marcu
Marc Uyttendaele
- Membre depuis le 27/12/2006
- Nombre de critiques : 13
Publié le 27 décembre 2006
Ce film est une erreur. Je voulais voir "Je vais bien, ne t'en fais pas", et je me suis retrouvé devant "Je pense à vous". L'erreur était faite. il n'y avait plus qu'à assumer et je me souvenais vaguement de Rien sur Robert, vu à l'époque sans ennui mais dont j'avais tout oublié. Si Bonitzer avait pu lui aussi nous oublier... Il ne nous aurait pas infligé son histoire qui se veut sulfureuse mais qui sue l'ennui, qui s'espère torride et qui n'est que réfrigérante... Edouard Baer, Géraldine Pailhas et Hippolyte Girardot passaient par là, sans anthousiasme excessif. Il reste le petit rôle de Charles Berling qui lui doit être bon, même tout seul dans sa baignoire, mais pas au point de sauver un film perdu dans tous les sens du terme.
Publié le 11 novembre 2003
Un moment de grâce cinématographique pour un de ces films, devenus trop rares, où l'on touche à l'essentiel... Nowhere in Africa est un ode à l'humanité et une célébration de l'humanisme a sens le plus noble du terme. Un homme, juif, allemand, juriste, comprend en 1938 qu'il lui faut partir, qu'il lui faut choisir la survie et que la survie c'est loin, si loin, au Kenya, mais pour lui le Kenya cela demeure l'Angleterre et les racine squ'il y plante sont des radicelles. Sa femme le rejoindra et la fuite est un arrachement. Elle ne veut rien comprendre. Elle ne peut rien comprendre. Le monde implose et elle est encore aux robes de soirées et à la vaisselle de luxe. Sans doute n‘aime-t-elle pas assez son mari. Sans doute n‘est-elle pas assez subtile, mais lorsque, enfin, elle comprend, il n'est plus question de radicelles, mais d'une fusion avec le sol, avec un continent et derrière ce qui paraissait vain et superficiel, se cache une authenticité approfondie. Lui, par contre, trace sa voie, imperturbable et respectable, cohérent jusqu'à l'absurde. Il ne sera pas « africain », mais allemand. Il ne sera pas « juif » au point de penser un départ vers Israël. Il est juif, a été identifié comme tel au point de s'exiler, mais sa terre est allemande. L'histoire s'est trompée et c'est lui qui, envers et contre tout, voudra avoir raison et demeurera allemand au point de faire le chemin à l'envers...
Publié le 11 novembre 2003
Un très beau film, enlevé, puissant, poignant... Il est construit sans concession, sans états d'âme et n'est autre qu'une chronique d'une mort annoncée... Le spectateur sait où l'on va, voudrait que la réalité soit autre, et sait pourtant que l'on ne la plie pas à ses souhaits. Le propos est tiré, en effet, de la réalité, de la réalité sordide de la drogue qui corrompt tout, de la mafia qui s'en nourrit et d'une femme qui a dit non, qui en est morte et qui a gagné sans pouvoir le voir le combat d'une vie. Veronica Guerin est construit comme une tragédie grecque et l'héroïne a la beauté de la sacrifiée. Il est dit que chaque irlandais sait ce qu'il faisait au moment où il a appris la mort de Veronica Guerin. Quant à nous, il a fallu un film pour que nous découvrions son existence. Drôle d'Europe qui demeure si cloisonnée et où le cinéma informe parfois plus et mieux que les médias d'information. C'est le cinéma qui a jeté un coup de projecteur sur Veronica Guerin, héroïne chez elle et inconnue ailleurs. Et c'est une australienne, Cate Blanchett, qui s'est faite irlandaise pour la circonstance, une australienne qui est une grande actrice et qui ose des rôles qui sortent des sentiers battus. Après « Heaven » de Ton Twyker, elle donne ici la mesure immense de son talent.
Publié le 11 novembre 2003
Décidément, j'aime le cinéma de Téchiné, sa subtilité, su pudeur, et ses non-dits... Les égarés ne marqueront sans doute pas l'histoire du cinéma, mais c'est du 'bel ouvrage', ciselé, émouvant, prenant. Téchiné explique sans doute mieux la guerre que nombre de réalisateurs expressionnistes. Il montre et suggère le valeurs qui se confondent, les 'égarements' provoqués par les repères perdus, les appels du corps, les lâchetés aussi face à l'inavouable de soi-même. Emmanuelle Beart est au mieux d'elle-même et Grégoire Leprince-Ringuet, qui joue le rôle de son fils, est bouleversant de justesse. Une femme a traversé la guerre, un bout de guerre entre deux bouts de vie, mais que sera son avenir, elle qui n'a pas osé aller au bout d'elle-même, qui a eu peur de la lumière, qui se retrouve à la fin du film perdue parmi les autres, subitement vieillie ?
Publié le 11 novembre 2003
Savoureux et émouvant, Good Bye Lenin est un film d'auteur, un film qui ne ressemble à aucun autre, un clin d'oeil grave à l'histoire. Une sorte de dissertation sur l'idée selon laquelle l'herbe est toujours plus verte ailleurs. C'est aussi une manière de rappeler aux cinéphiles le ton, la musique intérieure des films venus jadis des pays de l'est : les premiers Forman ou les Wajda. Une sorte de cinéma de résistance paradoxal qui, sans juger, décrit avec humour comment un monde bascule, comment ce qui fut le quotidien de millions de gens s'abolit si vite, en quelques semaines, en quelques jours, comme une trace sur le sable effacée par la mer. Les personnages centraux sont savoureux. Le fils qui, avec ses trucs et ficelles, construit un théâtre vivant pour faire croire à sa mère que rien n'a changé et elle, qui comme dans La Plaisanterie de Kundera, a aimé le communisme à défaut d'aimer suffisamment un homme... Puis, il y a cette scène où le héros, devenu adulte, se retrouve chez son père, à quelques kilomètres de chez lui, mais à l'Ouest, dans un autre monde, sur une autre planète, preuve s'il en est que le mur a eu beau tomber, il est resté là, dans l'âme, dans les conditions de vie, dans ce qui est le plus profond et le plus indéchiffrable