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Cannes au jour le jour: Jour 1

Publié le 16 mai 2019 dans Actu ciné

Pour ce premier jour, Nicolas Gilson, notre envoyé spécial à Cannes, vous livre ses impressions sur The Dead Don't Die de Jim Jarmusch, présenté en Compétition Officielle.
Le caractère politisé de cette 72ème édition du Festival International du Film de Cannes avait-il été d’entrée de jeu esquissé par le choix du Président du Jury Officiel en la personne de Alejandro González Iñárritu qu’il a été confirmé non seulement lors de la Cérémonie d’Ouverture mais également au fil du film de Jim Jarmush, THE DEAD DON’T DIE. Concourant en Compétition, ce film de Zombies teinté d’humour est un réel pamphlet anti-Trump et anti-climato-sceptiques qui se moque tendrement du devenir humain.

Quand le Cérémonie d’ouverture boude l’anglais…

S’ouvrant sur un hommage à Agnès Varda, la Cérémonie d’ouverture fut une étrange scène pour Edouard Baer qui a d’abord amusé la galerie avant de rendre perplexes les spectateurs du Grand Théâtre Lumière comme des 600 salles retransmettant l’émission produite par Canal Plus. Mais laissons les hésitations, sketchs foireux et les soucis de réalisation de côté afin de d’abord souligner la prestation d'Angèle (qui a interprété « Sans Toi », la chanson de Cléo de 5 à 7, double hommage à Michel Legrand et à la réalisatrice de ce chef-d’oeuvre décédée il y a peu) et la dimension politique de la cérémonie. Celle-ci s’est imposée lors de la prise de parole de Alejandro González Iñárritu qui s’est exprimé en espagnol et a été confirmée peu de temps après par l’ouverture symbolique prononcée par Charlotte Gainsbourg et Javier Bardem qui s’est lui aussi exprimé en espagnol. Exit le traditionnel bilinguisme français/anglais qui aura, au mieux, été mis à mal par le maître de cérémonie…


The Dead Don't Die

Présenté en première mondiale à l’issue de la Cérémonie, THE DEAD DON’T DIE de Jim Jarmush coupe littéralement la tête de ceux dont le réalisateur se moque. Il se paye ainsi Donald Trump et son Amérique raciste, climato-sceptique et consumériste. Compose-t-il un film de genre assumé qu’il semble avant tout s’amuser en s’entourant d’un casting savoureux. Rien de nouveau sous le ciel des zombies si ce n’est justement la raison du réveil des morts-vivants : l’axe bousculé de la Terre à cause du dérèglement climatique et la réaction en chaîne qui s’en suit. Celle-ci est-il universelle que le réalisateur l’appréhende au coeur d’une bourgade nommée Centerville où un trio de policiers pittoresque (Bill Murray, Adam Driver et Chloë Sevigny) tente de faire face à une série de meurtres probablement commis par une bête sauvage, à moins que ce ne soient plusieurs bêtes sauvages.

S’ouvrant sur une succession de scénettes qui se répondent, le film assoit d’entrée de jeu une tonalité distanciée propre au réalisateur tout en ancrant une logique de mise en abyme qui nous laisserait apercevoir Thierry Frémaux (délégué général du Festival de Cannes) au sein d’un plan sans oser y croire vraiment. A l’absurde des situations répondent des répétitions savoureuses sans que l’intrigue ne montre jamais un réel intérêt tant le message s’inscrit en lettres majuscules. Nous nous laissons surprendre autant que balader de personnage en personnage, de situation en situation, de référence et référence, et le rire est au rendez-vous. L’ensemble manque-t-il de rythme que les prestations valent le détour et, puisque la mise en abyme est actée, peu importe le surjeu ponctuel manifeste des « proches » du réalisateurs. Certaines séquences valent à elles-seules le détour (à l’instar de celle où la croque-mort maquille deux cadavres) tandis que la jeune génération – faite d’hipsters et de délinquants – semble tirer son épingle du jeu. Bref, un sympathique divertissement qui lève avec légèreté le voile sur cette édition promise comme politique (preuve en est) et romanesque (à voir donc).

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