Une vie de demi-mondaine "sulfureuse" (comprenez librement et cyniquement assumée) exposée sous la forme d'un numéro de cirque grandiose et cruel ("le plus féroce des fauves de nos cages"), centré sur le symbole universel de la roue (celles des calèches et autres carrosses; l'arène circassienne, la ronde des amants - allusion à Schnitzler? -, la structure des théâtres à l'italienne, le tournoiement des robes gitanes, les escaliers à vis, les rotondes, les tendres rondeurs féminines, et celle du destin, bien entendu...). Un film étrangement nihiliste, existentialiste et mélancolique sous un manteau de lumière. Un film à nul autre pareil, mais dont le propos a quelque peu vieilli car le contexte sociologique d'aujourd'hui n'a plus rien (mais alors vraiment plus rien) à voir avec celui de la France gaulliste de 1955... Mais quelle maîtrise! 9,5. P.S.: je trouve que l'actualisation forcée du thème de la "pipolisation" n'est pas aussi pertinente: la célébrité a toujours existé, et ici le thème est plutôt celui-ci: les "créatures" ont-elles une âme (noble, quelque part), et peuvent-elles éprouver des tourments (hormis ceux de l'enfer)?

Max Ophuls nous livre "le film de tous les scandales" : un film sur la pipolisation avant l'heure : "Lola Montès", c'est l'histoire d'une femme et de ses différents amants... uniquement (premier scandale). Superbe mise en scène pour l'époque - toute cette débauche de décors (deuxième scandale) peut toutefois nous paraître un peu desuète aujourd'hui - mais il faut préciser que le budget dut être multiplié par quatre à l'époque ce qui provoqua un (troisème) scandale dans le monde du cinéma des années 50. Les acteurs sont excellents, Peter Ustinov en tête, en monsieur Loyal sans scrupules dont le personnage pourrait , de nos jours, diriger la rédaction de Voici ou Gala sans difficultés. M. Carol est resplendissante. Le travail de restauration, à partir des bandes charcutées (quatrième scandale), supervisée par la Cinémathèque française, avec le concours de notre Cinémathèque royale, est de bonne qualité même si certaines dissonances au niveau du son persistent. Chef d'oeuvre surement pas mais très bon film à voir pour l'aspect très contemporain qu'il dégage encore aujourd'hui, plus de 50 ans après sa sortie.

flamboyant!