Chut, chut, chère Charlotte

Titre original: Hush... Hush, Sweet Charlotte
Origine:
  • États-Unis
Genres:
  • Thriller
  • Horreur
Année de production: 1965
Durée: 2h11
Tout public
Synopsis : Quelque part en Louisiane. Depuis bientôt quarante ans, Charlotte Hollis vit recluse dans l’immense maison dont elle a hérité de son père, théâtre omniprésent dans son esprit malade de l’assassinat sauvage de son amant à coups de hache. Soupçonnée par beaucoup d’être la meurtrière, toujours sur le fi l du rasoir entre raison et folie, Charlotte s’oppose violemment à son expulsion de la propriété que doit traverser une autoroute.
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Publié le 11 juillet 2011
1964 : Fort du succès de Whatever Happened To Baby Jane, le producteur-réalisateur Robert Aldrich prend les mêmes et recommence : adaptation d'Henry Keller, histoire d'une séquestration et d'une vengeance fratricide aux sous-entendus saphiques lourdingues, déchéance de stars vieillies qui se déchirent (surtout Bette Davis), style barocco-gothique ouvertement Grand Guignol, paroxysme exacerbé de chaque scène, bref : un monument de « laideur agressive » (Courdoson-Tavernier). Évidemment, il y a une certaine gêne à voir Aldrich, autrefois réalisateur de The Big Knife, Vera Cruz et Kiss Me Deadly (trois cinglants coups de couteau à leur époque), faire fructifier un tel fond de commerce rance reposant sur la seule force motrice de sa mise-en-scène et sur autant de bassesse et de facilités commerciales. Mais cela serait encore pardonnable si le film n'était si épouvantablement daté, déforcé par un usage du zoom qui fait très amateur, des velléités de pastiche d'Hitchcock qui étaient déjà ringuardes à l'époque, un surdécoupage de la moindre montée d'escalier qui fait frôler le ridicule autant que la crise de nerfs. Après une introduction intrigante, mais expédiée narrativement, le récit s'embourbe dans une caractérisation de personnages d'un ennui scolaire très appliqué pour un tel mauvais élève qu'Aldrich, embourbé dans des intrigues secondaires inintéressantes au possible, des dialogues informatifs dont le spectateur n'est pas dupe, un potentiel d'ironie dramatique trop peu exploité (les machinations du couple Cotten-De Havilland sont dévoilées très tard). Le dernier acte, particulièrement, se traine lamentablement malgré ses rebondissements téléphonés à répétition, après un très réussi flashback/hallucination, un des beaux moments plein d'ambiance du film, jusqu'à excessiviser l'énergie d'une mise-en-scène déjà épuisante de stakhanovisme. A-t-on réellement envie de voir une actrice de la classe de Bette Davis rouler des yeux en gros plan comme dans une vulgaire pantomime ? Aldrich, sous prétexte de catharsis, la traine dans la boue et dans le ridicule le plus vil, sous prétexte de psychanalyser le spectateur avec sa rage coutumière. Mais quand 1964 est l'année où sortent aussi Le Desert Rouge d'Antonioni, L'As de Pique de Forman, L'Evangile Selon Saint-Matthieu de Pasolini ou Le Journal d'Une Femme de Chambre de Bunuel, la maison des Hollis apparait comme le système hollywoodien : décrépi, sentant le renfermé et incapable de s'ouvrir au monde, précipitant sa propre chute avec des produits auto-parodiques faisant de pareils appels du pied aux bas instincts de son public.
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