Vous n'avez encore rien vu

Origine:
  • France
Genres:
  • Comédie dramatique
  • Fantastique
Public: Tout public
Année de production: 2012
Date de sortie: 26/09/2012
Durée: 1h55
Synopsis : Antoine d'Anthac, célèbre auteur dramatique, convoque par-delà sa mort, tous les amis qui ont interprété sa pièce "Eurydice". Ces comédiens ont pour mission de visionner une captation de cette oeuvre par une jeune troupe, la compagnie de la Colombe. L'amour, la vie, la mort, l'amour après la mort ont-ils encore leur place sur une scène de théâtre ? C'est à eux d'en décider. Ils ne sont pas au bout de leurs surprises...

Vidéodu film Vous n'avez encore rien vu

Actualités du film Vous n'avez encore rien vu

Alain Resnais, 80 et 10 ans - Entretien

Le cinéaste français est un vieil homme et un gamin. “Vous n’avez encore rien vu”, un titre à interpréter comme l’œuvre de l’auteur de “Mon oncle d’Amérique”.

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Avis des internautesdu film Vous n'avez encore rien vu

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Publié le 11 novembre 2012
Le film est une construction intellectuelle remarquable, autour de l'histoire d'Orphée et Eurydice jouée et rejouée par des générations d'acteurs rassemblés par Resnais. Cependant, le film ne dépasse que rarement cet intellectualisme pour s'incarner et aller vers le spectateur, qui ne peut, dès lors, qu'admirer froidement.

Publié le 30 octobre 2012
Si l’on est emporté au début par l’abandon total des acteurs dans le jeu qui leur est proposé cela commence à coincer quand le jeu devient dramaturgie. Assez rapidement on se retrouve devant ce fait incompressible, l’émotion théâtrale ne passe pas au cinéma. On a beau comme Resnais usé d’un dispositif ingénieux, le texte prend trop de place et rend superflu toute mise en scène. Resnais a tenté le pari fou de mélanger la subtilité du cinéma avec l’expressivité sans retenue du théâtre. Quand bien même c’est l’acteur en tant qu’être vibrant qui est visé il n’en reste pas moins un acteur qui joue un texte, et c’est ce même texte qui prendra toujours le dessus. Si l’on n’est pas dans le simple théâtre filmé on est dans un genre hybride, mort-né comme toutes les tentatives de conciliation entre le théâtre et le cinéma.

