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Derrière le Hobbit, la forêt de la Terre du Milieu

Publié le 11 décembre 2012 dans Actu ciné

"Le Hobbit" sort ce 12 décembre. Situé avant "Le Seigneur des Anneaux", ce récit était à l’origine un livre pour enfants. Peter Jackson a puisé dans le reste des vastes écrits du Britannique pour l’étoffer.
C’est le film le plus attendu de l’année : "Le Hobbit, un voyage inattendu" sortira sur les écrans ce 12 décembre. Peter Jackson a rempilé pour cette adaptation du premier roman écrit par John Ronald Reuel Tolkien, dont le réalisateur néo-zélandais avait adapté avec le succès que l’on sait "Le Seigneur des Anneaux" en 2001-2003. Publié en 1937, "Bilbo le Hobbit" ("The Hobbit, An Unexpected Journey") précède de près de vingt ans la publication du "Seigneur des Anneaux", trilogie emblématique de l’écrivain britannique.

"Bilbo" fut conçu comme un livre pour enfants. Le récit se déroule avant que la guerre de l’Anneau ne débute et que l’Anneau ne soit redécouvert. Le héros du "Hobbit" est Bilbon Sacquet (Bilbo Baggins en anglais), oncle de Frodon. A travers lui, Tolkien introduit les hobbits, race de "petites gens", qui vivent à l’écart des Hommes, des elfes, des nains et orques. Un soir, treize nains débarquent chez Bilbon, accompagnés du magicien Gandalf le Gris. Ce dernier lui propose de les suivre à la recherche d’un trésor gardé par le dragon Smaug, au cœur du mont Solitaire. S’ensuit un périple plein de dangers, d’aventures et de rebondissements, durant lequel un premier aperçu de la Terre du Milieu est donné. Bilbon y croisera la créature nommée Gollum et s’emparera de son "précieux", un anneau qui permet de devenir invisible.

Au cinéma, si "Le Hobbit" est bien présenté comme le prologue du "Seigneur des Anneaux", Peter Jackson et ses scénaristes ne peuvent faire fi des attentes des millions de fans qui ont adoré et connaissent la première trilogie. Œuvre plus linéaire, moins dense et moins sombre, "Bilbo le Hobbit" nécessitait d’être raccord sur la forme et sur le fond avec le cycle de l’Anneau. C’est pourquoi certains personnages comme Galadriel (Cate Blanchett), Saroumane (Christopher Lee) ou Frodon (Elijah Wood) sont au générique du film, alors qu’ils sont absents du roman original. De même l’acteur Ian Holm, qui interprétait Bilbo à 111 ans dans la trilogie du "Seigneur des Anneaux", apparaît au début du film, à l’instant où le Hobbit débute la rédaction de ses mémoires - le fameux "Livre rouge". Ajout le plus important, le personnage du magicien Radagast le Brun amène Jackson à évoquer le retour de Sauron - totalement absent du roman. Mais ces libertés n’en sont pas dans la mesure où l’œuvre de Tolkien dans son ensemble constitue un large corpus plus ou moins cohérent.

Veine enfantine

Né le 3 janvier 1892 à Bloemfontein, professeur de vieil anglais à l’université d’Oxford à partir de 1925, John Ronald Reuel Tolkien avait commencé à écrire pour son plaisir dans les années 1910, s’amusant à inventer des langues anciennes, aux racines celtiques ou saxonnes.

Naquit alors dans son imagination, puis sur papier, un univers fantastique, la Terre du Milieu, nourri des sagas nordiques ou des légendes celtiques. Tolkien lut régulièrement certains de ses poèmes et textes à ses amis oxfordiens d’un cercle littéraire informel, les Inklings, dont fit notamment partie C. S. Lewis, futur auteur des "Chroniques de Narnia". C’est ce dernier qui l’encouragea à se faire publier. Le succès public et critique de "The Hobbit" fut considérable dès avant-guerre en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis. L’éditeur anglais original, Allen&Urwin, réclama donc à Tolkien une suite.

Mais l’écrivain ne désirait pas poursuivre dans la même veine enfantine. Il avait au contraire entamé l’écriture d’un autre récit fantastique, plus sombre et plus complexe, "Le Silmarillon". Son éditeur jugeant celui-ci trop ardu, Tolkien transigea alors en concevant une nouvelle œuvre, "Le Seigneur des Anneaux", au début duquel on retrouve le magicien Gandalf et Bilbon, qui s’apprête à fêter ses 111 ans et à transmettre son anneau à son héritier, Frodon. Commence alors une saga épique, dont l’enjeu n’est rien de moins que la survie de la Terre du Milieu, des hobbits et des hommes face au maléfique Sauron. De fil en aiguille, "Le Seigneur des Anneaux" - que Tolkien mettra dix ans à rédiger - s’avérera aussi dense et complexe que "Le Silmarillon", Tolkien y créant en trois livres ("La Communauté de l’Anneau", "Les Deux Tours" et "Le Retour du Roi") un univers vaste, recyclant certains éléments de son "Silmarillon" encore inédit.

Achevée en 1948, la trilogie du "Seigneur des Anneaux" fut publiée entre 1954 et 1955. Le succès est immédiat, mais va devenir fulgurant dans les années soixante. En effet, après la parution d’une édition pirate aux Etats-Unis, Tolkien fait rééditer son roman outre-Atlantique en 1965 et l’augmente d’une série d’annexes : histoire des hobbits, arbre généalogique des principaux personnages, chronologie et cartes de la Terre du Milieu, lexique des différentes langues... Ce type de compléments va devenir une figure imposée de la littérature d’ heroic fantasy. Les droits d’adaptation cinématographique du "Seigneur des Anneaux" et de "Bilbo le Hobbit" sont vendus au studio United Artists en 1969. Tolkien en tira 100 000 livres sterling (l’équivalent de 3,65 millions d’euros actuels), qui devait permettre à ses héritiers de régler les droits de succession.

