Moolaadé

Origines:
  • Sénégal
  • France
Genre:
  • Drame
Public: Tout public
Année de production: 2004
Date de sortie: 09/03/2005
Durée: 1h57
Synopsis : Dans le Burkina Faso d'aujourd'hui, quatre fillettes trouvant refuge chez une Antigone de village, combattant l'excision rituelle. Le combat militant d'un cinéaste de 81 ans contre une coutume toujours en vigueur dans 38 contrées d'Afrique.
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Avis des internautesdu film Moolaadé

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Publié le 20 mars 2006
ce film est un bon sujet qui dénonce les anciennes coutumes qui malheureusement sont encore d'actualité dans certaines pays. On découvre l'horreur de cet acte et les conséquences qu'il peut avoir. Stopper les douleurs inutiles.

Publié le 15 avril 2005
Après le Fespaco et la sortie de MOOLAADÉ (Sembène Ousmane: Sénégal/France/Burkina Faso/Cameroun/Maroc/Tunisie 2004 - 117') de la part de Bruno Bové, membre de l'équipe organisationnelle de l'AFF (Afrika Filmfestival) à Leuven (Louvain), Belgique www.afrikafilmfestival.be Si "Moolaadé" a été consacré "le meilleur film étranger de l'année 2004" par The National Society of Film Critics (48 critiques provenant de médias majeurs aux USA), ailleurs dans le monde il y a parfois sous-estimation de ce chef-d'oeuvre. En 2004 à Cannes, "Mool-aadé" avait bien reçu une ovation et le premier prix, mais c'était dans la section "Un Certain Regard". Car, pour la septième année consécutive, aucun film africain n'y était repris dans la compét-ition officielle. Ce qui n'a pas manqué de provoquer une polémique, de nombreux critiques ne comprenant pas cet état de fait pour l'un des films les plus acclamés lors du festival. Lors du récent FESPACO (Festival Panafricain de Cinéma de Ouagadougou, du 26/2 au 5/3/2005) - auquel l'auteur de ce commentaire a assisté - le cinéaste de "Moolaadé" n'avait pas donné son film en compétition, mais il y a néanmoins reçu un Prix Spécial. Le verdict final appartenant aux femmes africaines, voici néanmoins quelques réflexions, principalement au niveau du thème et de la façon dont il est traité, voulant placer l'enjeu de "Moolaadé" à sa juste hauteur. De la part d'un européen masculin, simple cinéphile à ses heures, dont le souci quotidien n'est évidemment pas l'excision des femmes en Afrique. Mais qui, malgré tout, a été bouleversé jusqu'aux entrailles par "Mool-aadé". L'émotion dans "Moolaadé" n'excluant pas, mais au contraire stimulant la réflexion. PURIFICATION OU SOUMISSION? Des artistes de son âge ont bien souvent tendance à se pencher sur leur vie écoulée et ... ses occasions manquées. Rien de tout cela chez Sembène: incroyable comment, à 81 ans, cet homme continue à se préoccuper du sort de l'Afrique et s'éclipse devant les problèmes du continent. Mais, voyez, comme la situation africaine est plus pénible que jamais, cette fois-ci Sembène Ousmane semble estimer que tendre un miroir aux spectateurs, leur laissant le soin d'en tirer leurs propres conclusions, ne suffit plus. Il ne nous épargne aucun obstacle mais, loin de tout cinéma de "pancarte", il finit par nous enthousiasmer et démontrer que des victoires sont possibles. Ce qui donne un film incroyablement riche, qui élargit et dépasse d'ailleurs allègrement les seuls thèmes de l'excision et de la libre expression des femmes. Sembène a dit que dans son film deux valeurs entrent en collision: la valeur du "moolaadé" contre la valeur "traditionnelle" de l'excision. Dans sa perception, également explicitée dans le film, l'excision des femmes date déjà d'avant Jésus Christ ou Mohammed et elle n'a été instaurée que pour maintenir les femmes dans une position de soumission. A la "tradition" s'oppose le droit d'asile ou le droit de protéger les faibles (le titre anglais pour "Moolaadé" est "protection"), selon Sembène une valeur aussi vieille que l'humanité elle-même. Mais qui dans le film ne tombe pas du ciel: Collé, elle-même excisée, accueille 4 petites filles fuyant leur excision imminente, parce qu'autrefois elle a fait exciser une de ses filles et l'a vue mourir (son autre fille, entretemps devenue une ravissante jeune fille, est "impure" car non excisée). Un sort qu'elle veut désormais épargner à tout