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Philippe Calais
  • Membre depuis le 09/12/2006
  • Nombre de critiques : 2
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Publié le 21 septembre 2008
Après avoir balayé la liste des films à l'affiche du site de Cinebel, je m'étais décidé pour La Fille de Monaco, film facile en apparence, acteurs connus, lieu répertorié, genre traditionnel: un bon divertissement de samedi soir. Ce qui correspondait justement avec le début du film avec ses longs travellings sur la Principauté qui sont comme la première couche transparente du film. Car les miroirs, réels ou figurés, sont nombreux dans le scénario, mais ils ne réfléchissent pas l'image attendue, ils nous "déroutent", nous obligent à traverser les apparences, descendre par ricochets vers la grande surface réfléchissante de la mer, apaisante, l'autre dimension du Rocher. On passe à travers l'image, on se blesse sur la réalité. Evitons les faux reflets, les idées reçues, les protections envahissantes à moins de six mètres, les notoriétés figées, allons droit à l'essentiel: le bulletin météo dans sa fraîcheur biblique, périmètre parfaitement sécurisé! Excellent film donc, maîtrisé, cohérent et efficace. Les éclats de rire qui jaillissent dans l'obscurité de la salle ressemblent aux coups de couteau de Mme Lassale, ils nous libèrent de nos illusions.

Publié le 28 avril 2000
Vu longtemps après sa sortie (un mois) et dans d'excellentes conditions (7 spectateurs dans toute la salle!) j'ai beaucoup apprécié ce film que je reverrai pour mieux en goûter les subtilités, les beautés et les techniques de montage (en fait les fils des différentes histoires sont mêlés comme dans un roman de Robbe-Grillet ou de Claude Simon). La qualité des prises de vue, le chatoiement des couleurs, la vivacité du rythme m'ont littéralement subjugué. C'est un film qui m'a paru 'court' compte tenu de ses ambitions, démontrer progressivement la valeur de la vérité dans les histoires (celles des êtres, des relations professionnelles ou amoureuses) et dans l'Histoire (celle de la société, des spectacles, des média, du passé qu'il soit récent ou ancien). Pas de sensiblerie américaine ou de happy end conventionnel. Ce film adulte propose une réflexion quasi philosophique sur la vie et la mort avec une rigueur d'une simplicité antique. La culture occidentale n'échappe pas à la critique féroce du réalisateur. Ce film étonne, bouleverse, fait rire et réfléchir. Plus touffu et plus riche qu'American Beauty, il n'a été nominé aux Oscars que parce que, me semble-t-il, il s'adresse à un public moins large qu'il traite en adulte. La bande son joue un rôle majeur dans l'histoire, tantôt lancinante tantôt narrative, donnant à l'image une sorte de perspective solennelle et incantatoire. En fait elle participe à la 'chute' généralisée dont la symbolique fait l'objet de nombreuses récurrences: chute des condamnés et du suicidé, chute de la pluie, chute des grenouilles et du revolver, chute des personnages. Gravitation universelle du hasard , des coïncidences, du temps. Seule la vérité, sèche et dure, peut nous sauver des pièges de "ce passé avec lequel nous croyons toujours en avoir fini mais qui n'en a jamais fini avec nous"...
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