If I want to whistle, I whistle

Titre original: Eu cand vreau sa fluier, fluier
Origines:
  • Roumanie
  • Suède
Genre:
  • Drame
Public: Tout public
Année de production: 2010
Date de sortie: 15/06/2011
Durée: 1h34
Synopsis : Silviu, un jeune délinquant, va bientôt sortir de la maison de redressement. Plus que cinq jours et il sera libéré. Mais après que Silviu a appris que sa mère, longtemps absente, veut aussi reprendre à la maison son frère cadet, ces cinq journées sont pour lui comme une éternité. En effet, Silviu a lui-même élevé son petit frère et il l’aime comme un fils.
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Avis des internautesdu film If I want to whistle, I whistle

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Publié le 27 juin 2011
Cette question, qui s'affine avec les films que l'on reçoit au compte-goutte de Roumanie via l'égrainage festivalier : qu'est-ce qui fait se buter les personnages masculins des films de ce nouveau cinéma roumain contre leur conscience ? Le flic de Politist, Adjectiv de Porumboiu (un des quatre ou cinq chefs-d'œuvre de ces dernières années, il est toujours bon de le rappeler) se heurtait ainsi à l'évolution des lois et ne pouvait se résigner à mettre en prison un gosse qui fume des joints alors que la loi allait changer trois mois plus tard, collectant pourtant les preuves de sa culpabilité, en faisant intérieurement le trajet de conscience inverse. Le terrifiant Monsieur Bébé de Quatre Mois, Trois Semaines et Deux Jours (C.Mingiu), refusait un même piège moral sur la légalité de ses actes en le retournant en chantage affectif pour obtenir des faveurs inavouables à ses clientes. Le Dante Lazarescu de Puiu, lui, n'avait pas le temps de réfléchir à son calvaire mais le spectateur bien entre deux trajets le bringuebalant en ambulance vers un énième hôpital. Lazarescu agonisait entre deux diagnostic différentiels jusqu'à la mort, le film étant l'enregistrement scrupuleux de ses trois dernières heures de vie et nous spectateur, pris dans l'étau de son ange-gardien d'aide soignante et la vision cruelle et désabusée du cinéaste compatissant mais construisant de manière implacable son échafaudage de suites causales, comptions les mauvais points, faute de retranchement empathique possible. Surtout ce « temps de la pensée » du personnage prête le flanc du film a une dilatation de la temporalité parfois surréelle (Porumboiu), et jusqu'au quasi fantasme du temps réel (Puiu) à l'autre extrême. Si on n'y retrouve pas l'absurde caustique des précités, Eu Cand Vreau Sa Fluier, Ffuier apporte son édifice personnel à la question avec la trajectoire tangente d'un jeune homme qui va précipiter les derniers jours avant sa libération d'un centre fermé pour jeunes délinquants. Institution étatique et morale en cause comme l'était la police chez Porumboiu, les hôpitaux chez Puiu, les logements chez Mingiu, la prison de Eu Cand.... est celle de l'Argent de Bresson, celle qui multiplie les figures d'autorités en cascade horizontale vertigineuse, creusant des relations humaines gigognes à la coquille affective vide, qui emprisonne l'individu mentalement en réaffirmant dans chaque discussion un unique et ravageur mode de relation à l'autre : le principe du dominant/dominé. Serban réussit à mettre en scène ce rapport de force en faisant se mouvoir perpétuellement son basculement d'un côté ou de l'autre (l'impuissance des gardiens et du directeur pendant le rapt), mais aussi en neutralisant systématiquement un interlocuteur, souvent un tiers, soumettant la loi nouvelle sans cesse redéfinie du dominant comme nouvel ordre dans un univers déjà saturé de signes directifs. Ainsi Silviu demande-t-il à trois reprises à son frère, victime-témoin de la dispute avec sa mère s'il restera bien sagement à la maison en l'attendant, mais dans la scène qui précède, c'est un autre criminel qui l'humiliait dans la chambre en lui mettant des claques et en décidant à son tour qu'on pouvait lui cracher au visage. Et une fois sa mutinerie débutée, le premier geste de Silviu est d'ailleurs de se créer un bunker de bric et de broc qui n'est qu'une réplique miniature de la prison dans laquelle il est encore. Sécheresse et mutisme narratif et elliptique, où les éléments les plus importants sont aussi les plus cachés : raisons de l'internement de Silviu, attachement sans bornes de raison au frère et à son pays (?), rapport mère-fils précédant le récit filmique jamais justifiés ou expliqués. Le naturalisme auquel Florian Serban croit dur comme la tête de son héros est de l'ancienne école, celui du Sciuscia de Vittorio de Sica (par exemple) ou Allemagne, Année Zéro de Rossellini, son magnétisme fonctionne bien avec la granulosité extrême de sa pellicule mais son classicisme éprouvé n'est pas non plus d'une originalité terrible en 2011. Heureusement, ces tempêtes de cerveau déclenchées dans le personnage principal offrent finalement avec une générosité lucide mais non feinte une utopie provisoire vite rattrapée, mais simple et belle, dont les précieuses secondes de silence sont les plus belles filmées par Serban et décollent enfin du concret du sol auquel le héros sera bientôt ramené : la possibilité d'une maladresse, un compliment fait à une jolie fille qui répond « merci » d'un regard droit, lui offrir un café, lui voler un baiser.
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