le monde. Au fond, chaque personnage du film sait que l'excision va toujours de pair avec des victimes mortelles. Mais chacun doit personnellement décider s'il se soumet ou non à la "tradition" et dans le film les femmes ne s'y opposent pas du tout en bloc. UNE GARCE D'AFRIQUE OU UNE AFRIQUE EN LUTTE? L'épreuve entre les partisans et les adversaires du "moolaadé" passe notamment par une séquence, dans laquelle le conseil du village ordonne le mari de Collé à fouetter publiquement sa femme afin qu'elle mette fin au "moolaadé". Jusqu'au moment où un homme appelé Mercenaire n'y tient plus. C'est un ancien legionnaire devenu commerçant ambulant, ayant donc amplement vu le monde extérieur, pour qui toutes ces pratiques relèvent de ce qu'il appelle une "garce d'Afrique!" Au FESPACO, Samba Gadjigo, qui travaille actuellement à une biographie sur le cinéaste (dont une première partie devrait paraître encore cette année-ci), nous a dit que dans les films de Sembène Ousmane, de formation marxiste, ce sont aussi bien des éléme-nts endogènes qu'exogènes qui font bouger les choses. Contre toutes les coutumes, l' "élément exogène" au village qu'est Mercenaire arrache le fouet des mains du mari de Collé. La partie est pourtant loin d'être gagnée car durant la nuit Mercenaire sera chassé du village et assassiné. Entretemps la séquence se termine discrètement sur Collé qui, encore titubante et soutenue par ses proches, suivies en silence d'une floppée d'autres femmes, quitte les lieux. Mais tou-jours au FESPACO, ce qui pour un public européen semble être une simple clôture de la séquence, provoqua des applaudissements et cris victorieux massifs. Le public ayant immédiatement perçu que le flambeau de la révolte latente, avait été passé! L'ANCIEN ET LE NOUVEAU Le conseil du village et les traditionnalistes iront jusqu'à confisquer les postes de radio des femmes. Dans la toute dernière séquence, la caméra parcourt le tas de radios encore brûlant et finit par monter, lentement, le long de la façade de la mosquée. Jusqu'avant le sommet du minaret. L'ultime plan: l'une ou l'autre babiole sacrée attendue, parce que précédemment le film nous l'a montrée et en a parlée, est soudain remplacée par une antenne de télévision (lors de sa projection au FESPACO, à nouveau des cris de joie). FIN. Cette antenne de télé ne peut qu'être parvenue là par la voie du fils du chef du village. Cet autre étranger au village, que nous avons dans une longue séquence, cette fois amusante, déjà vu revenir chargé de cadeaux de Paris - c'est la mondialisation qui fait son entrée! Mais que signifie cette image? Le village ne peut être éternellement isolé du monde extérieur et du progrès technique, mais est-ce une garantie pour le progrès de la condition de la femme, est-ce que Sembène compte sur cela? Ce dernier plan peut signifier que le pouvoir du chef de village traditionnel est relayé par celui de son fils formé à Paris. Pour Sembène il n'y a pas de fatalisme, mais il n'y a pas non plus de victoire définitive. Son film contient très clairement un conflit entre l'ancien et les aspirations du peuple pour un futur meilleur. Mais pour Sembène il n'y a pas de point miraculeux ou de passage définitif du périmé au nouveau et moderne. Le nouveau ne naît pas en dehors de l'ancien, mais le nouveau ne continue-t-il pas à porter de l'ancien en lui? La technique moderne peut servir à actualiser aussi bien le "moolaadé" que la tradition. Ce à quoi elle sera employée dépend des rapports de force et de la mobilisation populaire. Seule, Collé Ardo n'au-rait jamais gagné sa cause, mais sans son initiative courageuse et déterminée les autres n'auraient pas bougé. Sembène incite toutes les femmes d'Afrique à suivre l'exemple de Collé et à prendre leur sort en propres mains! L'HÉROISME AU QUOTIDIEN Ce n'est grâce à l'accumulation de plusieurs forces et facteurs que Collé finit par gagner la partie. En d'autres mots, il n'y pas ici l'un ou l'autre Zorro ou, comme dans un Western, un duel à revolvers ou une autre ultime épreuve salutaire entre le bon et le mauvais, qui vient faire basculer les choses dans la bonne direction. Sembène ne prêche pas non plus de victoires faciles et on réalise qu'il s'en fallait de peu où ce seraient les