Twixt

Origine:
  • États-Unis
Genres:
  • Fantastique
  • Horreur
  • Romance
Public: Tout public
Année de production: 2012
Date de sortie: 11/04/2012
Durée: 1h31
Synopsis : Un écrivain au succès déclinant arrive dans une petite ville à l'occasion d'une tournée de promotion. Il découvre qu'un meurtre mystérieux impliquant une jeune fille s'est produit. Une nuit, en rêve, un fantôme nommé V lui raconte une étrange histoire, qui pourrait avoir un rapport avec le meurtre. Il sera surpris d'apprendre que certaines des réponses à ses questions se trouvent dans sa propre vie...

Avis des internautesdu film Twixt

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Publié le 26 avril 2012
Ce qui frappe d’emblée dans Twixt c’est sa sidérante beauté. L’esthétique est chez Coppola, plus que chez tout autre, le point central de la mise en scène revendiquant ainsi un certain classicisme. C’est ce souci esthétique qui domine le film plutôt que l’intrigue, les personnages ou un sens caché quelconque (même si VB nous rappelle qu’il y a une tragédie personnelle derrière tout ça). Tout est d’ailleurs d’une extrême clarté ici et le film se joue étrangement au présent, sans attente véritable, puisque c’est la fascination visuelle qui nous tient en aleine de bout en bout. C’est même avec une dilettante certaine que Coppola mène son film, se jouant de toute progression narrative tant celle-ci serait de trop dans un écrin d’une telle beauté. Ainsi on navigue entre rêve et réalité, roman et histoire personnelle, passé et présent avec une facilité qui enlève tout esprit de sérieux et qui fait cependant cohérence. Car dans les scènes ultimes tous ces points de vue seront mélangés jusqu’à nous faire accepter une réalité finalement aussi sordide qu’anodine. Cette fin qui frise le pastiche sera le point d’orgue de cette mise en abîme qui tend tout le film : il faut une fin en béton (l’expression Bullet proof étant plus drôle) demande l’éditeur, une fin n’est qu’une triste nécessité répond Coppola qui nous livre comme un pied de nez la fin la plus triviale qu’on puisse imaginer.

