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En direct de Cannes: Entrevue avec Anaïs Demoustier

Publié le 22 mai 2014 dans Actu ciné

Rencontre avec Anaïs Demoustier, à l’affiche de Bird People de Pascale Ferran, au lendemain de la présentation du film au Certain Regard.
Dans ce film singulier, réaliste et fantastique, elle endosse un rôle des plus surprenant. L’occasion d’évoquer l’originalité du projet, son travail mais aussi sa relation au Festival de Cannes.

Qu’est-ce qui vous a plu dans le scénario ?

La singularité de l’histoire et l’alliance entre un grand naturalisme et une grande poésie. Et puis parce qu’il s’agissait de Pascale Ferran et que ses films, que j’avais vu avant, m’avaient déjà beaucoup plu. L’idée aussi que ce soit un film qui évoque la solitude contemporaine où les liens seraient complètement coupés entre les gens. Dans un monde très connecté, où on est censés entre en lien les uns avec les autres, le film raconte à quel point ce lien ne se fait plus, à quel point on ne se regarde plus. Et cette solitude-là, elle m’a tout de suite parlé, dès la lecture. Je me suis dit que c’était beau d’en faire un film.

Il y a aussi une envie de s’envoler vers un ailleurs. Vous partagez ce sentiment ?

J’ai l’impression que tout le monde, à un moment donné, a eu envie de tout lâcher, de tout abandonner, de se déconditionner complètement. Je comprends théoriquement mais je n’en ai pas forcément envie. J’ai l’impression que ce qui relie les personnages de Gary et d’Audrey, bien qu’ils viennent d’endroits très différents, c’est qu’ils ont une envie de plus de rêves et de poésie : une envie d’ailleurs que je comprends.

Est-ce que vous suivez dans les médias ce qui se dit sur vous ? Quel est votre rapport à Internet et aux réseaux sociaux ?

Je ne suis pas très connectée comme fille. On parlait justement ce matin avec Josh (Charles) du rapport aux critiques. On se disait que ce serait bien, justement, quand on est acteur, de ne pas les lire – qu’elles soient bonnes ou mauvaises – parce que ça nous met dans un rapport narcissique. Ce qui n’est pas le bon pour être un acteur complet. Et Josh est allé voir des choses sur twitter !

Le film est à la fois réaliste et fantastique. Il présente une structure et un rythme singuliers. Est-ce que vous vous y attendiez ?

Le film fonctionne tellement par « collage » qu’en lisant le scénario c’était impossible de savoir si ça allait fonctionner. J’avais beaucoup d’interrogations qui ont été autant de surprises au visionnage. J’ai été très contente de ce « collage », je trouve le film réussi. Après je m’attendais à ce que le rythme soit très flottant. Et c’est un rythme qui est très lié aux décors et aux lieux que Pascale filment ; l’aéroport, le RER, tous ces lieux de transit, dans lesquel on est anonyme, un peu « entre deux ». J’avais perçu ce rythme-là.


Il y a dans le films des références littéraires, notamment à l’écrivain japonais Murakami. Vous lisez ce genre de roman de science-fiction ?

Pascale m’a parlé de Murakami que je ne connaissais pas avant. Et c’est effectivement une référence. Je ne suis pas spectatrice de films fantastiques ni (lectrice) de récits de science-fiction. Souvent, quand il n’y que du fantastique, j’ai du mal à me raccrocher à quelque chose. Je ne dois pas être une spectatrice assez ludique, je n’arrive pas à entrer dedans. Et ici, ce que j’aime bien, c’est que Pascale parle de quelque chose de très concret, qui évoque la réalité, et je trouve l’alliance des deux surprenante.

Une partie de votre interprétation est uniquement en voix-over. Comment avez-vous travaillé cela ?

L’enregistrement s’est fait très longtemps après le tournage puisqu’il y a eu d’abord une grosse partie de montage. C’était difficile de revenir dans l’ambiance du film – on y est très fort durant le tournage mais après on a tendance à décrocher. J’avais des images par petits bouts mais pas toujours les images finales. C’état comme pour un film d’animation. Et j’ai découvert des images magnifiques comme celles avec les plans aériens de Roissy. Pascale était très directive. On a fait beaucoup de séances parce qu’elle s’est aperçue que le ton de mes répliques en voix-off était très important pour le rythme du film.


Avez-vous une sorte de rituel dans la préparation de vos personnages ?

Je n’ai pas de rituel précis. J’écoute beaucoup de musique car un film c’est aussi une hisoire d’atmosphère et de rythme. Il y a beaucoup de choses qui ne se disent pas et qui font le film. La musique permet de récréer tout ça.

Est-ce qu’interpréter une femme de chambre à changé quelque chose chez vous ?

J’essaie maintenant de toujours leur dire bonjour car je m’aperçois qu’on ne le fait pas toujours. J’ai fait un stage d’immersion pour le film, durant une semaine, et j’ai vu à quel point les gens laissent leur chambre n’importe comment – comme s'ils s’attendaient à ce que ce ne soit pas un humain qui arrive.

Quelle est votre relation avec le Festival de Cannes ?

Je suis venue pour la première fois quand j’avais 13 ans. C’était pour un film de Michael Haneke, Le Temps du loup, et la séance s’était très mal passée. Personne ne m’avait prévenue que Cannes est un lieu où les gens pouvaient manifester leur mécontentement ou, au contraire, leur enthousiame pour un film. Et c’était chaotique comme projection : les gens ont sifflé, ils claquaient leur siège pour montrer qu’ils partaient. C’était marrant de découvrir Cannes sous cet aspect-là. Maintenant, j’ai ce souvenir en tête et je viens l’esprit léger. Je me rends compte qu'Haneke est un grand cinéaste. Et c’est toujours une joie de venir présenter un film ici.


Comment s’est déroulé la projection de Bird People ?

La séance s’est très bien passée. Je pense que c’est un film très singulier qui rend le public soit complètement passionné, soit complètement extérieur. C’était très beau de voir des gens bouleversés à la sortie.

Pour découvrir le site de Nicolas Gilson, c'est  par ici !

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