traditionnalistes qui auraient pu faire valoir leur volonté. Malgré la violence physique que les adversaires de l'excision doivent affronter, il ne s'agit pas non plus d'une Collé qui devrait faire face contre une armée, comme dans "Camp de Thiaroye" (1988, cet autre chef-d'oeuvre de Sembène, sur les tirailleurs sénégalais aux prises avec l'armée frança-ise)! "Moolaadé" ne traite pas de contradictions de ce calibre, mais de contradictions présentes parmi les gens du peuple et entre les valeurs africaines, à laquelles ils adhèrent. Qui n'en sont pas pour autant moins importantes. Sembène ne caresse pas l'illusion de l'une ou l'autre culture africaine mythique et pure. En effet, comme toutes les cultures en ce monde, celle d'Afrique également est un mélange de valeurs asservissantes, en fin de compte au profit des intérêts domi-nants de cette planète, et d'autres libératrices. Une tension ne pou-vant qu'être définitivement résolue une fois les peuples libres de leur destinée. Entretemps, selon ce que les gens en font le résultat est soit une "garce d'Afrique" soit une Afrique solidaire dans la lutte. Sur l'excision des fem-mes, d'autres films ont été faits en Afrique, mais je n'ai aucun souvenir d'un film d'une telle richesse et d'une telle force. Selon ses dires, Sembène a avec "Moolaadé" fait son "film le plus africain" (on pourrait dire aussi son "film village") et malgré cela c'est le film le plus accessible qu'il ait jamais fait! On sort avec un tas de questions, mais pour la bonne raison que, partout en ce monde, tout un chacun peut s'y reconnaître. Même des enfants peuvent le voir! Tandis qu'un pays comme le Japon, qui n'achète presque de films africains, n'a pour "Moolaadé" pas hésité de le faire. PAR ET POUR QUI? Le sénégalais Sembène Ousmane a situé son film au Burkina Faso. Où une loi récente interdit désormais l'excision des femmes. Les afri-cains progressistes appuient l'interdiction légale, mais certains font valoir que si elle n'est pas accompagnée d'un travail intense de conscientisation, l'excision risque de se passer en cachette, donc d'empirer la situation. Dans "Moolaadé" il est clair que Sembène compte avant tout sur une véritable mobilisation populaire pour faire disparaître cet héritage d'une époque révolue. Quelques heures après avoir terminé à Rabat au Maroc le sous-titrage du film, Sembène a déjà été interviewé par son biographe Samba Gadjigo. Question: "Plus de 38 pays africains pratiquent l'excision des femmes. Pourquoi donc avoir choisi le Burkina Faso et Djérisso?" Réponse: "J'aurais pu le tourner ailleurs, mais je cherchais un village répondant à mes désirs créatifs. J'ai parcouru des milliers de kilomètres. Je suis allé au Burkina Faso, au Mali et en Guinée-Bissau. Mais en voyant ce village je savais que c'était le village qu'il me fallait! En plus, il y avait au milieu de ce village cette mosquée unique, sans aucune influ-ence extérieure. Voilà pourquoi Djérisso". Sembène dit aussi que pour lui un des plaisirs lors de la confection de "Moolaadé" a été d'avoir "travaillé avec une équipe venue du Maroc, de la Côte d'Ivoire, du Bénin, du Mali, du Burkina, de la France et du Sénégal. Maintenant que nous venons de le terminer, j'attends voir la réaction de mon peuple à ce film. Il ne m'appartiendra plus après". Question: "Si vous aviez voulu faire le travail de postproduction en Europe, en France, vous auriez pu le faire. Mais Rabat, pour-quoi le Maroc?" Sembène: "Ce n'est pas ma première expérience marocaine. J'ai déjà fait tout le travail de "Faat Kiné" au Maroc. Montage, sonorisation, etc. Ma fierté c'est de pouvoir dire que "Moolaadé" est né sur le continent et du continent. Peut-être que je pourrais faire comprendre aux cinéastes africains, aux plus jeunes, que sans sortir du continent nous pouvons créer tout ce dont nous avons besoin". Le Sénégal n'a désormais plus de salles de cinéma? Sembène, cette fois dans L'Humanité, du 15/5/2004: "C'est pourquoi je fais du cinéma forain. Je pose des questions et le public répond. Je parle dans toutes les petites radios de village. Ca fait bouger les populations. En Afrique, on ne fait pas du cinéma pour vivre mais pour communiquer. Pour militer". 4/4/2005
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