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“Jamel est piétiné, enterré, craché…” : entretien

Publié le 4 avril 2012 dans Actu ciné

Alain Chabat s’est amusé à en faire voir de toutes les couleurs à son ami Sur la piste du Marsupilami.
Rencontrer Alain Chabat, c’est comme abuser des champignons hallucinogènes du comte de Champignac : on n’est jamais bien sûr que ce qui vient de se passer est bien réel. Tant le surréalisme est de mise. À tout moment, il peut partir en vrille. “J’ai tourné avec un vrai Marsupilami”, maintient-il en dépit des évidences, le sourire en coin sous son regard de cocker. Avant de mettre sa casquette à l’envers, façon rappeur, et de mimer le déplacement du petit animal jaune et noir à la force herculéenne. Le tout, dans le hall d’entrée d’un hôtel chic aux abords de la Grand-Place de Bruxelles...

Quand vous avez proposé ce projet à un producteur, il vous a dit, comme dans le film “Ou vous faites un carton ou vos faites vos cartons ?”
(Rire) “Non. C’est toujours le scénario qui décide. Jérome Seydoux m’a donné son feu vert sur une version du scénario. Il avait refusé les précédentes, alors que l’idée lui plaisait dès le départ.

Qu’est-ce qui lui a plu ?
Je lui avais proposé une version qui demandait encore du travail sans savoir exactement où, et il m’a dit : Fais un film d’Alain Chabat. Qui te ressemble.

Vous étiez trop près de la BD ?
Non. J’avais mis des scènes qui me semblaient faire partie du cahier des charges pour ce type de film. Et cela ne me ressemblait pas. Quand il m’a dit d’y aller à fond, cela m’a débloqué et j’ai osé aller plus dans les délires qui me ressemblent.

Le look du Marsupilami diffère de la BD…
C’est la nature. On ne peut rien y faire : c’est un vrai Marsu. Je n’ai pas non plus choisi le nez de Jamel – que j’aime beaucoup – ou les très belles épaules de Lambert Wilson. C’est comme ça (rire).”

C’est une façon de voir les choses…
Exactement. Quand on a présenté le film ici à Bruxelles, tous les enfants m’ont demandé pourquoi le Marsu n’était pas venu avec nous. À chaque fois, les gosses posent des questions inattendues. Ici, par exemple, on m’a demandé si le Marsupilami avait d’autres enfants ! C’est génial comme question. À chaque fois, les enfants parviennent à nous scier !

Qu’avez-vous répondu ?
De ce qu’on sait, pour le moment, il n’a que ces trois-là. On ne peut dire que la vérité.

Le film, lui, est basé sur les mensonges. Comme souvent dans vos films.
C’est tout à fait vrai. Je ne m’en étais pas rendu compte mais c’est vrai. Dans Didier, c’était la manière de traiter l’humain comme de la marchandise qui m’intéressait. Et pour vendre cette marchandise, tout est bon. Dans RRRRrrr, c’était la religion contre la science. Et il faut raconter n’importe quoi pour garder ses privilèges : très dangereux le gourdin, c’est l’arrivée du progrès ! Le mensonge, c’est un ressort de comédie extraordinaire qui permet de balancer des trucs qui vont te péter à la gueule. C’est sûr. Tu ne peux pas y échapper. Même dans 32 ans, au moment où tu t’y attends le moins, cela va te péter à la tronche. Et au moment où ça arrive, cela débouche sur des moments de tension très rigolos : oh merde, pourvu qu’il ne le voie pas…

Vous avez aussi quelque chose avec les chiens.
J’aime bien les chiens. Il y en a dans tous mes films. Même le guérissologue dans Rrrhhh avait un chienmouth empaillé avec lui.

Cette fois, ce n’est pas vous qui avez le mauvais rôle avec lui…
Je prends des baffes quand même. Mais ici, Jamel est piétiné, griffé, battu, enterré, craché (rire). La scène du chihuahua, pour le convaincre, je lui ai dit qu’elle pouvait être pourrie mais que si elle était marrante, elle serait vraiment très marrante. Il m’a fait confiance. Je ne sais pas s’il a eu raison… (rire)”


Patrick Laurent

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