Publié le 21 avril 2012
Coppola implante dans une petite ville imaginaire de province (Swan Valley) la voix caverneuse d'un Tom Waits assurant l'apparence du conte à ce qui défile : précisément le paysage, en vue latérale de la voiture de Hall Baltimore, écrivaillon de troisième zone, venu dédicacer ses romans horrifiques dans la... quincaillerie locale (à défaut de librairie). Ce sera le seul mouvement (de caméra) du film, qui va dès lors stagner dans les eaux poisseuses et lourdes d'une bourgade où aucun temps n'a de sens (les sept horloges du beffroi indiquent toutes une heure différente), où même « keep tracking time is pointless ». Cette prison à ciel ouvert ne tarde pas à se changer en paysage mental de l'auteur, et Coppola inflige au film de genre des coups de boutoirs mémorables et fatals qui consistent moins à briser les clichés qu'à les détourner (« La meilleure subversion ne consiste-t-elle pas à défigurer les codes plutôt qu'à les détruire ? » se demandait Barthes dans ses essais de "Sade, Fourier, Loyola"), les pervertir, les amalgamer en descendant dans le maelström de la mémoire qui, inspiration autobiographique et familiale oblige, ne peut que murmurer avec toute l'impudeur de l'imagination « un inarticulé discours du cœur » : la douleur d'un deuil irréparable. Ironique (« there's a great twist ending » assure le shérif), (auto-)parodique (le poussif Dracula de 92 y est dévoyé esthétiquement), paradigmatique, le récit poursuit une série de traces inconscientes (le sommeil de l'écrivain) qui emprunte à Lynch les scènes à la morgue et à Wes Craven les cadres basculés et les flots d'hémoglobine. Mais il ne faut pas aller voir Twixt sans connaitre un champ aveugle de la vie de son cinéaste : le décès de son fils Gian-Carlo dans un accident de hors-bord alors que Coppola tournait Gardens of Stone en 1986. Brûlants d'évidence, magnétisés, les matériaux sont là, si disparates qu'ils soient, et peuvent s'agencer librement : la nuit, le rêve, les vampires, les virginales enfants en robe blanche, bientôt emmurées vivantes, l'astre Poe, le lac à ne pas franchir, le pont de pierre, la musique aux xylophones euphorisants de Dan Deacon contre les cordes de Osvaldo Golijor, le southern gothic contre le romantisme complaint d'Edgar Allan Poe, etc. Les arabesques et enchevêtrements de ces « motifs » créent une richesse thématique, plastique et émotionnelle impossible à décrire ici tant on ne ferait que la réduire au palimpseste littéraire fantastique qu'ils écrivent à chaque seconde, contre l'anecdotique récit-prétexte qu'ils font mine d'organiser. Ainsi, on suit davantage les aventures numériques ultraviolettes du chef-opérateur Mihai Malaimare Jr. au fil de nuits américaines débordées d'invention ou les facétieux split-screens où Baltimore s'entretient avec sa harpie d'ex-femme que le whodunit autour de la petite Virginia (Elle Fanning). Personne n'est aussi libre ; personne n'est aussi jeune dans le cinéma américain actuel que Francis Ford Coppola. Mais il faut saisir que ces innovations ne forment que le masque qu'il porte pour retarder l'affrontement avec sa propre conscience ; lorsqu'il arrive -sur la falaise, c'est une confession d'une humanité et d'une émotion indicible. Certes, Twixt est déconcertant parce qu'il s'agit bien d'un film d'horreur, ou plutôt : de terreur, mais jamais de la terreur attendue, et qu'il renverse avec malice les passages les plus attendus du genre et les attentes du spectateur. En ce sens, c'est l'anti-film BIFFF. Pas la terreur de son gothique de folklore, mais celle de la perte à laquelle aucun parent ne devrait être confronté : celle de voir mourir et enterrer ses enfants. On ne peut que se réjouir qu'une œuvre se dérobe de façon si amusée aux diktats du formatage du genre et de sa réception, qui plus est pour toucher à un fond de vérité humaine rarement atteint. Un artiste -et quel artiste!- convoque de son passé la honte qu'il éprouve et se confesse en public à cœur ouvert. Ça n'arrive pas tous les dix, pas tous les vingt ans au cinéma. Après cette expression ultime, rien ne peut plus passer : le masque est brisé et le film doit s'arracher dans un twist à la Shining un peu court, avec un humour en forme de désespoir poli. On aura traversé entretemps les visions éclatantes d'un père et grand-père alerte, inspiré comme rarement au-delà de toute considération kitsch (les ralentis) qu'on pourrait repousser d'un revers de main : à ceux qui l'ont vu ou le verront, n'évoquer que l'élévation de Virginia meurtrie dans les airs ; Virginia encore -Elle Fanning enfin filmée comme la petite fille qu'elle est par un regard bienveillant- frappant de ses chaines contre l'arbre ; son rapt en moto par Flamingo avant qu'il ne l'embrasse dans le cou (à deux doigts du ridicule, mais terrassant de romantisme maladroit), ou la scène hilarante du « no fog on the lake », improvisation débridée de Val Kilmer que Coppola contrecarre en la précipitant vers le souvenir de sa fille décédée. Premier film majeur de 2012, Twixt invite à laisser le recul cinéphilique et la distance du goût (bon ou mauvais) à l'entrée avec le pop-corn. La honte, la douleur de vivre, le deuil y sont jugulés dans ce geste poétique mélancolique ("nevermore") qui fait briller d'outre-tombe l'encre des écrivains solitaires et le sang des petites filles.

Publié le 13 avril 2012
Peu habituée à ce genre de film, je découvre. Malgré qqes scènes un peu (bcp) kitsch, j'ai aimé cette façon d'aborder 2 univers bien distincts: réalité terne et rêves noir et blanc où le mystère règne, où l'ambiance étrange se dépose sur vos épaules comme la brume sur le lac. Bel effet. D'après les critiques, la référence aux premiers longs métrages de FFC est bien présente. Je sais ce qu'il me reste à faire :) ps: mais où est passé le séduisant Val Kilmer de mon jeune temps ? arghhhh
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