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Rowan Atkinson et Gillian Anderson nous parlent de Johnny English
Publié le 13 octobre 2011 dans Actu ciné
L’acteur de 56 ans ressuscite l’espion gaffeur Johnny English, mais
enterre la légende Mister Bean. Gillian Anderson incarne elle le chef du MI-7, son 1er rôle d’agent depuis Scully.
Costume, cravate ajustée, thé citron dans la tasse en porcelaine, air grave. Rowan Atkinson, au moment de son entrée dans la chambre 205 du Claridge de Londres, n’est pas exactement conforme à l’image que l’inconscient collectif s’est façonnée de lui. À savoir celle d’un (génial) gugusse grimaçant, jamais à l’abri d’allumer la mèche d’une catastrophe zygomatico-nucléaire. Même si, de temps en temps, Bean remonte à la surface, que ses soucils hirsutes se mettent à avoir la bougeotte et que son nez et ses lèvres semblent vouloir s’envoyer des signes contradictoires.
L’homme n’est pas vraiment farce, à dire vrai. Il est, en revanche, fin, d’une intelligence hors norme et d’une clairvoyance absolue sur son métier. La plus belle qualité de Rowan Atkinson, c’est probablement de ne pas se prendre pour ce qu’il est : l’un des derniers géants comiques du monde, le Charlie Chaplin des (autres) temps modernes. Il n’a même plus besoin de le prouver : Blackadder , mais surtout Mr Bean, parle pour lui. Et, en quelque sorte, Johnny English, le pire espion de toute l’histoire du septième art, qui fait son retour aujourd’hui dans les salles, aussi...
Pour tout le monde, vous êtes et resterez à jamais Mr Bean…
(Il coupe) “Right.”
…les gens pensent d’ailleurs parfois que c’est véritablement votre nom…
“(Il recoupe) Right, right…”
…dans ce contexte, ça doit être extrêmement difficile pour vous de faire autre chose… Au fond, Johnny English, c’est Mr Bean qui parle, en smoking, dans une Rolls, et avec des gadgets. Non ?
“Johnny English est, pour moi, un personnage très différent de Mr Bean. Bien sûr, il partage avec lui quelques traditions. Mais c’est parce qu’il s’agit, dans les deux cas, de comédies familiales grand public. Puis, je pense que Johnny English est un type plus recommandable que Mr Bean. Je dînerais volontiers avec Johnny English, en dépit de son arrogance. Avec Mr Bean, qui n’est jamais qu’un enfant très égoïste ? Non, merci. Maintenant, je n’ai aucun problème à sortir du carcan de Bean.”
N’empêche qu’un rôle de serial killer, ou de grande figure historique, ce sera très compliqué…
“Si je voulais m’inscrire dans des rôles plus sérieux, ce qui n’est pas particulièrement le cas, il ne faut pas se mentir : Mr Bean serait une grosse valise que j’aurais à traîner derrière moi. Le problème n’est pas tant ce que moi je désire faire. C’est ce que le public attend que je fasse. Et le public est le seul dont les états d’âme comptent réellement.”
Votre réalisateur sur Johnny English, Oliver Parker, vient de nous confier que “marcher dans la rue avec Rowan, c’est comme marcher avec un des Beatles”. En réalité, comment les gens vous interpellent, au quotidien ?
“Déjà, merci à lui. Je ne suis pas entièrement d’accord, d’autant que je chante infiniment moins bien que les Beatles… On m’interpelle plus par Hey, Mr Bean que par Bonjour Monsieur Atkinson, comment allez-vous ? Mais je n’ai pas de problème avec ça. Surtout lorsque ça vient des enfants. Quand un adulte pense qu’il y a réellement écrit Mr Bean sur mon passeport et qu’il me demande de lui faire un gag, j’ai la faiblesse d’être un peu moins diligent… Même si, au fond, c’est une victoire : cela signifie que je suis parvenu, dans un pays où c’est loin d’être simple, à garder ma vie privée… privée.”
Vous n’êtes effectivement pas très pipole…
“Dieu merci. J’ai toujours voulu être considéré comme un acteur, pas comme une personnalité.”
Certains l’ignorent, mais vous êtes un véritable fondu de vitesse. Une passion qui vous a joué des tours à de multiples reprises, y compris le 4 août dernier, lorsque vous encastrez votre MacLaren F1 dans un arbre.
“Je plaide mille fois coupable. Je suis un miraculé. Et j’insiste, avec assiduité, pour déconseiller à vos lecteurs d’être aussi imprudents que moi. Si possible, passionnez-vous pour des trucs qui vont moins vite ! Mais l’homme est fascinant parce qu’il est imparfait. Et l’une de mes fascinantes imperfections, c’est que j’aime la vitesse, et que je suis complètement amoureux des voitures de course. C’est probablement le seul trait d’union crédible entre moi et James Bond. Mais là, je vais me calmer, j’ai compris la leçon… J’ai 56 ans, il est temps.”
