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Quand Titanic prend une nouvelle dimension...

Publié le 4 avril 2012 dans Actu ciné

A l'occasion de la (res)sortie en salles et en 3D de son chef d'oeuvre, le réalisateur James Cameron nous est revenu sur le processus de recréation de Titanic.
Un siècle après son naufrage. 15 ans après son adaptation cinématographique, le Titanic renaît de son succès sur les écrans. Même histoire, mêmes images, mêmes acteurs depuis lors installés au sein de la grande famille d’Hollywood… mais la profondeur de champ en plus. Du gigantisme en 3D sous l’égide du maître du box-office, James Cameron. Le cupidon de la romance entre Rose et Jack n’a lésiné ni sur les moyens (18 millions de dollars), ni sur le temps (60 semaines) pour faire revivre et redécouvrir son chef-d’œuvre. Titanic 3D (res)sort en salles à l’occasion du centenaire du naufrage du paquebot mythique.

Quelques semaines avant que les salles obscures ne replongent dans les abîmes d’une carcasse, James Cameron a présenté son projet, à New York. Grand, grisonnant, confiant, il tend la main pour une poignée franche. L’homme est souriant, sûr de lui, porté par son Avatar. Quand on s’appelle James Cameron, on ne craint rien. Puisqu’on rêve. On rêve en grand, comme le ferait un enfant. Et on concrétise. Le résultat de son entêtement et de sa passion, le réalisateur de Titanic nous en parle, à bâtons rompus. Pour James Cameron, pas de doute : “Tout devrait être fait en 3D aujourd’hui… Une fois qu’on a le choix de filmer en 2D ou en 3D, il faut choisir le 3D, si on veut profiter de quelques retombées financières.

Et le réalisateur de Titanic d’avancer la raison pour laquelle la conversion, actuellement, de films 2D en 3D est mauvaise :

Le temps ! Vous n’en avez pas suffisamment. Disons que vous dépensez 100 millions de dollars pour faire un film, que vous finissez. L’horloge tourne… Et vous devez encore commencer la conversion. Pour bien le faire, il faut prendre une année. Mais personne ne veut laisser en suspens aussi longtemps autant d’argent investi… Le coût serait beaucoup plus grand qu’en filmant directement en 3D”.

Filmer en 3D ne coûterait donc pas si cher ?
Le coût réel du tournage en 3D n’est pas énorme. C’est le fait de compléter les effets visuels qui coûte beaucoup plus cher. Si vous n’avez pas d’effet visuel dans votre film en 3D, ça peut ne représenter que 1 % du budget d’un film qui serait filmé en 2D et ensuite converti en 3D.

Qu’est-ce qui, dès lors, fait un bon film en 3D, qui ne donne pas mal à la tête ?
Tout le monde ne connaît pas forcément les règles du 3D. Il y a aussi une question stylistique… Je pense que le style que j’ai utilisé pour filmer Titanic est adapté au 3D. Mais dans les premiers jours, quand on a dû commencer à travailler avec une compagnie de conversion, en quelques mots, ça a été long, parce qu’on recommence encore et encore. Il faut faire attention à la position de chaque chose, jusqu’à la forme du visage des acteurs,…Ce n’est pas quelque chose dont un réalisateur devrait s’inquiéter ! Voilà comment on arrive à 60 semaines de travail.

Vous dites souvent que la 3D c’est un peu comme pousser le volume de la musique à fond ou le baisser…
C’est une façon de dire que si le 3D améliore une scène, il faut l’utiliser, le mettre en avant. Si, au contraire, cette technologie vous pose problème pour telle ou telle scène, diminuez-en les effets. Même pour Titanic, par moments, je me suis dit que la profondeur de champs de certaines scènes ne rendait pas bien à l’écran. Vous voulez de la 3D et vous obtenez de la 2,5 D. J’ai alors vraiment appuyé pour avoir plus de profondeur, car c’est vrai, la profondeur de champ coûte chère. En fait, je pense que le réalisateur devrait être en charge de la 3D comme il devrait être en charge du mixage musical.

Vous parlez des difficultés à retranscrire en 3D des scènes filmées en 2D… Quelles sont les scènes de Titanic qui vous ont posé le plus de problèmes ?
Certainement les scènes avec beaucoup de gens, là où il y a des centaines de figurants, c’est horrible. Mais parfois ce sont des détails, comme des bulles, qui doivent être isolées et traitées une par une. On a eu besoin de 300 personnes pour traiter ce film…

À l’époque où vous filmiez Titanic, aviez-vous déjà songé à en faire, un jour, une version 3D ?
Je n’en avais aucune idée. Quand j’ai fait Titanic, j’avais fait ma première réalisation 3D, pour un parc à thèmes. Et puis, j’ai pensé à l’aube de l’an 2000, faire un film en 3D pour Imax. On trouvait ça intéressant quand, en 2002, j’ai rencontré ce petit groupe de gens persuadés que le futur du cinéma s’écrirait en 3D. Jon Landau (le producteur, NdlR) et moi, on s’y est attelés. Disney a commencé à le faire aussi. Et puis, Avatar est sorti…”

Mais pourquoi revisiter Titanic en 3D ?
On a trouvé que cela valait le coup de faire ressurgir Titanic sur les grands écrans. Il y a ce romantisme, cette nostalgie qui sied bien à l’époque actuelle. Et, il y a aussi toute une tranche d’adolescents qui n’étaient pas nés quand Titanic est sorti sur les écrans la première fois. C’est la partie la plus motivante du projet je crois, de ramener Titanic sur les écrans. Le 3D, c’est quasiment une excuse. C’est une excuse pour réinventer l’idée qu’on se fait d’une réédition d’un film dans les salles. Ressortir un film, c’est dépassé. La dernière fois ce devait être Grease, il y a 10 ans.

Êtes-vous étonné de certains résultats visuels de cette version 3D ?
Je pense que la scène où on voit Kate marcher dans le couloir, contre le courant qui monte, toute seule et perdue, montre à quel point le 3D vous donne l’impression d’être là, dans l’image. Je crois que le 3D permet d’amplifier le côté dramatique de certaines scènes.


Charlotte Vanbever, envoyée spéciale de la DH aux Etats-Unis

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