Des hommes et des dieux réussit parfaitement à nous montrer l’existence simple et humble de ces prêtres dévoués. L’harmonie qui règne avec les autochtones laisse entrevoir une sorte d’utopie qui très vite va être perturbée par une menace venant de l’extérieur. (Symbolisée grossièrement par des camions rugissant en très gros plan). Face à une plongée dans ce monde clos, le questionnement sur l’éventuel départ s’impose rapidement comme le ressort fictionnel du film (en même temps qu’il donne aux personnages une nouvelle épaisseur). Dans cette fiction venue troublée cette quiétude, chaque personnage semble avoir un rôle bien précis. On tombe alors dans un traitement assez académique. De même l’opposition entre les deux mondes est un peu trop systématique et finit par neutraliser la portée du film. Quant au montage rapide et binaire, il ne fait que simplifier un discours par trop clair et laisse l’impression d’une absence de point de vue de l’auteur.

Ce que j'aime à ce film, c'est cette osmose entre la vie des moines et la réalisation qu'en a faite Xavier Beauvois. Il y a aussi l'interprétation des acteurs qui sont investis de leurs personnages : mention spéciale à Michaël Lonsdale.

Il est évident que ce film de 2h peut être fait en 1h. Mais suite au thème abordé, en l'occurence la vie des moines, il est nécessaire de prendre le temps de découvrir leur vie quotidienne, leur sentiment, leur émotion, leur opinion, leur choix face aux épreuves, leur sacrifice... C'est long, c'est lent, certes, mais ce n'est pas un film d'action. Les images fusent dans films d'action, ça va vite. Ici, c'est un drame. Il n'est pas plus lent que les films dramatiques. J'ai beaucoup aimé la dernière scène du repas entre moines. Elle me fait penser au dernier repas du Christ avec ses apôtres, la dernière cène. Elle est boulversante : la caméra qui fixe les personnages, capte l'émotion au niveau du regard, la peur de ce qu'il va leur arriver ... Choisir d'être marthyr ou pas. Un sens à la vie ? En vaut-il la peine ? Pour quel Amour ? ... Des questions qui nous fouettent le visage et qui nous redonnent un sens à la vie.

Je suis allé le voir, me basant un peu trop rapidement, sur le score élogieux de cette rubrique. J'ai attendu patiemment ... Non, je n'y serais pas allé si j'avais su. Lambert Wilson n'est pour moi pas convainquant, les scènes de prière n'apportent rien, sinon des longueurs supplémentaires. Il faut sortir de ma critique cette dernière scène où la caméra, en gros plan, montre les ressentis des prêtres réunis autour d'une bonne bouteille: une excellente et silencieuse interprétation qui ne dure malheureusement que quelques minutes. Dommage

Un film dense, poignant, émouvant, et surtout profondément humain. Qui nous interpelle aussi, sur le sacrifice face à une mort annoncée, sur la notion de ‘martyre’ et sa religiosité. Mais nul besoin d’être croyant pour admirer ces hommes courageux : s’il y a bien sûr l’Amour de Dieu qui leur permet de se transcender et d’aller au bout de leur foi ( cet Amour qui endure tout comme le rappelle frère Christian à un de ses frères moines en proie au doute), il y a aussi une volonté farouche d’être solidaire jusqu’au bout avec les habitants du village avec lesquels ils partagent le quotidien, qu’ils ont appris à respecter et aimer. C’est précisément ce qui donne au film sa dimension universelle, au-delà des enjeux culturels ou religieux. Les interprétations sont sobres et remarquables, mention spéciale bien sûr pour Lambert Wilson et Michaël Lonsdale.