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“Le pouvoir est violent, cynique”
Publié le 3 novembre 2011 dans Actu ciné
Olivier Gourmet défend avec conviction sa vision de l’exercice de l’État.
Avec ses épaules de déménageur et ses lunettes de premier de classe, la
force de ses prestations à l’écran et son sourire avenant à la ville, Olivier Gourmet
impressionne toujours au premier abord, avant de se montrer hypersympa.
En termes culinaires, il correspondrait à l’improbable recette mêlant
le plat revigorant du terroir aux assaisonnements aigres-doux. Bizarre,
mais toujours intéressant. Même lorsqu’on ne partage pas ses goûts,
comme pour L’exercice de l’État.
“C’est un des meilleurs scénarios que j’aie jamais reçus. Il est plein de surprises, précis, concis, très travaillé. C’est rare. Cela en dit long sur l’exercice de l’État, qui a le pouvoir, comment on l’exerce, quels sont les obstacles tout en abordant l’âme humaine. C’est important pour moi de partir d’une sincérité humaine, sociale. Tout ça est rassemblé sur un personnage plein d’humeurs, de couleurs. Un rôle magnifique qui m’a marqué, comme celui du Fils, était plus dans une teinte. Ici, il y avait une explosion de vie.”
La 2e moitié du film tient quand même du portrait au bulldozer : seule l’ambition compte encore…
“Ce n’était pas du tout notre volonté. Il ne devient pas que de l’ambition. Au départ, il est intègre, honnête, il veut aider, être au service de l’État, mais aussi une ambition personnelle. L’un ne va pas sans l’autre, je pense. Cela ne le bouffe pas complètement. Au contraire, pour moi, il est plus sensible, plus sage, plus lourd après l’accident. Il dit d’ailleurs à sa femme : Si tu me connaissais, tu ne m’aimerais pas. À mes yeux, il revient vers l’essentiel.”
Il renie quand même sa parole…
“Oui, mais pourquoi ? Il transige ou part la tête haute. Il vaut peut-être mieux rester pour encore résister à un certain nombre de choses et encore marquer de son empreinte le gouvernement. Maintenant, cela peut aussi être par ambition personnelle. Mais le film ne dénonce pas que cet homme politique dévoré par l’ambition. L’exercice de l’État est cinglant. Il ne permet pas l’affectif. On ne s’oppose pas au président pour sauver un ami. L’affect ne compte pas. Et je trouve ça plutôt juste, sinon on a un gouvernement entre amis où il n’y a plus de regard objectif. Dans tous les gouvernements, c’est comme ça : si vous n’êtes pas d’accord avec la ligne du parti, vous êtes viré. Que vous ayez été copains comme cochons ou pas. Ce n’est pas que de l’ambition : c’est comme ça que s’exerce le pouvoir. Avec violence, cynisme. C’est terrible. Pour moi, c’est donc plus complexe que des ambitions personnelles.”
Cela n’améliore pas l’image des hommes politiques…
“Ce n’est pas ma vision. Souvent, on me dit que c’est une réhabilitation de l’homme politique. Il revient sur ses idées parce qu’il pense que c’est mieux pour l’État et pour garder son poste. C’est de l’ambition ou de la stratégie ? Au moins, cela ouvre le débat. Ce film est fait pour ça : il laisse la porte ouverte à beaucoup d’interprétations.”
Patrick Laurent
“C’est un des meilleurs scénarios que j’aie jamais reçus. Il est plein de surprises, précis, concis, très travaillé. C’est rare. Cela en dit long sur l’exercice de l’État, qui a le pouvoir, comment on l’exerce, quels sont les obstacles tout en abordant l’âme humaine. C’est important pour moi de partir d’une sincérité humaine, sociale. Tout ça est rassemblé sur un personnage plein d’humeurs, de couleurs. Un rôle magnifique qui m’a marqué, comme celui du Fils, était plus dans une teinte. Ici, il y avait une explosion de vie.”
La 2e moitié du film tient quand même du portrait au bulldozer : seule l’ambition compte encore…
“Ce n’était pas du tout notre volonté. Il ne devient pas que de l’ambition. Au départ, il est intègre, honnête, il veut aider, être au service de l’État, mais aussi une ambition personnelle. L’un ne va pas sans l’autre, je pense. Cela ne le bouffe pas complètement. Au contraire, pour moi, il est plus sensible, plus sage, plus lourd après l’accident. Il dit d’ailleurs à sa femme : Si tu me connaissais, tu ne m’aimerais pas. À mes yeux, il revient vers l’essentiel.”
Il renie quand même sa parole…
“Oui, mais pourquoi ? Il transige ou part la tête haute. Il vaut peut-être mieux rester pour encore résister à un certain nombre de choses et encore marquer de son empreinte le gouvernement. Maintenant, cela peut aussi être par ambition personnelle. Mais le film ne dénonce pas que cet homme politique dévoré par l’ambition. L’exercice de l’État est cinglant. Il ne permet pas l’affectif. On ne s’oppose pas au président pour sauver un ami. L’affect ne compte pas. Et je trouve ça plutôt juste, sinon on a un gouvernement entre amis où il n’y a plus de regard objectif. Dans tous les gouvernements, c’est comme ça : si vous n’êtes pas d’accord avec la ligne du parti, vous êtes viré. Que vous ayez été copains comme cochons ou pas. Ce n’est pas que de l’ambition : c’est comme ça que s’exerce le pouvoir. Avec violence, cynisme. C’est terrible. Pour moi, c’est donc plus complexe que des ambitions personnelles.”
Cela n’améliore pas l’image des hommes politiques…
“Ce n’est pas ma vision. Souvent, on me dit que c’est une réhabilitation de l’homme politique. Il revient sur ses idées parce qu’il pense que c’est mieux pour l’État et pour garder son poste. C’est de l’ambition ou de la stratégie ? Au moins, cela ouvre le débat. Ce film est fait pour ça : il laisse la porte ouverte à beaucoup d’interprétations.”
Patrick Laurent