Publications posthumes

Entre-temps, l’auteur a tenté de terminer "Le Silmarillion". Les lecteurs du "Seigneur des Anneaux" attendaient avec impatience cette suite promise. Mais Tolkien, qui décède en 1973, n’aura livré qu’un recueil de poèmes, "Les Aventures de Tom Bombadil" (1962) et le conte "Smith de Grand Wootton" (1967). Le premier doit son nom à un personnage secondaire de la trilogie de l’Anneau. C’est un recueil de contes hétéroclites, certains antérieurs au "Hobbit". Selon son habitude, Tolkien attribue ses contes à certains de ses héros, comme Bilbon ou Sam Gamegie, compagnon de Frodon. Le second roman n’a rien à voir avec la Terre du Milieu, et relate les périples d’un forgeron humain à Faërie, le pays des elfes.

Après la mort de Tolkien, son fils Christopher, dont il a fait son exécuteur littéraire, entreprit d’éditer à titre posthume ses écrits inédits. Il s’attaqua en premier lieu au fameux "Silmarillon", dont une première édition sort en 1977. Christopher Tolkien a dû en rédiger certaines parties manquantes. Il jugera lui-même cette première version partiellement incohérente avec les œuvres de son père. Ce livre retrace la genèse et les premiers Ages de l’univers de la Terre du Milieu. Il est constitué de la "Quenta Silmarillion", qui conte les exploits des elfes jusqu’à la chute de Morgoth, premier Seigneur des Ténèbres. Le reste du livre décrit les années de gloire, puis la chute des hommes de Númenor au Second Age. L’histoire de la Terre du Milieu jusqu’à la guerre de l’Anneau et après occupe la dernière partie de l’ouvrage, et introduit l’histoire des Anneaux de pouvoir. Cette section a notamment servi d’inspiration à l’ouverture du premier film de la trilogie de l’Anneau.

Par la suite, Christopher Tolkien a publié "Contes et légendes inachevés" (1980), compilation de divers textes inédits postérieurs au "Seigneur des Anneaux", puis "L’Histoire de la Terre du Milieu" (1983-1996), en douze volumes, que son père avait rédigés en marge du "Silmarillon", ainsi que des brouillons du "Seigneur des Anneaux" et d’autres écrits inédits. Dans les années 2000, Christopher Tolkien a encore édité deux ouvrages supplémentaires de son père : "Les Enfants de Húrin" (2007), une version différente de l’histoire de Túrin, déjà relatée dans "Le Silmarillion" et "Contes et légendes inachevés", ainsi que "La Légende de Sigurd et Gudrún" (2009), deux poèmes d’inspiration nordique.

Pour les amateurs de l’œuvre de Tolkien, les trois nouveaux films de Peter Jackson seront donc l’occasion de chercher les éléments empruntés aux autres livres de la saga de la Terre du Milieu. Emprunts nécessaires destinés à donner plus d’ampleur à ce qui ne fut qu’un ouvrage modeste, dont son auteur lui-même était loin d’imaginer la postérité et le succès mondial.


Alain Lorfèvre



La saga du "Hobbit"

L’action intentée par les héritiers de J.R.R. Tolkien, ou les accusations (démenties) de maltraitance d’animaux sur le tournage, ne sont que les dernières péripéties de la longue saga que fut la production de l’adaptation de "Bilbo le Hobbit".

Dès 1995, Peter Jackson et son épouse Frances Walsh voulaient déjà adapter "Bilbo le Hobbit" au cinéma avec New Line Productions. Mais à l’époque, les droits d’adaptation appartenaient au studio United Artists, qui les avait acquis en 1969. Ils commencèrent donc par adapter "Le Seigneur des Anneaux", dont les droits avaient été rachetés à UA par New Line. Ils espéraient obtenir les droits de "Bilbo" en cas de succès, ce qui fut le cas.

Mais en mars 2005, Peter Jackson a intenté une action contre New Line, affirmant qu’il avait perdu les recettes de merchandising de "La Communauté de l’Anneau", premier volet de la trilogie. Le cofondateur de Robert Shaye fut très affecté par le procès et a déclaré en janvier 2007 que le réalisateur ne dirigera aucun nouveau film pour sa compagnie. Shaye accusa même Jackson d’être trop "gourmand", le qualifiant d’"individu myope et arrogant".

En août 2007, les tensions s’atténuèrent entre le réalisateur et la production, en partie grâce au projet, que les fans et les acteurs n’imaginèrent pas sans lui. La production du film est officiellement lancée en décembre de la même année, pour une sortie annoncée en 2010. Peter Jackson, nommé producteur exécutif, refusa toutefois de réaliser "Le Hobbit", estimant difficile de rivaliser avec sa première trilogie. Le réalisateur néo-zélandais pensait confier l’adaptation à Sam Raimi ("Evil Dead", "Spider-Man"), qui négocia un temps avec New Line. Cette dernière préféra Guillermo del Toro ("Le Labyrinthe de Pan", "Hellboy") qui fut officiellement chargé de la réalisation.

Cependant, le 31 mai 2010, del Toro démissionna de son poste de réalisateur, tout en restant coscénariste. Peter Jackson accepta alors de reprendre la main. Le tournage est ensuite annoncé pour février 2011. Mais le réalisateur est alors victime d’un ulcère perforé, qui nécessita une opération, occasionnant un nouveau retard, d’un mois.

A.Lo.




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