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Chris Renaud et les dessous de "Moi, moche et méchant 2"

Publié le 3 juillet 2013 dans Actu ciné

Rencontre avec Chris Renaud, coréalisateur de Moi, moche et méchant 2. Où il parle de la réalisation du film dans le studio français Illumination Mac Guff, de sa collaboration avec Pierre Coffin et de la création des irrésistibles Minions.

Qu'est-ce qui pour vous distingue Moi Moche et Méchant des autres films d'animation ?

L'alchimie entre Pierre et moi, je pense. Pierre a passé une partie de son enfance aux Etats-Unis, à un âge entre 9 et 12 ans. C'est une période où vos influences se forgent. Et nous partageons grosso modo les mêmes influences. Mais ayant aussi grandi en France, il a aussi un background de ce côté-là. Pour ma part, j'ai été forgé par les comics books et les dessins animés américains. Donc, à partir d'une base commune, nous nous nourrissons aussi de nos influences respectives. Je crois que la combinaison de nos deux sensibilités donne cette saveur différente au film. Cela se voit un peu dans l'univers de Gru : il y a des éléments typiquement américains, d'autres plus français.


Travaillez-vous différemment ici qu'aux Etats-Unis ?

La vrai différence par rapport aux studios américains, c'est que nous avons des délais très serrés. Le bon côté, c'est que cela vous oblige à prendre des décisions directes, sans hésitation. Et je pense que beaucoup de studios devraient en tirer des leçons, quand on voit que certains films mettent six ou sept ans à se construire. Personnellement, je trouve cela rafraîchissant. J'aurais des difficultés à garder l'enthousiasme pendant sept ans sur un même film. Nous sommes plus proche du cinéma en images réelles, d'une certaine manière.


Ressentez-vous une différence dans la sensibilité des animateurs, dans leur formation ?

Il y a plusieurs éléments. On sent la qualité de la formation et du système éducatif ici en France. Mais aussi l'arrière-plan culturel. Il y a une grande tradition de la bande dessinée, mais ils sont aussi fans des BD américaines. On ne trouve pas cela partout. Il y a des cas de délocalisation dans le cinéma pour des raisons économiques. Mais ici cela ne se fait pas au prix de la qualité artistique. On ne peut pas la créer de toute pièce. Ici, on a une bonne base.


Quels sont les progrès depuis le premier film ?

Les outils ont évolués, mais l'équipe aussi. Sur le premier film, nous avions des tas de petits soucis techniques, des animations qui ne paraissaient pas toujours naturelles. C'était notamment le cas avec l'écharpe de Gru. A tel point que nous avions envisagé de dédicacer deux animateurs exclusivement à celle-ci. Ici, honnêtement, j'ai parfois le sentiment que je donne le feu vert à tout ce que je vois. Techniquement, ce qui a le plus évolué, c'est l'animation des cheveux, des fourrures et des vêtements...


Les Minions sont devenus très importants. Vous rappelez-vous comment ils sont nés ?

Nous avions besoin d'assistants pour donner un relief comique à Gru. Il y a eu beaucoup de versions différents. Au début, ils étaient grands et costauds, comme les hommes de main d'un gangster. Puis, ils ont évolué : on en a fait des robots à la R2D2, avec un seul oeil. Puis Pierre s'est dit que le public aurait plus d'empathie pour eux si c'étaient des êtres vivants. De là je lui ai proposé d'en faire des espèces d'hommes-taupes. Il y avait un personnage dans les comics de la Marvel qui s'appelait l'Homme-Taupe et qui avait une espèce d'armée. J'ai fait un dessin de ces petits personnages avec des lunettes et des mains à trois doigts. Ils n'étaient pas encore mignons – plutôt monstrueux en fait. Pierre a donné mon brouillon à Eric Guillon, notre directeur artistique, qui a créé en gros les Minions tels que nous les connaissons aujourd'hui. Ont suivi les tests animations, puis on a réfléchi au langage. On pensait aux Jawas dans La Guerre des Etoiles ou aux Umpa-Lumpas dans Charlie et la Chocolaterie, nous avons enregistré nos voix – et la voix de Pierre est restée. Et nous avons crée ce langage un peu fourre-tout.  


Propos recueillis par Alain Lorfèvre

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