L'Apollonide - souvenirs de la maison close

Origine:
  • France
Genre:
  • Drame
Public: À partir de 16 ans
Année de production: 2011
Date de sortie: 21/09/2011
Durée: 2h05
Synopsis : A l'aube du XXème siècle, dans une maison close à Paris, une prostituée a le visage marqué d'une cicatrice qui lui dessine un sourire tragique. Autour de la femme qui rit, la vie des autres filles s’organise, leurs rivalités, leurs craintes, leurs joies, leurs douleurs... Du monde extérieur, on ne sait rien car la maison est close, mais à l’intérieur de ses murs tout est possible.

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Photos du film L'Apollonide - souvenirs de la maison close

Actualités du film L'Apollonide - souvenirs de la maison close

Une Noémie Lvovsky parmi d’autres : interview

L’Apollonide est un film de sensation, pas un film à thème positionné autour d’une question, style “faut-il ou non rouvrir les bordels ?”

Avis des internautesdu film L'Apollonide - souvenirs de la maison close

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Publié le 19 octobre 2011
L'Apollonide est un portrait de femmes en groupe qui ne vire jamais à l'écueil du film choral. D'abord parce qu'elles sont trop proches pour être isolées par la caméra (trop éloignée, indolente, rêveuse comme l'écrit Accatone), que leur danse, le ballet de leurs corps chorégraphié par la langueur et l'ennui, la peur et l'abandon est la promesse vénéneuse et sacrificielle d'une jeunesse gâchée dans les contrastes sépia de Josée Deshaies qui soufflent le chaud et le froid sur cette prison mordorée. Ce n'est pas une aération renoirienne qui viendra balayer d'un vent neuf ces prisonnières du désert rouge, ce contrechamp fané à la Maison Tellier du sublime Plaisir de Max Ophüls (1952). Grand film sensitif : ça sent le renfermé, la poussière, le métal et le sang, les cheveux gras et les huiles de bain, les larmes et le sperme (et c'est parfois la même chose). Le « désabusement » (comme il existe le désenchantement ?) pourrait être la clef d'entrée dans le cinéma de Bonello. Hormis la parenthèse utopiste de la seconde moitié de De La Guerre (2009, inédit en Belgique), le prêtre-séquestreur de Tirésia (2004), le Pornographe (2002) Jean-Pierre Léaud et les prostituées trainant leur spleen baudelairien ici appartiennent à une même famille de mutiques asociaux en retraite misanthrope du monde. Ils attendent le lendemain comme on attend la mort. Avec une résignation butée, jusqu'à répéter leurs funérailles (la nuit dans le cercueil du cinéaste Bertrand dans De La Guerre). Le temps a suspendu son vol, mais son action se poursuit sur les esprits et les corps : décrépitude, vieillesse annoncée (L'Apollonide) ou mort déjà à l'œuvre (Le Pornographe), mutations cronenberg-iennes (la prostituée brésilienne de Tirésia) ou sanguinolentes entames à coup de couteaux (le sourire de la femme qui rit, les yeux crevés dans Tirésia). Sans le vouloir vraiment, Bonello a signé un grand film politique, dont l'allégorie-ligne claire peut se déchiffrer facilement (les prostituées et leur situation comme beaucoup de groupes opprimés). La violence, comme toujours chez lui, éclate par surprise, et dans le moment presque le plus faussement sensuel. Cette violence physique, qui défigure à jamais la femme qui rit n'est évidemment pas la plus terrible... Du reste, j'abonderai dans le sens d'Accatone, qui cerne les enjeux cruels de cette danse de salon létale. A chercher des échos dans les films de la compétition cannoise, on dirait l'opposé terrestre de la « danse de la mort » astrale de Mélancholia, et L'Apollonide possède les mêmes rideaux cramoisis donnant sur un intérieur obscur que l'inoubliable balcon du Vatican de Habemus Papam et la même langueur clinique que Sleeping Beauty de Julia Leigh, beau film-objet intriguant un peu maniériste qui nous parviendra au début 2012. Les mouvements de caméra liés aux déplacements des filles sont une magistrale démonstration de mise-en-scène qui réfute la virtuosité gratuite pour s'attacher à fouiller ce décor unique comme on fouille une plaie vive. Toute pulsion voyeuriste du spectateur se trouve d'ailleurs désamorcée dans d'ingénieux split-screens, à la fois surprenants et très naturels, même s'ils ont cet aspect daté relevé par Pekka (on sent de fait que la structure du film s'est longtemps cherchée au stade du montage). Lorsque la maison close s'ouvre enfin, dans un raccord lui aussi brutal et agressif, sur des images vidéos crasseuses, le cauchemar se poursuit avec une contemporanéité très illusoire : rien n'a changé, on est juste dehors, dans un effet de révélation shyamalan-esque (on dirait le twist final de The Village), on sait qu'aucun pétale flétri ne viendra plus se détacher du bouquet pour nous tirer du sommeil étouffant de ces corps sacrifiés.