Votre âge justement. Vous l’avez pris comme argument majeur pour annoncer, début septembre dernier, que vous n’interpréterez plus jamais Bean. Confirmé ?
“Je confirme. Vous l’avez vu dans Johnny English 2, et vous le voyez maintenant : mes cheveux grisonnent, j’ai mal à l’épaule et mon dos craque. Je refuse d’être le vieux mec qui fait rire les enfants, et qui cherche à dissimuler le fait que le temps passe. On dit parfois qu’un comique qui vieillit ne peut faire rire que de son âge. Ce n’est pas totalement faux. Après, il ne faut jamais dire jamais, mais c’est très certainement terminé…”
Vos 56 ans ne vous empêchent pas de faire vous-même quelques cascades du film…
“Je fais… tout ce que je peux, et tout ce que les assurances m’autorisent à faire. Puis, je connais mes limites. Je ne suis ni un superhéros, ni quelqu’un de très athlétique… En revanche, même si la raison m’échappe un peu, je suis plutôt souple…”
Certaines critiques, pour ce qui est de vos films, sont très dures. Cela vous affecte-t-il ?
“Je suppose que vous ne me croirez pas, mais je ne lis pas les critiques. Jamais. Ce qui ne m’empêche pas de savoir qu’elles sont mauvaises, et qu’elles vont être encore plus ravageuses en Grande-Bretagne. Cela fait longtemps que j’ai compris que je ne fais pas des films pour les journalistes, mais pour le public. Je ne veux pas dénigrer votre travail, mais, pour moi, l’exercice même de la critique d’une comédie familiale est un non-sens…”
Gillian Anderson : "X-Files 3 ? Possible...”
Il y a au moins une similitude entre Rowan Atkinson et Gillian Anderson. Tous deux, dès lors qu’ils apparaissent à vous, renvoient inévitablement aux personnes qu’ils ont incarnées. Ainsi, lorsqu’on pose nos questions à Gillian Anderson, on dit Gillian, mais en forçant. C’est plutôt le nom de Dana Scully qui nous brûle les lèvres… jusqu’à nous échapper, tout seul, au cœur de l’entretien.
Heureusement, celle qui interprète le rôle de Pegasus, agent en chef du MI-7 dans Johnny English Reborn, ne s’en formalise pas un instant : “vous êtes loin d’être le premier…”.
Comment avez-vous abordé ce rôle ?
“Ce ne fut pas simple, pour moi, de jouer un boss. Tout simplement parce que je ne sens pas, en moi, les qualités d’un bon patron. Donc, être, en plus, le boss du MI-7, et de tous les enjeux qui vont avec, c’était quelque part une pression inhabituelle.”
Dans une comédie, ça doit être, c’est encore plus dur, non ?
“Exact. Ce n’est pas un genre qui m’est très familier, mais heureusement mon personnage n’a pas vraiment à être drôle… Rowan l’est bien assez. Jouer aux côtés d’un tel acteur, quelle que soit l’expérience que vous ayez, c’est inestimable. Ce qui m’a le plus impressionnée chez lui, c’est le sérieux avec lequel il aborde son métier. Il réfléchit à chaque détail, il est très concentré. Puis la caméra tourne, et la bête comique est lâchée. C’est fou.”
Pour beaucoup, vous resterez à jamais Scully.
“C’est la première fois que j’accepte de rejouer un agent, et je l’ai fait uniquement parce qu’on m’a offert la possibilité de le faire de manière très différente. Je ne renie rien de X-Files, une aventure qui a bouleversé ma vie, en bien. Mais je ne cache pas qu’il est parfois frustrant de savoir que certaines personnes ne verront jamais plus loin que Scully, dans l’actrice qui est en moi. Et c’est encore plus vrai aux USA qu’en Europe. Mais je ne crache pas dans la soupe : je dois beaucoup à ce personnage…”
Vous avez choisi, en dépit de votre nationalité américaine et de vos nombreux tournages à Hollywood, de vivre à Londres. Pourquoi ?
“Parce que j’aime l’Europe, et que j’aime cette ville, où j’ai passé mon enfance.”
Comment faites-vous pour échapper aux flashes des paparazzis ?
“Je ne vis pas à Notting Hill, il n’y a rien de compromettant sur mon téléphone, je ne suis pas en couple avec une célébrité, je ne vais pas aux soirées pompeuses, et très rarement aux avant-premières. Puis, très platement, je ne suis pas intéressante ! Aujourd’hui, Gillian Anderson va à la pharmacie avec ses enfants, c’est plutôt un mauvais titre, non ?”
Quid d’un retour de X-Files ?
