Joysurfer

Joysurfer
  • Membre depuis le 01/10/2014
  • Nombre de critiques : 40
Publié le 28 mars 2015
Que de sentiments confus et mitigés après le visionnage de Dear White People. Sans doute parce que c'était politiquement correct de l'approuver, cet ovni particulier a été surévalué par la critique. Etat des lieux des différences culturelles et du racisme dans l'Amérique d'Obama à travers le prisme de la vie estudiantine d'une grande université, DWP tenait un bon pitch et augurait d'un ton intelligent, décalé et référencé bienvenu. Au final, on a un objet plutôt bavard, américanocentriste (de nombreuses références propres aux Etats-Unis branchés rendent le film moins accessible aux européens), parfois amusant mais pas vraiment hilarant, parfois satirique mais pas vraiment corrosif, et au final assez éclaté. Que ce soit dans le montage ou dans le propos. Comme si Simien n'avait pas pu vraiment choisir la posture à adopter lorsqu'on veut survivre ou percer quand on est noir dans un monde dominé par les blancs, en égratignant aussi bien le militantisme fou furieux qui frôle le racisme anti-blanc que le "blackwashing" (vouloir devenir comme les blancs) ou encore ceux qui s'adaptent à leurs interlocuteurs (représentés par le jeune avatar d'Obama). Une absence de parti pris ou de positionnement parfois salué mais qui au final donne une impression de confusion. Et en voulant dénoncer certains clichés, le réalisateur les entretient parfois. Ironique et paradoxal. Restent un habillage pop sympa, une piqûre de rappel utile sur les subsistances raciales aux States et des personnages complexes et nuancés au final plus intéressants que certains des acteurs cabotins qui les incarne. La bande-annonce était peut-être plus plaisante que le film...

Publié le 21 mars 2015
Il est presque étonnant de constater que Selma, du nom de la petite ville où se sont déroulées les marches symboliques pour le droit de vote des afro-américains dans les années soixante, est en réalité le premier film sur Martin Luther King. Il ne s'agit pas d'un réel biopic puisque le récit se concentre sur quelques mois intenses de combat du Docteur défenseur des droits civiques. Le film a déclenché malgré lui une polémique autour des derniers oscars, certains bien-pensants estimant que trop peu de nominations lui avaient été accordées, l'académie n'ayant pas retenu David Oyewolo parmi les cinq nommés à l'oscar du meilleur acteur, pas plus que Ana Du Vernay à celui du meilleur réalisateur, éradiquant ainsi ses chances de devenir la première réalisatrice afro-américaine à soulever une telle statuette. La vraie question est de savoir si les donneurs de leçon étaient cinéphiles et même s'ils avaient vu le film... Car force est de constater qu'aucune injustice ne fut commise. La réalisation est bonne, mais extrêmement classique pour ne pas dire carrément académique. Du savoir-faire, la connaissance des bases pour ce type de reconstitution historique mais pas d'originalité ni de génie. Du Vernay a clairement du potentiel mais devra s'écarter des sentiers battus et insuffler son propre style pour décrocher des récompenses. Et de toute façon, avec Inarratu et Linklater en face, même si nomination il y avait eu, l'Histoire des premières fois n'aurait pas été au rendez-vous cette année. Quant à Oyewolo, il joue bien, mais à nouveau, on ne hurle pas à la prestation époustouflante. Les cinq acteurs nommés en 2015 (Reydmane, Keaton, Cumberbatch, Carell et Cooper) n'avaient de toute façon pas volé leur place. Et si Cooper avait dû être remplacé par un autre, on aurait mieux vu Gyllenhaal (Nightwatch) qu'Oyewolo. Bref, une tempête dans un verre d'eau, inutile et non fondée. Surtout lorsqu'on connaît les oscars, qui n'ont pas hésité à consacrer 12 years a slave et Lupita Nyong'O en 2014. Il faut aller voir Selma car le film a le mérite de nous rappeler que ces temps aberrants, où les citoyens de la plus grande nation d'immigrants au monde n'avaient pas le même accès au vote et à la démocratie, ne sont pas si lointains. King aurait d'ailleurs le sourire en coin s'il avait su que quarante bonnes années après son combat, un certain Obama a su réaliser un autre type d'achèvement. Mais si on a parfois la boule au ventre lorsqu'on assiste à la reconstitution de certaines scènes violentes générées par le racisme sudiste ou quand on entend les répliques haineuses des opposants au vote noir, on regrettera l'aspect trop formaté et classique de Selma. Un film moins fort que son sujet.

