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Vu à Cannes : "Fruitvale Station" de Ryan Coogler

Publié le 16 mai 2013 dans Actu ciné

Un Certain Regard, section parallèle de la sélection officielle du Festival de Cannes, se veut la mise en perspective d'un cinéma plus “atypique”. Ce qui laisse une grande perplexité après la vision, jeudi 16 mai, de Fruitvale Station de Ryan Coogler. 

Ceci expliqua peut-être cela, son récent Grand prix du jury américain pour une fiction au Festival de Sundance tend à confirmer la lente dégénérescence de ce dernier, qui tend à formater les films indépendants américains autant que les grosses productions.


Pétri de bonnes intentions, ce réalisateur américain de 29 ans vient compléter la vogue tenace des films “inspirés d'une histoire vraie”. En l'espèce celle, dramatique, d'Oscar Grant, jeune Afro-Américain mort suite à une brutalité policière le soir du Nouvel An 2009, à Oackland.


A partir de la vidéo des faits tournées par des témoins avec un téléphone portable, Coogler se charge de nous montrer combien Grant, malgré un peu de taule et des déboires professionnels, était un brave garçon, soucieux de sa fille, attentif à sa mère, en bon rapport avec sa grand-mère. Ex-dealer, ayant trompé sa femme, il n'était qu'un de ses innombrable “bro'” du ghetto, essayant de nouer les deux bouts, pas revanchard, capable de créer un happening joyeux et interracial à l'occasion décompte du Nouvel An dans une rame de métro malencontreusement bloquée entre deux stations.


C'est émouvant à en pleurer, notamment grâce aux acteurs, excellents, mais finalement très classique dans la mise en forme. Sur l'injustice – qu'elle soit sociale ou le fait du destin – la violence policière et le racisme ordinaire, des séries comme The Wire, Treme ou The Shield nous ont montré bien plus fort, plus nuancé, mieux mis en scène et moins manipulateur.


Si ce que défend Fruitvale Station est juste, il serait trop simple de dédouaner ce film de ses facilités narratives et de sa banalité formelle au seul prétexte que le sort d'Oscar Grant est un scandale inacceptable. En l'occurrence, le vrai courage aurait été de concentrer le récit sur le policier qui l'a tué – ce qui, au moins, aurait permis d'essayer de comprendre son geste, sans pour autant l'excuser.


Alain Lorfèvre, à Cannes


Réalisation et scénario : Ryan Coogler. Avec Michael B. Jordan, Octavia Spencer, Melonie Diaz,... 1h25


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