Habemus Papam

Origines:
  • Italie
  • France
Genre:
  • Comédie dramatique
Public: Tout public
Année de production: 2011
Date de sortie: 07/09/2011
Durée: 1h42
Synopsis : Après la mort du Pape, le Conclave se réunit afin d'élire son successeur. Plusieurs votes sont nécessaires avant que ne s’élève la fumée blanche. Enfin, un cardinal est élu ! Mais les fidèles massés sur la place Saint-Pierre attendent en vain l’apparition au balcon du nouveau souverain pontife. Ce dernier ne semble pas prêt à supporter le poids d’une telle responsabilité. Angoisse ? Dépression ? Peur de ne pas se sentir à la hauteur ? Le monde entier est bientôt en proie à l’inquiétude tandis qu’au Vatican, on cherche des solutions pour surmonter la crise...

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Avis des internautesdu film Habemus Papam

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Publié le 6 octobre 2011
Le scénario a une base intéressante. En effet, commment imaginer qu'un Pape (ou tout homme de pouvoir) puisse flipper et ne pas se sentir à la hauteur de son destin ? A partir de là, le film tourne malheureusement en rond sans traiter le sujet en profondeur. A cela s'ajoute un ton "comédie" qui enlève toute émotion au film. Il y avait moyen de faire bien mieux avec un sujet pareil.

Publié le 4 octobre 2011
Grand film grave, Habemus Papam est victime d'une méprise assez globale de la critique. Au risque de me faire traiter de charlatanisme (Eisenstein1), je vais défendre ce film qui est non seulement un des meilleurs de l'année, mais un des meilleurs de Nanni Moretti, un de ses plus ambitieux thématiquement pour sa belle fluidité à jeter des ponts entre auteurs (Shakespeare, Tchekhov, Freud, voire Goldoni), à se situer au bord du précipice pour mieux en humer la terreur. Quel est ce film prometteur qu'aperçoivent certain à l'aube des premières scènes et qui, selon leurs dires, s'échoue ensuite ? Est-ce à cause de la déambulation romaine erratique du Melville joué par Michel Piccoli (impérial, un des derniers mystères cannois est de savoir comment il a pu être ignoré du palmarès de la 61è édition) ? Ces plans d'ahurissement dans la ville restent pourtant longtemps en mémoire. Si la gravité de la finale en mode majeur (avec Miserere d'Arvo Pärt, difficile d'être plus ambivalent quant à son rapport de l'Église) en surprendra certains, elle est annoncée telle quelle dès le départ comme un avatar de cette tragédie humaine. Il ne s'agirait pas de confondre l'aveu d'impuissance du futur ex-Pape Melville à la fin du film avec une hypothétique confession de Moretti. Cette fin est difficile pour les spectateurs car elle est complètement déceptive, ce qui est en soi un parti-pris rare et fort, mais il ne s'agirait pas de se fourvoyer en y lisant une conclusion décevante : elle est la seule possible, balisée dès le départ par une série de signes (le conclave commence sur une panne d'électricité, avec un évêque qui tombe et se relève difficilement). Simplement, aucun rétablissement de la situation ne sera amené, et ce basculement très moderne qui déstabilise le monde des catholiques tout entier (c'était le pays lui-même dans le Caïman) vers une chute promise, et coupé juste avant de sombrer dans cette béance, prolonge la mélancolie du Pape impuissant et le tragique équilibre précaire du précédent film de Moretti. En ce sens, ce présent film est au moins aussi politique que son prédécesseur, mais assurément moins frontal, sauf lorsque les services secrets se réunissent autour d'une maquette de Rome pour baliser le trajet papal dans la ville. Reléguons donc de côté la superficialité des regards qui voulaient voir dans Habemus Papam une comédie satirique, attaque moqueuse et facile contre le Vatican ou une subversion fantasmée qui est à mille lieues de l'univers de Nanni Moretti (à l'exception peut-être du Caïman) : ceux là ont projeté sur l'écran leur propre film sans voir celui qui n'est même pas en germe dans le sérieux que prend Moretti à traiter son sujet psychanalytique, dans le grotesque qu'il utilise à peindre un Vatican en home pour évêques décatis, bourrés de sédatifs, antidépresseurs, tuant l'ennui dans d'interminables parties de cartes. Parfois entre presse et paresse, il n'y a parfois qu'une lettre de déférence... Moretti n'a jamais été le « trublion » que rêve le Moustique qui se réfère mollement au Caïman, qui figure pour son aspect de farce d'exception dans sa filmographie, mais bien un humaniste porté sur l'engagement, angoissé par l'oubli et l'amnésie (Palombella Rossa, son chef-d'œuvre). Voir dans le film un « portrait assez banal d'un homme qui se rêvait comédien » (DH) est sacré raccourci dramaturgique qui fait sûrement économiser des caractères mais ne peut pas rendre justice à la complexité thématique du film et il faut entendre le cri d'enfant que pousse le nouveau pape au moment de se présenter à la foule pour comprendre que Moretti ne tournera pas le moins du monde la psychanalyse en ridicule, mais bien les psychanalistes, obnubilés par leur concept de « déficit parental ». L'humour de Moretti est avant tout un humour de situations, un grotesque fin et inquiétant (un intervenant à la télévision qui se lance dans une analyse de la situation puis s'interrompt et avoue qu'il improvise, le psy abattant ses cartes au poker ou en inspecteur frondeur des couloirs de la garde du Vatican comme le souligne Accatone) qui documente cette dislocation des deux mondes, intérieur et extérieur, tournés l'un vers l'autre mais incapables de se regarder en face. Les oripeaux pittoresques auxquels on voudrait que le film prête le flanc ne résiste pas à une vision un tant soi peu profonde. Le rapport de Moretti à l'Église est déjà tout entier dans « La Messe E Finita » (1985), avec son curé qui joue au foot avec les enfants, mais il semblerait que personne n'a eu l'honnêteté intellectuelle de le (re)voir. Quant à la partie de volley, personne ne trouve à s'interroger sur sa fonction, alors qu'elle n'est pas très compliquée : unir, raccorder ce qui s'est disloqué avec cette non-apparition au balcon. Former une équipe et s'adonner aux joies de la saine émulation, être ensemble avant tout pour contrecarrer son ennui et l'insularité insupportable du conclave, voilà ce que le sport nous offre comme fuite au quotidien. Et en le ralentissant quelque peu, d'élégantes variantes visuelles sur l'élévation spirituelle se mettent à l'œuvre, avec ces évêques bondissant vers la fenêtre du faux pape, en vérité un officier épicurien de la garde rapprochée qui s'empiffre de gâteaux en agitant son rideau. L'autorité et la richesse de ce film d'horreur dont la victime est la communauté des catholiques elle-même, de ce film de prison où le pénitencier est un Vatican gériatrique peint avec cruauté depuis sa matrice (la Chapelle Sixtine) s'exprime dans la mise en image somptueuse à laquelle convie Moretti, qu'on a jamais connu porté sur un si grand soin esthétique. Voir les évêques comme autant d'enfants à qui on vient souhaiter la bonne nuit avant de les enfermer à clef dans leur chambre, bourrés d'anxiolytiques est tout de même une vision terriblement caustique, cela coulé dans un balai de travellings d'une fluidité rare. Habemus Papam consacre avant tout la primauté de la mise-en-scène, avec une évidence des idées rarement sonnées avec une telle franchise. C'est aussi la communication qui est en crise, mise en œuvre pour le nouvellement intronisé Melville dans la terreur du contrechamp. Moretti, dans un traumatisant échange dialectique balcon/foule, qu'il reproduit cinq fois, dix fois, raconte les funérailles du pape, avant l'élection du nouveau, et le spectre de son apparition retardée au balcon. Mais le Papa joué par Piccoli ne rêve rien tant qu'être parmi la foule, parler avec les gens, il s'enfuira précisément pour cela, vivre et jouer la vie comme il n'a jamais pu le faire. Mais ce qu'au fond il ne peut plus supporter, c'est ce cantonnement de la foule d'un côté, de l'institution (lui compris) de l'autre. Communication grippée entre élite de l'Église et foule populaire, conciliabule insulaire jusqu'à une issue fatalement désastreuse : Habemus Papam a des échos forcément différents selon les époques et les lieux, mais sa dichotomie simple et éclairante parlera toujours. Pour ne pas piéger son film dans ces bulles étanches, Moretti propose une utopie universelle. C'est la piste la plus surprenante, complètement inattendue et doucement improbable (et Moretti a toujours joué terriblement sur les glissements de situations de situations réalistes vers un doux surréalisme) : le sport comme allégorie très sérieuse d'un universel envisageable. Le drame sourd qui se joue à la fin annonce une impuissance du monde catholique à réfléchir sur lui-même et évoluer. Avec son balcon aux rideaux rouges sur un gouffre noir insondable, d'où rien ne viendra jamais, Habemus Papam contredit jusqu'à son titre pour nous désigner la morsure du vide. Pour cette terreur mystique, à deux doigts de la transe (Miserere d'Arvo Pärt) et tout le reste qui préside à ce trou ouvert à même le plan, ce film est capital pour notre époque.

