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Vu à Cannes: Borgman, d'Alex van Wamerdam

Publié le 19 mai 2013 dans Actu ciné

Premier hollandais depuis longtemps en Compétition, Alex van Wamerdam invite chaque spectateur à amener ses obsessions, ses névroses, et convoque le fantôme de Buñuel. 

L'auberge n'est pas espagnole, elle est hollandaise, posée à l'orée d'un bois, ultra-résidentielle, tout en verre et béton. Ailleurs, ce n'est pas une auberge mais une villa contemporaine, mega-design, archi-tecturée. Un clodo sonne. Il demande s'il peut prendre un bain. Le proprio referme la porte. Le clodo insiste, monte un début d'embrouille et se voit offrir une raclée. Choquée, l'épouse veut soigner le malheureux mais il a disparu.


Alors que les trois têtes blondes sont couchées, le mari reparti au boulot, elle sent une présence. Le clodo réapparaît. Pour se faire pardonner, elle lui propose le bain et le vin et l'abri au fond du jardin. Pour quelques jours, à condition de ne pas mettre les pieds dans la maison. Il n'est pas du genre obéissant.


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Mais qui est-il au juste ? Dans la scène inaugurale, on l'a vu sortir d'une cachette sous terre, échappant de justesse à la traque d'un prêtre armé d'un fusil et de deux skinheads. Est-il le bien, le mal, Jésus, le diable, le désir, la mauvaise conscience, la peur, le chaos, la mort, le passé, le futur, un brigand... La liste n'a rien d'exhaustif. En plus, il n'est pas seul. Il a des complices : deux hommes, deux femmes. Qui s'activent à un drôle de trafic. D'âmes ? D'organes ? Et leur sens de l'humour est mortel : faut les voir préparer les entretiens d'embauche. Et graphique : faut les voir empoter les cadavres. 


Si on a parlé d'auberge espagnole, c'est que chaque spectateur est invité à amener ses obsessions, ses névroses, et aussi parce que le fantôme de Buñuel hante les lieux. L'ambiance est surréaliste. Des symboles, des métaphores, des clefs sont mis à la disposition du spectateur pour se faire son petit film, en quatrième dimension (celle de l'inconscient), une comédie noire qu'on pourra intituler « Le charme arrogant des nouveaux riches».


Fernand Denis, à Cannes

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