“Il y a des discussions… Pour être très honnête, je n’ai aucune idée précise de leur état d’avancement… Mais personne n’a jamais fermé définitivement la porte.”
Pour une reprise de la série, ou un film ?
“Un film, bien sûr. La série est close pour de bon, c’est une certitude. D’ailleurs, David (Duchovny, NdlR) est engagé sur une autre série télé, Californication…”
Vous la regardez ?
“Ça m’est arrivé… Je ne suis pas assidue, mais j’avoue que le voir comme ça, c’est assez drôle…”
Alexis Carantonis
L’homme n’est pas vraiment farce, à dire vrai. Il est, en revanche, fin, d’une intelligence hors norme et d’une clairvoyance absolue sur son métier. La plus belle qualité de Rowan Atkinson, c’est probablement de ne pas se prendre pour ce qu’il est : l’un des derniers géants comiques du monde, le Charlie Chaplin des (autres) temps modernes. Il n’a même plus besoin de le prouver : Blackadder , mais surtout Mr Bean, parle pour lui. Et, en quelque sorte, Johnny English, le pire espion de toute l’histoire du septième art, qui fait son retour aujourd’hui dans les salles, aussi...
Pour tout le monde, vous êtes et resterez à jamais Mr Bean…
(Il coupe) “Right.”
…les gens pensent d’ailleurs parfois que c’est véritablement votre nom…
“(Il recoupe) Right, right…”
…dans ce contexte, ça doit être extrêmement difficile pour vous de faire autre chose… Au fond, Johnny English, c’est Mr Bean qui parle, en smoking, dans une Rolls, et avec des gadgets. Non ?
“Johnny English est, pour moi, un personnage très différent de Mr Bean. Bien sûr, il partage avec lui quelques traditions. Mais c’est parce qu’il s’agit, dans les deux cas, de comédies familiales grand public. Puis, je pense que Johnny English est un type plus recommandable que Mr Bean. Je dînerais volontiers avec Johnny English, en dépit de son arrogance. Avec Mr Bean, qui n’est jamais qu’un enfant très égoïste ? Non, merci. Maintenant, je n’ai aucun problème à sortir du carcan de Bean.”
N’empêche qu’un rôle de serial killer, ou de grande figure historique, ce sera très compliqué…
“Si je voulais m’inscrire dans des rôles plus sérieux, ce qui n’est pas particulièrement le cas, il ne faut pas se mentir : Mr Bean serait une grosse valise que j’aurais à traîner derrière moi. Le problème n’est pas tant ce que moi je désire faire. C’est ce que le public attend que je fasse. Et le public est le seul dont les états d’âme comptent réellement.”
Votre réalisateur sur Johnny English, Oliver Parker, vient de nous confier que “marcher dans la rue avec Rowan, c’est comme marcher avec un des Beatles”. En réalité, comment les gens vous interpellent, au quotidien ?
“Déjà, merci à lui. Je ne suis pas entièrement d’accord, d’autant que je chante infiniment moins bien que les Beatles… On m’interpelle plus par Hey, Mr Bean que par Bonjour Monsieur Atkinson, comment allez-vous ? Mais je n’ai pas de problème avec ça. Surtout lorsque ça vient des enfants. Quand un adulte pense qu’il y a réellement écrit Mr Bean sur mon passeport et qu’il me demande de lui faire un gag, j’ai la faiblesse d’être un peu moins diligent… Même si, au fond, c’est une victoire : cela signifie que je suis parvenu, dans un pays où c’est loin d’être simple, à garder ma vie privée… privée.”
Vous n’êtes effectivement pas très pipole…
“Dieu merci. J’ai toujours voulu être considéré comme un acteur, pas comme une personnalité.”
Certains l’ignorent, mais vous êtes un véritable fondu de vitesse. Une passion qui vous a joué des tours à de multiples reprises, y compris le 4 août dernier, lorsque vous encastrez votre MacLaren F1 dans un arbre.
“Je plaide mille fois coupable. Je suis un miraculé. Et j’insiste, avec assiduité, pour déconseiller à vos lecteurs d’être aussi imprudents que moi. Si possible, passionnez-vous pour des trucs qui vont moins vite ! Mais l’homme est fascinant parce qu’il est imparfait. Et l’une de mes fascinantes imperfections, c’est que j’aime la vitesse, et que je suis complètement amoureux des voitures de course. C’est probablement le seul trait d’union crédible entre moi et James Bond. Mais là, je vais me calmer, j’ai compris la leçon… J’ai 56 ans, il est temps.”
Votre âge justement. Vous l’avez pris comme argument majeur pour annoncer, début septembre dernier, que vous n’interpréterez plus jamais Bean. Confirmé ?
