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Philip Seymour Hoffman : maître à l’écran, mauvais élève en promo
Publié le 6 mars 2013 dans Cinéphiles
Dans "The Master", le comédien américain est
à nouveau époustouflant. En
interview, il est nettement moins impressionnant. Quasi
mutique…
"Boogie
Nights", "The
Big Lebowski", "Happiness"
et "Magnolia".
En quatre rôles (dont deux pour Paul
Thomas Anderson), Philip Seymour Hoffman
s’est imposé à la fin des
années 90 comme l’un des comédiens les
plus impressionnants de sa génération. Depuis, il
a choisi ses films avec attention. On l’a vu chez Spike
Lee ("La
25e heure") ou Sidney
Lumet ("7h58
ce samedi-là"), aux côtés de Meryl
Streep dans "Doubt".
Et, bien sûr, en Truman "Capote",
rôle qui lui valut un oscar en 2006. Difficile de trouver
dans sa filmographie un vrai faux pas ("Mission
Impossible III" ?).
Et M. Hoffman en est totalement conscient, tout comme de son talent ! Après la première très applaudie de "The Master" à la Mostra de Venise en septembre dernier, on se retrouve donc face à un comédien qui ne cache pas qu’il a mieux à faire que de répondre aux questions des journalistes... Bâillant ostensiblement, remballant sans ménagement les questions qu’il juge sans intérêt... Et se contentant, le plus souvent, de répondre par un borborygme ou de façon lapidaire. Du style : "Oui, sûrement", "Je ne sais pas"...
Même sur sa relation avec Paul Thomas Anderson, il reste peu disert, se bornant à préciser : "Nous sommes très proches depuis le début. Ça fait 20 ans maintenant qu’on travaille ensemble." Mis à part "There Will Be Blood" - pas question de dire un mot sur son absence au générique -, Hoffman a, en effet, été de tous les films de P.T.A. Ce dernier a même différé "The Master" d’un an afin d’attendre qu’Hoffman, pour qui il avait écrit ce rôle de gourou, soit disponible. A demi-mot, le comédien reconnaît que cette dépendance mutuelle montrée à l’écran est sans doute un reflet de leur propre relation : "Absolument. La plupart des relations sont des histoires d’amour." Les deux hommes ont, en effet, travaillé ensemble sur le scénario. Même si l’acteur précise : "C’est lui qui a écrit. Moi, je me suis contenté de faire des propositions, ici ou là. Ça a marché, parce qu’on a totalement confiance l’un dans l’autre."
Si Anderson ne cache pas s’être inspiré de la naissance de l’Eglise de scientologie pour imaginer la secte "La Cause", Seymour Hoffman est plus diplomate. "Je n’ai pas vraiment fait de recherches sur la scientologie. Parce que j’ai choisi comme perspective que ce pouvait être n’importe quel mouvement religieux. Paul s’en est inspiré, mais ce n’est pas un film sur la scientologie. J’ai été très clair là-dessus, parce que je ne voulais pas qu’il y ait de confusion . Je ne suis pas quelqu’un de très religieux. Mais je sais que la religion est très puissante. Les gens ont besoin de mentors, d’une influence pour changer leur vie." Et s’il avoue avoir eu lui-même un mentor, "comme tout le monde", il n’en dira pas plus sur sa nature... De même, pas question d’essayer de chercher Ron Hubbard derrière Lancaster Dodd. "Je ne me suis inspiré d’aucune personne réelle. Ce personnage, c’est juste moi : son poids, sa voix..."
Si "The Master" est aussi impressionnant, c’est notamment qu’il parvient à maintenir jusqu’au bout une vraie ambiguïté sur ce gourou, que Philip Seymour Hoffman se garde évidemment bien de le juger pour lui conférer une profonde humanité. "Il est espiègle pendant tout le film, dès le début. Dans la première scène, cette longue conversation dans sa cabine avec Joaquin, on le découvre en pyjama, avec une étrange façon de boire Je pense qu’il ne cherche pas à être un leader, mais il est tellement charismatique, qu’il parvient à ce que les gens lui fassent confiance. Ses théories font partie d’un mouvement plus large. A cette époque, ces idées de thérapies, de psychanalyses étaient déjà là depuis un moment. Il parvient à rendre cela plus accessible Il sait que certains trucs ne tiennent pas la route, mais je pense qu’il croit à sa théorie. Car on voit dans le film que ce qu’il fait affecte réellement les gens..."
Entre Hoffman et Phoenix, ce sont deux conceptions diamétralement opposées du jeu qui s’affrontent, ce qui renforce évidemment la confrontation des deux personnages. "J’adore la préparation d’un film, plus que le tournage lui-même. C’est vraiment très agréable. Il n’y a pas de méthode unique : on peut lire, écrire Je n’ai pas suivi de gourou, par exemple. Il faut surtout du temps pour penser à son rôle. Cela fait partie de notre travail, mais on n’a jamais assez de temps..."
S’il refuse de se repencher sur sa carrière et sur ses rôles marquants, tout comme sur son oscar - "je ne trouve vraiment pas ça important; ce sont les films qui importent, parce qu’ils apportent du plaisir". En fin d’interview, Philip Seymour Hoffman finit par se dérider, quand il n’est plus question de cinéma, mais quand il parle des sports qu’il regarde à la télé ou de la littérature et du cinéma pour enfants. "Il y a des livres formidables, des films excellents, intelligents. En tant que parent, je suis vraiment impressionné. Un film comme "The Lorax", par exemple, c’est fantastique ! Il y a beaucoup de films que j’ai envie de montrer à mes enfants. J’aimerais pouvoir jouer dans un film comme ça." Première étape sur ce chemin, l’acteur sera tout prochainement à l’affiche de "Hunger Games : Catching Fire" aux côtés de Jennifer Lawrence, clairement destiné à un public adolescent...
