La Nuit du chasseur

Titre original: The Night of the Hunter
Origine:
  • États-Unis
Genres:
  • Thriller
  • Film noir
Année de production: 1955
Durée: 1h32
Tout public
Synopsis : Un prêcheur inquiétant poursuit dans l'Amérique rurale deux enfants dont le père vient d'être condamné pour vol et meurtre. Avant son incarcération, le père leur avait confié dix mille dollars, dont ils ne doivent révéler l'existence à personne. Pourchassés sans pitié par ce pasteur psychopathe et abandonnés à eux-mêmes, les enfants se lancent sur les routes.
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Avis des internautes du film La Nuit du chasseur

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Publié le 14 juillet 2005
Le rêve est un enjeu majeur de la production cinématographique. C'est sur sa valeur distrayante que s'est dressé l'industrie d'un cinéma qui en a vite fait un objectif constitutif de la réalisation. On se rappelle de la plupart des réalisations de Kubrick, qui a su nous emporter dans les méandres exotiques et monolithique de l'espace sidérale jusqu'aux tortueux rictus d'un Nicholson délicieusement névropathe, en passant par les ambitions d'un jeune irlandais coincé par un univers dirigé par le sang et le grade. Le dépaysement que l'on attend d'une réalisation cinématographique exprime cette quête du rêve que cristallise le cinéma lui-même. Mais si beaucoup de films nous arrachent de notre quotidienneté pour nous jeter, telle une avouée déréliction, dans un univers qui nous est étranger, cela ne suffit guère pour bâtir un film sur un postulat onirique. Le film de Laughton "The Night of the Hunter" nous propulse dans un univers de rêve. Il sonde notre imaginaire pour en traduire les angoisses (et non les peurs) qu'il retranscrit naïvement sur le support du film. Et nous voilà plongé, non pas dans un inhabituel décor qui ferait fi de nos repères quotidiens, mais au contraire, dans l'intimité quasi inconscient de nos représentations et de nos affects. Il fonde le rythme de cette réalisation sur un sentiment d'étrangeté qui traduit l'émergence de nos valeurs refoulées. A l'instar d'un conte, il exprime ce qui nous touche au plus profond de nous. Le manichéisme, traduit par les doigts tatoués d'un Robert Mitchum sidérant et dans son rapport à Shelley Winters, n'est naïf que par le sens que nous lui octroyons, sens qui nous rassure et donne ainsi au film une paisible et étrange proximité. Le symbolisme prégnant à ce film noir construit un univers où la familiarité des antagonismes plonge le spectateur dans la torpeur de la sécurité. L'ouverture du film nous l'indique: nous pénétrons dans un univers onirique où la peur elle-même n'est qu'un simple rêve. C'est un chef-d'oeuvre dont il faut impérativement encourager la diffusion: véritable miroir de la nature psychique et intime de l'homme, "The Night of the Hunter" nous fait la démonstration que l'expression binaire du chasseur et du chassé, modèle auquel nous participons tous, n'est qu'un subtil transfert de ce que nous sommes tous. Des êtres fait d'amour et de haine.
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