Publié le 4 octobre 2011
Avec Habemus papam Moretti retrouve le mordant de ses meilleures comédies. Il y fait preuve d’une grande liberté de ton, à l’image de son personnage qui déambule dans le Vatican en balançant toute sorte de remarques particulièrement cyniques. Si le film parait léger c’est pour mieux ridiculiser l’institution papale (et la psychanalyse au passage) sans avoir l’air d’y toucher. La façon de traiter les cardinaux comme des enfants apeurés lors du conclave restera une grande scène comique. Les scènes de psychanalyse sont également de beaux moments cocasses. L’autre partie du film, la crise existentielle du pape, est traitée avec la plus grande finesse par Moretti qui saisit parfaitement le désarroi d’un homme qui renonce. On y voit donc ce pape fuir ce qu’il ne veut pas être et se réfugier dans le théâtre, monde auquel il aurait voulu appartenir. Cette fuite révèle ce qui nous a tous traversé l’esprit un jour, dire non envers et contre tous. C’est fait ici avec grand fracas.

Publié le 2 octobre 2011
Un film franchement intéressant, une réflexion intéressante sur l'humain ! A voir !

Publié le 21 septembre 2011
à la recherche du temps à gagner, avec de l'humour (pas trop on parle du Vatican!), de la poésie (un peu, nous sommes au Vatican) et sans l'aide de Dieux !

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