Marguerite et Julien

Origines:
  • Belgique
  • France
Genres:
  • Drame
  • Romance
Année de production: 2015
Date de sortie: 2015
Durée: 1h50
Tout public
Synopsis : Julien et Marguerite de Ravalet, fils et fille du seigneur de Tourlaville, s'aiment d'un amour tendre depuis leur enfance. Mais en grandissant, leur tendresse se mue en passion dévorante. Leur aventure scandalise la société qui les pourchasse. Incapables de résister à leurs sentiments, ils doivent fuir...
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Publié le 8 décembre 2015
« Marguerite et Julien » se joue de l’illusion par un indigeste mélange de styles visuels et scénaristiques, au point que l’on se demande si tout cela ne se place pas sur un second degré, pour dissimuler une comédie détournée, non pas dramatique ou satirique, mais la bonne grosse potacherie qui fait qu’il se passe peu de temps sans qu’un franc éclat de rire jaillisse devant tant d’inventivité humoristique ? C’est globalement la seule certitude qui me vient à l’esprit. Passant outre cette mauvaise foi caractérisée, je vais tenter d’y apporter un peu plus d’explications. A commencer derechef par les acteurs principaux, Anaïs Demoustier et Jérémie Elkaïm, trop vieux pour les rôles respectifs, l’espace temps au pays des contes de Donzelli double en âge la décennie entre l’enfance et l’âge adulte. Là où il aurait fallu des acteurs jeunes et inconnus, Demoustier semble tout droit sortie de l’Appollonide (c’est dire de sa fraîcheur !) quant à Elkaïm, le chef’op gratifie chacune de ses rides par des gros plans indélicats quand il ne transforme pas son visage, avec ses éclairages accentués, en celui de l’homme qui rit ! La distorsion temporelle qui veut que se mélangent toutes les époques en une seule (nous allons quand même du 16ème au 20 ème siècle dans les accessoires), peut se concevoir, les anachronismes volontaires sont nombreux au cinéma (Anderson, Demy, Coppola…), à condition que cela ait un sens, une connotation parabolique, ou simplement un esprit de dérision. Jamais dans le film on ne sent une telle volonté, le scénario se révèle quand même plus qu’insignifiant et fainéant. On se demande encore à quel degré la version originale de Jean Gruault a été modifiée, on peut lui attribuer le pitch sans doute (dans l’esprit fait divers de « L’enfant sauvage », ou une certaine noirceur malsaine du type « L’amour à mort ») mais on peut douter toutefois qu’il soit l’auteur de ces dialogues indigents ou autres digressions scénaristiques. Cependant il y tient un petit rôle, peut-être a-t-il cautionné… peu importe le mauvais résultat est là. La mise en scène n’est pas en reste, au point que certaines scènes n’ont aucun liant, les personnages sont à un endroit à un moment, pfuitt à la scène suivante ils sont de manière improbable ailleurs (la fuite de Marguerite). Donzelli ne nous fait grâce de rien, gros plans hideux, arrêts sur images digne d’un débutant, aucune recherche ni approche psychologique des personnages, (un coup oui, un coup non) pour un ensemble assez bordélique peu cohérent. On comprend bien la plongée dans l’univers du conte ou du merveilleux (il faudrait vraiment être neuneu), aucune référence ne nous est épargnée (on y trouve même les petits ramoneurs de Mary Poppins !), ni du bestiaire de caractères humains qui lui incombe. La féérie est ici occultée, c’est plutôt un compte de faits inoffensifs qui plombent l’écran. Si l’intention était de souligner la portée analytique du Conte de fées, autant le dire direct, mieux vaut se plonger dans l’essai de Bruno Bettelheim, car là c’est très fun, et brillant d’intelligence. Il n’y a presque rien à sauver dans ce nanar ankylosé, on en viendrait presque à s’excuser auprès de Catherine Mouchet, de Samy Frey d’être dans la salle pour voir cela. Seule, la musique de Yuksek vient de temps en temps nous réjouir, ses compositions clavesynthées répondent elles au décalage voulu. Mais c’est bien peu… Alors bien évidemment il y a le mot magique pour cautionner une pareille ineptie, POP ! C’est un film pop (cela justifierait en soi toutes les fantaisies) ! Si à cela il faut y lire populiste, c'est-à-dire un film qui traite l’inceste sans le traiter vraiment (mais le buzz a bien fonctionné), ou qui veut choquer les bonnes consciences en générant des images choc (la fuite sur l’âne c’est d’un crétin !), ou encore qui n’a rien exprimer mais s’enrobe d’un univers tendance et bling bling… Alors oui « Marguerite et Julien » est un film pop !
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