 21 décembre 2011 dans Actu ciné

Audrey Tautou avec François Damiens dans le film des frères Foenkinos, "La Délicatesse"
Audrey Tautou tourne peu, choisit méticuleusement ses films et surtout elle s’y donne à fond, depuis la préparation du rôle jusqu’à la sortie du film. Chemisier noir avec un grand nœud sur la poitrine, jupe blanche à pois noirs, délicieuse pointe d’accent du Midi sur le bout lèvres. C’est avec délicatesse et enthousiasme qu’elle parle de son partenaire, François Damiens, dans le film des frères Foenkinos d’après le best-seller de David.

Cela devient une habitude de vous voir en Belgique en décembre.
Je ne sais pas si elle est bonne. L’an dernier, c’était pour "De vrais mensonges". Le mercredi de sa sortie et les jours qui ont suivi, la Belgique et la France furent bloqués par la neige. Forcément, ce fut catastrophique pour le film, personne ne pouvait se rendre dans les salles, le bouche à oreille n’a pas pu se mettre en route.

C’est douloureux de se dire qu’un film est un échec pour des raisons indépendantes de ses qualités ?
C’est violent mais c’est un cas exceptionnel. De mémoire de distributeurs, on n’avait jamais vu cela. Oh mon dieu, qu’est-ce qu’on était triste ! Maintenant, je vis avec un peu d’appréhension la sortie de celui-ci. Vous savez, chaque réalisateur, chaque producteur suit avec fébrilité la météo qui accompagnera la sortie de son film. Au moment des beaux jours, il ne faut pas un soleil radieux, sinon les gens restent en terrasse. En automne, un déluge de pluie peut empêcher les gens de sortir. Et en hiver...

Vous connaissiez “La Délicatesse” de David Foenkinos.
Je n’avais pas lu le livre. J’ai réagi au scénario de façon singulière, j’avais le sentiment que cette histoire ne tenait qu’à un fil. Je trouvais le scénario intelligent, simple, plein de fantaisie, qu’il traitait avec beaucoup de légèreté, sur un ton inattendu, un sujet qui ne l’était pas. C’est l’histoire d’une renaissance, d’une femme qui n’est pas prête à croire à nouveau dans la vie, dans l’amour, pas prête à ouvrir son cœur. Ce n’était pas une comédie, pas un drame, mais il y avait un charme. Un film qui suggère plutôt qu’il impose. Il est fait d’une multitude de petits détails qui ont été choisis, décidés, réfléchis, mais qui peuvent rester invisibles à certains yeux.

François Damiens, vous le connaissiez ?
Oui. Pas personnellement mais je connaissais son travail, quand il fait l’embrouille et quand il fait du cinéma et j’adorais les deux. Sa présence m’a encouragée à faire le film. Parce que dans ses films, il propose beaucoup d’approches différentes. Et il a beaucoup de sensibilité, de gentillesse, une forme de timidité, Et il est très drôle aussi.

La maladresse, la gaucherie, la calvitie ont-elles du charme ?
C’est surtout quelqu’un de vrai. Ce n’est pas un séducteur, un manipulateur. Mon personnage a besoin de vérité. Elle lui dit d’ailleurs : "Vous savez ce qu’il y a de rassurant chez vous, ce que j’aime, c’est que vous avez tous les jours la même tête". Elle ressent aussi qu’il n’est pas dangereux, qu’il n’est pas retors. C’est ce qui fait sa singularité, son charme.

Le vôtre s’appuie notamment sur trois coiffures, un héritage de votre rôle de coiffeuse dans le film de Salvadori ?
Non, non. Ça ne m’a même pas traversé l’esprit. En revanche, dans "De vrais mensonges", j’étais sur un registre très maîtrisé, presque burlesque, très précis dans les ruptures, dans le rythme, une partition très contrôlée. Pour "La Délicatesse", j’ai eu envie d’être dans quelque chose de beaucoup plus naturaliste, plus spontané, moins rigoureux par rapport au texte. J’avais envie de m’accaparer le personnage quitte à adapter le dialogue, j’avais envie qu’elle soit presque moi.


Fernand Denis

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