Publié le 10 mars 2015
Enième adaptation d'heroic fantasy médiévale, ce 7ème fils n'a rien de totalement honteux si l'on a pas lu les livres, dont il se départit totalement pour déboucher sur une adaptation simplifiée, mainstream et ficelée pour être un produit de pur consommation facile à ingérer. La fan de la saga littéraire hurlera apparemment au scandale tandis que le spectateur novice suivra sans grand déplaisir cette fresque mouvementée, sourira à quelques répliques du vieux bourru alcoolique campé par Jeff Bridges tout en regrettant un pitch usé (un jeune homme ordinaire apparaissant comme l'élu qui peut vaincre le mal sera pris en charge par un mentor) dans un univers ultra vu et revu (dragons, sorcières, goblins,...). On regrettera aussi qu'une fois de plus dans ce type de fiction, le personnage principal soit plutôt fade et ne permette dès lors pas à Ben Barnes de faire grand chose, alors qu'il est bon lorsqu'il peut en interpréter des plus étoffés comme dans Sons of liberty, la mini-série d'History Channel. Julianne Moore, quant à elle, fait le job (alimentaire). Zéro originalité mais si on est d'humeur à assister passivement à ce type de spectacle, c'est pas trop mal fichu.

Publié le 10 mars 2015
Au sein de la très huppée université de Oxford, existe une sorte de société secrète encore plus élitiste, le Riot Club, composée des étudiants anglais censés être les mieux nés et les plus nantis. Lors de leur dîner annuel, ces futur golden boys fils à papa se "lâchent" sans commune mesure au point de transformer les agapes en véritable débauche, se saoulent aux grands crus millésimés, et finissent par tout saccager. Selon eux, tout leur est permis, et un gros chèque viendra régler la situation. Jusqu'au jour où leur sauvagerie mondaine va déraper... Le pitch est prometteur au départ, le contexte est bien installé mais ensuite, le film ne se résume quasiment qu'au dîner en question, conséquence directe de l'adaptation théâtrale. La portée en est ainsi drastiquement réduite, le récit et le scénario également. Avec ce sujet, on aurait aimé plus d'écriture, une mise en abîme plus globale ainsi que le développement des raisons qui poussent ces sales gosses à de tels comportements. Même s'ils sont correctement campés, les personnages plus détestables les uns que les autres n'aident pas le spectateur à s'intéresser à leur orgie en aparte. Même le moins pourri d'entre eux apparaît au mieux comme fadasse, au pire comme le complice consentant des autres. Restent quelques répliques troussées, l'esprit acide dans un climat so british et un certain cynisme qui rendent ce "Riot Dinner" tout-à-fait regardable même si on a l'impression qu'on est passé à coté de quelque chose...

Publié le 10 mars 2015
A travers le biopic de Chris Kyle, sniper le plus "efficace" des Etats-Unis, Eastwood a trouvé le moyen d'explorer des thèmes qui lui sont chers (la guerre, la patriotisme, l'armée, la famille,...) et le chemin du box office. Plus gros succès commercial que d'estime, ce nouvel opus de l'octogénaire le plus prolifique d'Hollywood vaut surtout pour ses scènes d'action et de suspens sur le terrain et démontre tout le savoir-faire de l'inspecteur Harry lorsqu'il a une caméra à la main. C'est efficace malgré les répétitions. L'alternance avec les flashbacks et les tranches de vie familiales qui relatent la vie au pays du héros de guerre est fluide et a le mérite d'effleurer quelques sujets comme la stress post-traumatique, les vétérans mutilés et l'incompatibilité relative entre le rôle de père et de mari d'un navy seal envoyé au front. Par contre, dès qu'on passe chez l'ennemi, il ne faudra pas s'attendre à une quelconque matière réflexive ni à une remise en question de la présence américaine en Irak. On est loin d'un Green Zone ou même d'un Hurt Locker. Il est clair que le box office a dicté les nominations aux oscars... Car au-delà de quelques nominations techniques, cet American Sniper n'en méritait pas plus. Certainement pas une à celui du meilleur film. Et même si Cooper incarne plus que correctement ce patriote très à l'aise avec ses "collègues" mais qui se transforme progressivement en robot taciturne dès qu'il revient auprès des siens, on pourrait peut-être se demander si Gyllenhaal (Nightwatch) ou Oyelowo (Selma) n'auraient pas pu être à sa place. Espérons que l'immense succès commercial au pays de la bannière étoilée suscite des vocations au Paint-Ball uniquement...

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