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Le Château Croisette, cuvée Compétition 2011

Publié le 11 mai 2011 dans Actu ciné

Comme le bordeaux, le cru cannois est un vin d’assemblage. Sa base a de la barrique. Il y a de la radicalité et une touche féminine. Il sera peut-être même pétillant et sexy.
Si "Oncle Boonmee" se souvient de ses vies antérieures, les spectateurs ne se souviendront guère du film d’Apichatpong Weerasethakul. Pourtant, cette Palme d’or restera dans les annales comme la plus ennuyeuse, la plus soporifique, mais surtout la plus boudée de l’histoire du festival. A peine 130 000 entrées en France, 7 134 en Belgique. Un bide sans appel. Un blâme aussi pour le jury de Tim Burton qui est passé à côté de "Des hommes et des dieux", lequel avait d’abord enthousiasmé la critique, avant d’être plébiscité ensuite par des millions de spectateurs de part le monde.

L’an dernier, c’était le cru d’une crise qui avait touché le cinéma à retardement. C’est en mai 2010 qu’on avait ressenti l’absence des films dont la mise en production avait été stoppée par le krach bancaire de septembre 2008. Pas franchement enthousiasmant au départ, le cru s’est révélé bien meilleur que le premier coup de nez au-dessus du goulot, bien meilleur que son étiquette de piquette thaïlandaise : "Another Year", "Biutiful", "Des hommes et des dieux", "Poetry", "Tournée", "Tamara drew", "L’arbre"

Le Château Croisette 2011 - qui, d’emblée, s’annonce plus costaud - est comme le bordeaux, un vin d’assemblage de plusieurs cépages.

A l’évidence, le vigneron a construit son millésime sur une base très "vin-tage", ce qu’on appelle, à Cannes, les abonnés. Cela comprend d’anciens palmés comme Moretti, von Trier et nos Dardenne, bien sûr, ainsi que des maîtres du calibre d’Almodovar, de Kaurismaki et du cinéaste mythologique Terrence Malick, cinq films en 40 ans. C’est dire si le tanin sera puissant, d’autant qu’il sera renforcé par des jeunes abonnés comme le Turc Nuri Bilge Ceylan, la Japonaise Naomi Kawase et l’Italien Paolo Sorrentino, réalisateur à l’immense talent de "Il Divo".

Ce choix de cinéastes qui ont de la barrique en vieux chêne est une assurance de qualité et un moyen d’accentuer les contrastes. Ainsi, en présentant sa sélection, Thierry Frémaux annonçait la présence de comédies. Un cru pétillant, méthode champenoise ? On demande à voir. C’est vrai que le dernier von Trier, "Antichrist", était bien poilant, mais au corps défendant du pauvre William Dafoe.

Ce qui fait pétiller le festival de Cannes, c’est plutôt le scandale. Et si, à la même heure l’an dernier, Cannes en avait déjà deux sur les bras - un ministre berslusconien qui protestait contre le documentaire "Draquila" et l’extrême droite française qui vomissait "Hors-la-loi" sans l’avoir vu. Aujourd’hui, c’est Sarkozy qui prend en charge ce poste capital avec sa "Conquête" (de l’Elysée, pas de Carla).

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Fernand Denis

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