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Dominic Cooper : "Je ne pouvais éprouver aucune empathie pour Oudaï" - interview

Publié le 21 septembre 2011 dans Actu ciné

Dominic Cooper a été confronté à un challenge rare pour un acteur dans The Devil's Double.
Entretien à Berlin

Depuis une dizaine d’années, Dominic Cooper construit doucement sa carrière cinématographique, en marge de celle qu’il mène sur les planches londoniennes. Habitué aux seconds rôles, il a déjà acquis un statut d’icône sexuelle - grâce à un sex-appeal dégagé dans "Mamma Mia !" ou "Tamara Drewe", ainsi qu’à sa relation avec Amanda Seyfried. A 33 ans, il trouve, enfin, un premier rôle à sa mesure : même s’il est probable que ni Oudaï Hussein ni Latif Yahia l’imposeront définitivement auprès du grand public, on peut espérer qu’ils convaincront producteurs et réalisateurs d’exploiter son talent pour des œuvres plus ambitieuses.

Sur le papier, le scénario reflète-t-il la folie qui transparaît à l’écran ?

J’ai été ébloui par ce scénario. Je crois que c’est la première fois que j’ai été autant marqué par un script. Cette histoire est incroyable. Elle fait le lien avec notre Histoire récente. Je me souviens qu’au moment des discussions sur l’éventualité d’attaquer l’Irak, certains spécialistes évoquaient le fait que les fils de Saddam Hussein étaient pires que lui. Je trouvais intéressant d’avoir l’opportunité d’incarner deux personnages totalement opposés, de pouvoir être à la fois le fou monstrueux et le type pris en otage par cette folie. C’était une perspective dramatique prometteuse.

Comment vous êtes-vous préparé pour jouer Oudaï ?

Lee Tamahori et moi sommes rapidement tombés d’accord sur le paradoxe auquel nous étions confrontés : il nous était impossible de savoir réellement qui étaient ces gens, qu’est-ce qui se cachait au fond de leur âme. Les fils Hussein sont morts, et tous leurs proches ont disparu. Nous avons lu tout ce que nous pouvions trouver sur la personnalité de fils de dictateur. Le point commun, c’est cette absence totale de repère, de conscience morale, d’empathie pour le restant des individus. Ce sont des enfants gâtés, à qui tout est permis. Ce qui me posait d’ailleurs un gros problème comme acteur : on cherche toujours à éprouver un minimum d’empathie pour le personnage qu’on interprète. Pour Oudaï, c’était impossible.

Comment faire, alors ?

Le seul point d’humanité auquel je pouvais personnellement me raccrocher, c’est la violence à laquelle il a été exposé durant son enfance. Le problème est qu’il y a une dimension caricaturale chez ce personnage. J’ai trouvé sur YouTube quelques images de lui, qui m’ont permis de trouver quelques attitudes physiques pour guider mon interprétation. J’ai dû faire une totale confiance à Lee, car dans l’interprétation d’Oudaï, je devais aller le plus loin possible et je travaillais réellement sans filet. C’est un personnage sans limite, je ne devais pas en avoir.

Avez-vous rencontré Latif Yahia ?

Oui, j’ai pu lui parler pendant quelques heures. C’était rassurant de savoir qu’en cas de besoin, je pourrais me tourner vers lui. Mais Lee et moi étions d’accord sur le principe de ne pas faire un biopic. Il y a des zones délicates dans cette histoire, et notre objet était de partir de cette histoire absolument incroyable pour brosser le portrait de deux hommes qui doivent prétendre être ce qu’ils ne sont pas. A partir de là, nous avons construit quelque chose qui va bien au-delà de la réalité.


Alain Lorfèvre

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