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Les Oscars ne riment pas avec "Avatar"

Publié le 9 mars 2010 dans Actu ciné

Les professionnels américains ont plébiscité “The Hurt Locker” de Kathryn Bigelow. La revanche du réel sur le virtuel. Et des femmes.
Une théorie veut que les films couronnés aux Oscars reflètent les aspirations artistiques des professionnels par opposition au pragmatisme économique de l'industrie. Histoire, peut-être, de se racheter une conscience artistique, les quelque 6 000 votants de l’Académie des Arts et des Sciences du cinéma ont plébiscité des œuvres à petit budget, tournées avec les tripes, et non les pièces montées virtuelles. A "Avatar" de James Cameron, blockbuster à quelque 300 millions de dollars (plus 200 millions de campagne promotionnelle mondiale), ils ont préféré "The Hurt Locker" ("Démineurs"), huitième film de Kathryn Bigelow, trente fois moins cher, qui a décroché six statuettes (film, réalisation, montage, scénario original, son et mixage). "Avatar" a dû se contenter de trois prix techniques (effets spéciaux, direction artistique et photographie).

La compétition entre les deux films, qui avaient décroché chacun neuf nominations, résume les tiraillements de l’industrie américaine. "Avatar" est un sommet de technologie virtuelle quand "The Hurt Locker", récit frénétique sur l’addiction au danger et à l’adrénaline d’un démineur en Irak, est une œuvre hyperréaliste. Le premier a battu tous les records de fréquentation, avec 2,5 milliards de recettes mondiales, quand le second, sorti il y a dix-huit mois, a fait sa carrière en festivals - Venise (en septembre 2008 !), puis Sundance en janvier 2009 - pour n’engranger que 16 millions de dollars - un échec commercial. Piment supplémentaire et première du genre dans l’histoire des Oscars, James Cameron et Kathryn Bigelow sont des ex-époux (ils ont été mariés de 1989 à 1991).

Plus que jamais, sans doute, le choix entre deux films valait déclaration d’intention. "Avatar" représente la spirale inflationniste qui menace Hollywood : faire des films toujours plus chers, qu’il faut vendre au marché aux prix de campagnes promotionnelles délirantes et dont le retour sur investissement doit être rapide et sans appel. Avec, pour conséquence, des scénarios toujours plus consensuels et rapidement assimilables. Résultat : des fast movies vendus et consommés comme (et avec) de la fast food. La victoire de "The Hurt Locker" incarnera-t-elle un retour à la raison ? L’industrie s’est détournée, ces trois dernières années, "des films du milieu" (pour reprendre l’expression chère à la Française Pascale Ferran), héritiers de la vague des indépendants, œuvres à crédibilité artistique portées par des acteurs et/ou des réalisateurs de renom. Les filiales qui les produisaient (Warner Independent Pictures, Paramount Vantage, Miramax ) ont toutes fermé au cours des derniers mois. Parmi les titres perpétuant ce courant étaient nommés aux Oscars, cette année, "Up in the Air" de Jason Reitman, avec George Clooney, et "Precious" de Lee Daniels (six nominations chacun).

Alain Lorfèvre

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Les principales récompenses :


Meilleur film: "Démineurs"

Meilleur acteur: Jeff Bridges, "Crazy heart"

Meilleure actrice: Sandra Bullock, "The blind side"

Meilleur acteur dans un second rôle: Christoph Waltz, "Inglourious basterds"

Meilleure actrice dans un second rôle: Mo'Nique, "Precious"

Meilleur réalisateur: Kathryn Bigelow, "Démineurs"

Meilleur scénario original: "Démineurs"

Meilleure adaptation: "Precious"

Meilleur film en langue étrangère: "Dans ses yeux" (Argentine)

Meilleur film d'animation: "Là-haut"

Meilleur documentaire: "The Cove, la baie de la honte" <:i>

Meilleure musique originale: Michael Giacchino, "Là-haut"

Meilleure chanson: Ryan Bingham et T Bone Burnett, "The weary kind" pour "Crazy heart".

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