Vu ce mardi 25.08 à l'Ecran Total, ce film d'Arnaud Desplechin, sorti en 2000, revient régulièrement à l'affiche de-ci de-là. Et pour cause! Basé sur un roman d'Arthur Symons, ce film étonne, déroute, déconcerte par son propos et une forme en constante adéquation avec celui-ci. Il décrit, dans le Londres du XIXè, l'enfance et la naissance à elle-même d'une authentique artiste qui s'ignore. Petite fille, elle découvre qu'elle est étrangère au monde et à sa propre famille (un tailleur juif assez misérable, sa femme et leurs 4 enfants), que les autres ne peuvent la comprendre. En conséquence, elle se renferme en elle-même, au point de devenir en apparence insensible et autistique. La forme épouse alors son point de vue, par une certaine froideur et distanciation, qui pourrait certes rebuter, mais en réalité nous plonge au plus intime de son mal-être. Le déclic de sa renaissance viendra d'une représentation d'une pauvre comédie yiddish, interpretée de façon affectée par des amateurs, mais qui va lui donner la passion du théâtre et le désir de devenir actrice. De manière quasi-psychanalytique, dans une incroyable tension croissante, jusqu'à une apocalyptique première d'Hedda Gabler d'Ibsen qui donne le vertige, 'Esther Kahn' nous fait vivre intensément les affres et les douleurs de cet accouchement à l'humanité et à l'art... Un véritable chef-d'oeuvre, qui, malgré sa longueur (148 min.), donne envie de le revoir et le re-revoir...

Il s'est planté. Dommage, c'est un bon film. Mais tellement loin de nous qu'on a cru voir un mirage. Le début est bien long par contre la deuxième partie est très intense. Plus littéraire que cinématographique, c'est la limite de ce film. C'est l'art des idées, mais les idées sont fortes c'est déjà ça : une jeune fille qui pour se porter à la hauteur de son talent devra faire le deuil de la pureté. L'intelligence parfois peut nuire au cinéma. C'est le cas ici. Aimer la technique qu'on a choisi est indispensable sans quoi c'est un rapport de maître/esclave qu'on instaure. Sans cette croyance en la technique, celle-ci reste une fille soumise au discours des idées. Quelque chose ne va pas s'il n'y pas une certaine dialectique entre l'artiste et sa technique. On peut l'exiger d'un tel réalisateur, ce serait dommage qu'il passe à côté d'une oeuvre qui pourrait faire bouger les choses. On entend déjà ici et là pointer des : 'mais on s'en fout de l'oeuvre'. oui peut-être. Mais de quoi ne se fout-on pas alors ?

un excellent film qui renvoie aux ambiances des films de truffaut une actrice formidable et une sequence finale geniale (la rentree en scene)