Envoyé spécial de La Libre au Festival de Venise, Hubert Heyrendt
Et M. Hoffman en est totalement conscient, tout comme de son talent ! Après la première très applaudie de "The Master" à la Mostra de Venise en septembre dernier, on se retrouve donc face à un comédien qui ne cache pas qu’il a mieux à faire que de répondre aux questions des journalistes... Bâillant ostensiblement, remballant sans ménagement les questions qu’il juge sans intérêt... Et se contentant, le plus souvent, de répondre par un borborygme ou de façon lapidaire. Du style : "Oui, sûrement", "Je ne sais pas"...
Même sur sa relation avec Paul Thomas Anderson, il reste peu disert, se bornant à préciser : "Nous sommes très proches depuis le début. Ça fait 20 ans maintenant qu’on travaille ensemble." Mis à part "There Will Be Blood" - pas question de dire un mot sur son absence au générique -, Hoffman a, en effet, été de tous les films de P.T.A. Ce dernier a même différé "The Master" d’un an afin d’attendre qu’Hoffman, pour qui il avait écrit ce rôle de gourou, soit disponible. A demi-mot, le comédien reconnaît que cette dépendance mutuelle montrée à l’écran est sans doute un reflet de leur propre relation : "Absolument. La plupart des relations sont des histoires d’amour." Les deux hommes ont, en effet, travaillé ensemble sur le scénario. Même si l’acteur précise : "C’est lui qui a écrit. Moi, je me suis contenté de faire des propositions, ici ou là. Ça a marché, parce qu’on a totalement confiance l’un dans l’autre."
Si Anderson ne cache pas s’être inspiré de la naissance de l’Eglise de scientologie pour imaginer la secte "La Cause", Seymour Hoffman est plus diplomate. "Je n’ai pas vraiment fait de recherches sur la scientologie. Parce que j’ai choisi comme perspective que ce pouvait être n’importe quel mouvement religieux. Paul s’en est inspiré, mais ce n’est pas un film sur la scientologie. J’ai été très clair là-dessus, parce que je ne voulais pas qu’il y ait de confusion . Je ne suis pas quelqu’un de très religieux. Mais je sais que la religion est très puissante. Les gens ont besoin de mentors, d’une influence pour changer leur vie." Et s’il avoue avoir eu lui-même un mentor, "comme tout le monde", il n’en dira pas plus sur sa nature... De même, pas question d’essayer de chercher Ron Hubbard derrière Lancaster Dodd. "Je ne me suis inspiré d’aucune personne réelle. Ce personnage, c’est juste moi : son poids, sa voix..."
Si "The Master" est aussi impressionnant, c’est notamment qu’il parvient à maintenir jusqu’au bout une vraie ambiguïté sur ce gourou, que Philip Seymour Hoffman se garde évidemment bien de le juger pour lui conférer une profonde humanité. "Il est espiègle pendant tout le film, dès le début. Dans la première scène, cette longue conversation dans sa cabine avec Joaquin, on le découvre en pyjama, avec une étrange façon de boire Je pense qu’il ne cherche pas à être un leader, mais il est tellement charismatique, qu’il parvient à ce que les gens lui fassent confiance. Ses théories font partie d’un mouvement plus large. A cette époque, ces idées de thérapies, de psychanalyses étaient déjà là depuis un moment. Il parvient à rendre cela plus accessible Il sait que certains trucs ne tiennent pas la route, mais je pense qu’il croit à sa théorie. Car on voit dans le film que ce qu’il fait affecte réellement les gens..."
Entre Hoffman et Phoenix, ce sont deux conceptions diamétralement opposées du jeu qui s’affrontent, ce qui renforce évidemment la confrontation des deux personnages. "J’adore la préparation d’un film, plus que le tournage lui-même. C’est vraiment très agréable. Il n’y a pas de méthode unique : on peut lire, écrire Je n’ai pas suivi de gourou, par exemple. Il faut surtout du temps pour penser à son rôle. Cela fait partie de notre travail, mais on n’a jamais assez de temps..."
S’il refuse de se repencher sur sa carrière et sur ses rôles marquants, tout comme sur son oscar - "je ne trouve vraiment pas ça important; ce sont les films qui importent, parce qu’ils apportent du plaisir". En fin d’interview, Philip Seymour Hoffman finit par se dérider, quand il n’est plus question de cinéma, mais quand il parle des sports qu’il regarde à la télé ou de la littérature et du cinéma pour enfants. "Il y a des livres formidables, des films excellents, intelligents. En tant que parent, je suis vraiment impressionné. Un film comme "The Lorax", par exemple, c’est fantastique ! Il y a beaucoup de films que j’ai envie de montrer à mes enfants. J’aimerais pouvoir jouer dans un film comme ça." Première étape sur ce chemin, l’acteur sera tout prochainement à l’affiche de "Hunger Games : Catching Fire" aux côtés de Jennifer Lawrence, clairement destiné à un public adolescent...
Envoyé spécial de La Libre au Festival de Venise, Hubert Heyrendt
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