Publié le 16 octobre 2011
Belle critique d'Accatone, que je partage. Je rajouterai toutefois du positif et du négatif. Pour: en sus une interprétation féminine globalement superlative (Noémie Lvovsky, notamment) et vibrante; un propos par moments proprement bouleversant; accessoirement, un vestiaire d'un raffinement rare. Contre: un côté languissant de la réalisation, ou plutôt du montage, qui débouche sur d'inutiles longueurs; formellement, un côté daté, façon film d'auteur 70's décadent, qu'aggrave encore l'usage abusif d'anachronismes (Moody Blues, etc.). Mais c'est du cinéma français intéressant !

Publié le 11 octobre 2011
Un bijou ! Superbe mise en scène, casting impeccable, histoire intéressante, esthétiquement sublime ! Un véritable coup de coeur.

Publié le 4 octobre 2011
Apollonide commence par une vision idyllique des maisons closes. Dans ce lieux à l’abri du monde extérieur, on est hors du temps (il n’y a pas de notion de durée, on ne sait jamais quelle heure il est et tous les jours se ressemblent) et dans un espace indéfini ou seul le charme et la beauté ont leur place (l’espace filmé est essentiellement un décor de luxe qui n’a pas de réalité, on passe d’une pièce à l’autre sans se mouvoir). Par sa photo obscurcie et ses mouvements de caméra langoureux Bonello maintient de bout en bout une atmosphère sereine et délicieusement trompeuse. Car s’il s’applique surtout à capter la sensualité du lieu, cette vision fantasmée est progressivement contaminée par la réalité. Celle de la condition de ces prostituées qui sont en fait prisonnière de leur dette (cela n’est pas sans rappeler la condition de certains peuples d’Europe). Confinées dans cette cage dorée, elles n’ont aucune vie privée, et leurs moments de bonheur s’apparentent plutôt à des moments de consolation. Elles ne sont qu’un élément du décor, la partie vivante du fantasme du client qui le leur signifie : continuer d’être belle, vive et colorée… Du reste lorsque la faillite sera avérée, dans la plus grande indifférence des clients, elles seront revendues comme des marchandises. Lucides sur leur sort, elles ne rêvent secrètement que d’une chose : changer de monde en épousant l’un de ces hommes. Celles qui auront été trop près de ce rêve seront rappelées à l’ordre de façon cruelle. La grande habileté de Bonello est de nous livrer ces vérités progressivement, de façon laconique et sans militantisme aucun puisque nous sommes constamment dans le point de vu du rêveur éveillé qui contemple ce monde de luxure. Inexorablement, l’envers du décor prend le pas sur le devant. Le propos du film apparait de plus en plus clairement : derrière une vie sociale en apparence harmonieuse (ici la vie de salon) peut se cacher un rapport de domination parfaitement abject. Quant à la scène finale (sujet d’interprétations multiples), elle semble nous confirmer ce qu’est la réalité de ces femmes sans ce voile aussi élégant que trompeur. Elle nous dit simplement : ce que vous avez vu pendant 2 heures c’est ça, exactement ça.

Publié le 28 septembre 2011
Sur un sujet casse-gueulle s'il en est - voir la pathétique série maison close diffusée sur canal il y a peu - Bonello réussit un vrai sans fautes. Languoureux, attachant, profondément humain, servi par des actrices parfaites, son apollonide est un petit bijou de cinéma.

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