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Des Américains à Paris

Publié le 4 octobre 2012 dans Cinéphiles

Focus sur l'exposition "Paris vu par Hollywood" à l'Hôtel de ville de Paris
Paris, Hollywood. Deux noms qui font fantasmer de part et d’autre de l’Atlantique : la Ville Lumière et l’usine à rêves se sont rencontrées très tôt sur les grands écrans. De "The Girl from Paris" (1900), produit par la compagnie Edison, à "Hugo Cabret" (2011) de Martin Scorsese, 800 films américains ont eu la capitale pour décor. La mairie de la ville de Paris se penche sur ce "Paris vu par Hollywood".

Entre photos de plateaux, dessins de productions, affiches et, bien sûr, de nombreux extraits de films (le gros du chaland reste d’ailleurs les yeux rivés sur le triple écran de la grande salle), l’exposition retrace l’évolution du regard d’Hollywood sur la capitale française. Ville-musée, Paris a d’abord été un décor de film historique. Un décor en carton-pâte, construit en Californie, au temps épique du cinéma muet où les tournages ne se faisaient pas encore in situ. "D’Artagnan" (1916) de Charles Swickard, "Scaramouche" (1923) de Rex Ingram ou "Les Trois Mousquetaires" (1921) de Fred Niblo, avec la star de l’époque Douglas Fairbanks, ont fixé l’imagerie d’un Paris médiéval. Ce mythe du Paris historique s’est perpétué jusqu’au "Marie-Antoinette" (2005) de Sofia Coppola, dont on peut admirer les originaux des très beaux dessins préparatoires de la décoratrice Anne Seibel.

Mais Paris fut très vite synonyme, pour les Américains, de libertinage et débauche. "Absinthe" (1913) d’Herbert Brenon ouvre une voie que sublimera "Montmartre" (1922) d’Ernst Lubitsch : les dessins au fusain du chef décorateur Ernst Stern vont fixer dès cette époque les canons d’un Paris bohème et interlope fantasmé, avec ses ruelles pavées, éclairées à la lueur des réverbères, bordées de maisons aux façades de guingois - la bande-son venant ajouter l’inévitable accordéon. Vincente Minnelli et Gene Kelly s’en souviendront dans "Un Américain à Paris" (1951).

A ce folklore - qui déteindra jusque sur les réalisateurs français : voir "French Cancan" (1954) de Jean Renoir, avec un Paris de carton-pâte "à l’américaine" - s’est greffée l’image du "French lover " et son "French kis s". Hollywood viendra même en chercher un authentique, Maurice Chevalier. Greta Garbo et Marlène Dietrich y joueront les femmes fatales - la première dans "Le Roman de Marguerite Gautier" (1936) de George Cukor, la seconde dans "Ange" (1937) de Lubitsch. Mais la plus parisienne des actrices américaines fut Audrey Hepburn, qui y passa une décennie de cinéma : elle y fut "Sabrina" (1954), "Drôle de frimousse" (1957), "Ariane" (1957), y déchiffra une "Charade" (1963) avec Cary Grant et fut une des "Deux têtes folles" de Richard Quine (1964). Le deuxième fixa sur grand écran et en Technicolor la quintessence du chic parisien. "Drôle de frimousse", la comédie musicale de Stanley Donen, située dans les milieux de la mode, profita des conseils avisés du photographe Richard Avedon et permit à Hubert de Givenchy d’habiller la star - ses dessins, au tracé élégant, sont exposés.

Pas chauvins, nos voisins mettent en évidence cette influence oubliée de Jean-Luc Godard pour "A bout de souffle" : "Bonjour tristesse" d’Otto Preminger, avec la même Jean Seberg, saisissait dès 1958 des images dans le décor réel, cette fois, des rues parisiennes.

Paris fait toujours rêver outre-Atlantique. James Bond y a coursé Grace Jones dans les escaliers de la tour Eiffel. Woody Allen y a posé ses caméras deux fois. Quentin Tarantino a recréé le Paris de l’occupation à Berlin pour "Inglorious Basterds". Prague en est devenu la doublure bon marché ("Munich", "GI Joe"). Et Martin Scorsese a recréé le Paris Belle Epoque à la palette graphique pour "Hugo Cabret". Paris vu par Hollywood est peut-être une chimère, mais, tel le phénix, elle ne cesse de renaître.

Jusqu’au 18/12.
Hôtel de ville de Paris.
3 rue Lobau
Tous les jours, sauf dimanche, de 10h à 19h.
Entrée gra­tuite.

Alain Lorfèvre


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