Publié le 4 octobre 2012
Bien entendu, ce nouveau Resnais n'a rien du « théâtre filmé ». Il n'a pas grand chose à voir avec les approches les plus connexes de Resnais à ce sujet, que ce soit Mélo, Smoking/No Smoking ou Pas Sur La Bouche et ne ressemble pas plus au Prénom, le petit boulevard-TF1 en conserve qui a inexplicablement eu son succès public récemment. « Bien entendu » seulement, car ce film l'est souvent mal (entendu) : pour relever ce qu'il a de plus beau en lui, il faudra fermer les yeux, et écouter : jeu d'échos, d'hésitations et de reprises, où la mémoire (grand sujet resnaisien) joue des tours (à Anny Duperey), ressasse, recrée. Cette qualité formelle, ce jeu sur la granulométrie des voix, leur timbre, leur façon de s'incarner dans l'air puis de s'enfoncer sous terre prime ici, ne pas la remarquer, c'est rater son point d'accès au cœur de la dramaturgie d'Anouilh. Le fond de ce film est assurément la voix humaine, en tant qu'elle est la limite d'humanité dans un monde de marbre sans celluloïd, la pointe courte du désir. La voix d'un jeune acteur, rendue métallique par la captation vidéo, devient une chaleur légèrement hésitante avec Michel Piccoli. Une même réplique chez une Eurydice de vingt ans est contrite dans les sanglots fébriles d'Anne Consigny, les hauteurs de Sabine Azéma. On peut se moquer, c'est toujours aussi facile, mais la transition est dramatique. Les mots n'ont pas changé, leur sens oui, la science aussi, l'expérience : radicalement, l'âge : tragiquement. Au-delà d'un certain ennui poli soulevé par une part de la critique, et même chez les ardents défenseurs de l'auteur de Je T'aime, Je T'aime (1968) et L’année Dernière à Marienbad (1961), personne ne semble avoir relevé cet intérêt majeur qui rapproche le film des expériences de Syberberg avec Edith Clever, leurs Parsifal (1983), Die Nacht (1994) & Die Marquise Von O. (2000), qui se déroulaient déjà moins sur une scène que dans la Black Maria originelle d'Edison. Le décor de Vous N'avez Encore Rien Vu n'arrête pas de subir compositing numérique, torsions et redéfinitions (gare, quai de gare, chambre, coin de forêt) particulièrement oniriques. Resnais ne pratique pas le cinématographe bressonien, mais dire que ces adaptations d'Anouilh ont quoi que ce soit à voir avec le théâtre (hormis le texte d'origine et une certaine technique d'acteurs) ne résiste pas à un examen un tant soi peu sérieux. Les décors changent à la faveur d'un morphing numérique, le gros plan rend palpable la technique d'un Pierre Arditi ou Sabine Azéma (pour ne citer que les plus remarquables), les faux raccords changent sans cesse les acteurs et leurs personnages de place dans le salon et Resnais repousse avec eux sa direction dans un jeu où les outrances, le léger cabotinage de chacun est façonné, modelé pour la caméra, seul « public » du cinéma, appareil froid et non présence humaine vivante (public de théâtre). L'imbécile notion de « théâtralité », fondée par des critiques paresseux, y prend même pour son grade. A Cannes, le film a pris tout le monde a rebrousse poil, dès son générique téléphoné avec son graphisme digne d'un film de kung-fu avant d'être immédiatement minoré comme une folie d'un grand metteur en scène, mais anodine. Le public de Cannes est bien « le pire public du monde », et croit surpasser Resnais en charme de la mort en l'embaumant dans ses révérences pré-posthumes. Le véritable problème critique autour de Resnais est d'ailleurs ailleurs. Il réside plutôt dans cette « fatigante valse-hésitation des critiques qui n'osent jamais dire que Resnais est un auteur important-mais-sinistre ». Daney écrivait ça en 1989, et c'est toujours valable (le macabre chez Resnais a pris des proportions ahurissantes : souvenez-vous des finales de Cœurs, Les Herbes Folles). « Vous n'avez encore rien vu » est un soleil noir, qui darde très fort de puissants rayons, créant du dispositif (salle avec spectateurs/projection) une dialectique moquerie-révérence envers la mort (du cinéma et au cinéma : « Mon film nait une première fois dans ma tête, meurt sur papier ; est ressuscité par les personnes vivantes et les objets réels que j’emploie, qui sont tués sur pellicule mais qui, placés dans un certain ordre et projetés sur un écran, se raniment comme des fleurs dans l'eau. » Robert Bresson). Chaque acte se clôt par une mort, invariablement. En « troussant » le gant à l'envers (la caméra étant braquée sur le public, qui est aussi les comédiens, c'est-à-dire ceux qui d'ordinaire sont à l'écran), Resnais résume simplement un amour vivant, passionné pour sa troupe mais aussi sa célébration de la douceur et du plaisir de la mort. Même le rebondissement consistant à révéler que Danthac n'est pas mort est fondu au noir avec sa musique jazzy de Mark Snow pour être projeté dans une de ces accélérations mortifères du récit dont Resnais fait une science de l'épilogue depuis trois films. Cette fission est possible parce que le film de Resnais est situé au-delà de la mort, comme les épilogues de Cœurs (2006) ou des Herbes Folles (2009), ces avancées excitantes et terrifiantes au bord du gouffre (au bord du cinéma), par delà lesquelles, c'est certain, il n'y a pas de lumière mais juste d'insondables ténèbres où résonne encore avec un peu d'écho la voix d'une petite fille qui demande à sa mère : « Quand je serai un chat, est-ce que je pourrai manger des croquettes ? ». Resnais est terriblement proche de l'écriture du désastre décrite par Blanchot, voire du désastre lui-même. Son film est situé dans une forteresse à l'ambiance d'une ère post-atomique, un funérarium aux parois duveteuse, ouatées, où la voix est absorbée. Peu de cinéastes ont aussi bien exploité la pulsion de mort du spectateur de cinéma pour la sublimer. Un linguiste s'amuserait à dessiner une petite chaine, la séquence resnaisienne : prose - proposition – prosopopée – épanorthose – palinodie – poésie. Voilà le trajet de quelques unes ses fictions depuis Providence (1977) au moins. Non seulement nous n'avions encore rien vu mais ce film vient nous dire que nous n'avons rien vécu. Il serait temps.

Publié le 2 octobre 2012
Une torture auditive pour les spectateurs souffrant de mémoire à court terme. Notre critique : http://lepasseurcritique.com/critique-film/vous-n-avez-encore-rien-vu.html
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