“Je confirme. Vous l’avez vu dans Johnny English 2, et vous le voyez maintenant : mes cheveux grisonnent, j’ai mal à l’épaule et mon dos craque. Je refuse d’être le vieux mec qui fait rire les enfants, et qui cherche à dissimuler le fait que le temps passe. On dit parfois qu’un comique qui vieillit ne peut faire rire que de son âge. Ce n’est pas totalement faux. Après, il ne faut jamais dire jamais, mais c’est très certainement terminé…”
Vos 56 ans ne vous empêchent pas de faire vous-même quelques cascades du film…
“Je fais… tout ce que je peux, et tout ce que les assurances m’autorisent à faire. Puis, je connais mes limites. Je ne suis ni un superhéros, ni quelqu’un de très athlétique… En revanche, même si la raison m’échappe un peu, je suis plutôt souple…”
Certaines critiques, pour ce qui est de vos films, sont très dures. Cela vous affecte-t-il ?
“Je suppose que vous ne me croirez pas, mais je ne lis pas les critiques. Jamais. Ce qui ne m’empêche pas de savoir qu’elles sont mauvaises, et qu’elles vont être encore plus ravageuses en Grande-Bretagne. Cela fait longtemps que j’ai compris que je ne fais pas des films pour les journalistes, mais pour le public. Je ne veux pas dénigrer votre travail, mais, pour moi, l’exercice même de la critique d’une comédie familiale est un non-sens…”
Gillian Anderson : "X-Files 3 ? Possible...”
Il y a au moins une similitude entre Rowan Atkinson et Gillian Anderson. Tous deux, dès lors qu’ils apparaissent à vous, renvoient inévitablement aux personnes qu’ils ont incarnées. Ainsi, lorsqu’on pose nos questions à Gillian Anderson, on dit Gillian, mais en forçant. C’est plutôt le nom de Dana Scully qui nous brûle les lèvres… jusqu’à nous échapper, tout seul, au cœur de l’entretien.
Heureusement, celle qui interprète le rôle de Pegasus, agent en chef du MI-7 dans Johnny English Reborn, ne s’en formalise pas un instant : “vous êtes loin d’être le premier…”.
Comment avez-vous abordé ce rôle ?
“Ce ne fut pas simple, pour moi, de jouer un boss. Tout simplement parce que je ne sens pas, en moi, les qualités d’un bon patron. Donc, être, en plus, le boss du MI-7, et de tous les enjeux qui vont avec, c’était quelque part une pression inhabituelle.”
Dans une comédie, ça doit être, c’est encore plus dur, non ?
“Exact. Ce n’est pas un genre qui m’est très familier, mais heureusement mon personnage n’a pas vraiment à être drôle… Rowan l’est bien assez. Jouer aux côtés d’un tel acteur, quelle que soit l’expérience que vous ayez, c’est inestimable. Ce qui m’a le plus impressionnée chez lui, c’est le sérieux avec lequel il aborde son métier. Il réfléchit à chaque détail, il est très concentré. Puis la caméra tourne, et la bête comique est lâchée. C’est fou.”
Pour beaucoup, vous resterez à jamais Scully.
“C’est la première fois que j’accepte de rejouer un agent, et je l’ai fait uniquement parce qu’on m’a offert la possibilité de le faire de manière très différente. Je ne renie rien de X-Files, une aventure qui a bouleversé ma vie, en bien. Mais je ne cache pas qu’il est parfois frustrant de savoir que certaines personnes ne verront jamais plus loin que Scully, dans l’actrice qui est en moi. Et c’est encore plus vrai aux USA qu’en Europe. Mais je ne crache pas dans la soupe : je dois beaucoup à ce personnage…”
Vous avez choisi, en dépit de votre nationalité américaine et de vos nombreux tournages à Hollywood, de vivre à Londres. Pourquoi ?
“Parce que j’aime l’Europe, et que j’aime cette ville, où j’ai passé mon enfance.”
Comment faites-vous pour échapper aux flashes des paparazzis ?
“Je ne vis pas à Notting Hill, il n’y a rien de compromettant sur mon téléphone, je ne suis pas en couple avec une célébrité, je ne vais pas aux soirées pompeuses, et très rarement aux avant-premières. Puis, très platement, je ne suis pas intéressante ! Aujourd’hui, Gillian Anderson va à la pharmacie avec ses enfants, c’est plutôt un mauvais titre, non ?”
Quid d’un retour de X-Files ?
“Il y a des discussions… Pour être très honnête, je n’ai aucune idée précise de leur état d’avancement… Mais personne n’a jamais fermé définitivement la porte.”
Pour une reprise de la série, ou un film ?
“Un film, bien sûr. La série est close pour de bon, c’est une certitude. D’ailleurs, David (Duchovny, NdlR) est engagé sur une autre série télé, Californication…”
Vous la regardez ?
“Ça m’est arrivé… Je ne suis pas assidue, mais j’avoue que le voir comme ça, c’est assez drôle…”
Alexis Carantonis