Biographie : Sex-symbol, icône glamour, Marilyn Monroe, star fragile et bouleversante, a vu sa destinée tragique, nimbée d’un voile de mystère, longtemps occulter le talent d’une comédienne sensible et intelligente, comme en témoignent ses films les plus célèbres (Les hommes préfèrent les blondes, Sept ans de réflexion, Bus stop, Certains l’aiment chaud, Les désaxés).

Morte à 36 ans en 1962, dans les circonstances que l’on sait, Marilyn Monroe signe son premier contrat d’actrice en juillet 1946 avec la Fox. Malgré (ou peut-être à cause) du scandale que déclenchent des photos nues (prises antérieurement) que publie d’elle Playboy en 1952, elle devient une star après les sorties successives de Niagara, Les hommes préfèrent les blondes et Comment épouser un millionnaire.

Rivière sans retour, qu’elle tourne ensuite sous la direction de Preminger et avec Robert Mitchum pour partenaire, voit pour la première fois l’actrice entrer en conflit ouvert avec son réalisateur. La joyeuse parade, réalisé la même année, lui vaut les premières critiques négatives de sa carrière. Mais pour Marilyn, ce film marque avant tout sa rencontre avec Paula Strasberg qui la suivra le reste de sa carrière et la découverte de l’Actors Studio.

Sept ans de réflexion, qui lui succède, lui offre son plus grand succès commercial et contient l’une de ses scènes cultes - celle, bien sûr, de la bouche d’aération. Cette réussite au box-office donne aussi à l’actrice, en conflit avec la Fox, l’opportunité de renégocier son contrat à la hausse et la possibilité de pouvoir travailler avec d’autres studios. Bus stop de Joshua Logan, cinéaste adepte de La Méthode, nous montre une Marilyn différente, s’abandonnant avec un naturel confondant à la caresse de la caméra.

La suite sera plus problématique. Après avoir épousé, en troisièmes noces, le dramaturge Arthur Miller en 1956, elle se rend en Angleterre pour tourner Le prince et la danseuse aux côtés d’un Laurence Olivier que les sautes d’humeur et les retards systématiques de la star rendent fou furieux, bien que la jeune femme soit absolument touchante dans le film.

Marilyn prend alors un peu de distance avec sa carrière. Son retour dans les studios ne se fera que deux ans plus tard, à la demande de Billy Wilder (qui a l’appui de Miller), pour le cultissime Certains l‘aiment chaud. Mais l’actrice que retrouve Wilder n’est plus celle d’il y a trois ans. Marilyn, dont les retards se multiplient, souffre du trac, de trous de mémoire et refuse de tourner certaines scènes. Le film constitue, pourtant, l’une des plus belles réussites du cinéaste et l’un des fleurons de la carrière de l’actrice.

Dans Le milliardaire, elle a pour partenaire Yves Montand avec qui elle entretient une liaison. Malheureusement Cukor, qui s’intéresse plus à Montand qu’à elle, la délaisse non sans mépris, le film devenant un nouvel échec dans la carrière de la star. C’est à cette époque, alors même que Marilyn est au sommet de sa popularité, que se manifestent ses premiers problèmes de santé.

Lorsqu’elle entame en juillet 1960 le tournage des Désaxés de John Huston, écrit par Arthur Miller (dont elle est séparée) spécialement pour elle, l’actrice, âgée de 34 ans, se trouve dans un état physique et moral désastreux. Elle a pour partenaires dans ce film Clark Gable (l’acteur dont elle rêvait, enfant, qu’il était ce père qu’elle n’a jamais connu), Montgomery Clift, autre abîmé de la vie, Thelma Ritter et Eli Wallach. Le tournage se déroulera, au gré des absences de Marilyn qui y trouve, comme l’avait espéré son dernier mari, son plus beau rôle à l’écran. Le film, dernier achevé de sa carrière, est aujourd’hui un mythe d’où sourd une émotion qui naît de la magistrale interprétation de Gable, Marilyn et Monty, mais aussi, au-delà de l’ambiance crépusculaire du récit, par le destin tragique qui frappera à tour de rôle les trois comédiens.


(CINEMATEK)