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Pour Patrice Toye aussi, la vie est nulle sans bulle
Publié le 19 septembre 2012 dans Cinéphiles
L’adolescence est un âge fascinant, tous les
chemins sont possibles, tout est à
découvrir… Entretien à l'occasion de la sortie de "Little Black Spiders"
Avec Felix
van Groeningen et Michaël
Roskam, les choses sont
en train de changer; mais en Flandre, le cinéma
d’auteur est une affaire de femme : Fien
Troch,
Dorothée
Van Den Berghe, Patrice Toye.
Cette
dernière a ouvert la voie en 1998 avec "Rosie".
Aujourd’hui, sort son troisième film qui aborde
des événements qui se sont
déroulés dans le grenier de
l’hôpital Maria Middelares (Marie
Médiatrice) à Lommel où, de 1970
à 1982, des jeunes filles enceintes ont
séjourné anonymement jusqu’à
leur accouchement.
Comment avez-vous connu ces faits ?
Après "Rosie", j’étais intriguée toujours par le mystère des jeunes filles qui vivent des amitiés très fortes. Je cherchais une nouvelle histoire pour pénétrer ce monde inaccessible, quand j’ai lu un article sur des très jeunes filles enceintes qui avaient disparu dans le grenier d’un hôpital. Je n’ai pas poussé très loin les recherches car je ne souhaitais pas raconter l’anecdote. C’est un film librement inspiré des faits. Je ne voulais pas raconter une histoire de victimes, mettre en scène un scandale qui s’est passé en Belgique, en Irlande, en Espagne Cela ne veut pas dire du tout qu’il faut oublier. Il y a aujourd’hui des femmes de 50 ans qui cherchent leur enfant. Des garçons, des filles, leur mère.
Vous pouviez en faire un film glauque ou chargé de colère. Pourquoi avez-vous, à l’opposé, réalisé un film très élégant ?
C’était mon choix. Je voulais que ces filles brillent, je voulais montrer ce qu’il y avait de positif dans leurs difficultés, montrer leurs valeurs. Pour moi, la forme vient de l’intérieur. Ces filles sont vulnérables, je les ai filmées comme de la porcelaine car elles peuvent se briser.
Elles portent un enfant dans leur ventre, mais elles-mêmes vivent dans une bulle.
Quelque chose se crée en elles, mais aussi entre elles. Si on peut oublier le monde, un espace de liberté se crée hors de la réalité. Mais la bulle finit toujours par éclater. Le film raconte cette bulle. Au début, c’est chouette, on se sent à l’abri, mais l’oxygène finit par manquer, la bulle éclate et la réalité revient.
Cette réalité parallèle est un thème qui était au cœur de “Rosie” et “Nowhere Man”.
Chacun cherche l’endroit où il peut être lui-même. J’ai été marquée par Julio Cortázar. J’ai tout lu, j’en connais des passages par cœur. Cortázar rejette la réalité car, dit-il, il faut chercher sa propre réalité, l’endroit où l’on peut être soi-même.
Pour vous, c’était devenir cinéaste, la première en Flandre ?
La vie est absurde, mais je veux lui chercher un sens et je le fais en racontant des histoires.
Des histoires d’adolescentes ?
C’est un âge fascinant, tous les chemins sont possibles, tout est pour la première fois, tout est à découvrir. J’ai adoré travailler avec ces adolescentes, le meilleur tournage de ma vie, elles ont injecté une énergie incroyable. Nous étions dans notre bulle...
Fernand Denis
Comment avez-vous connu ces faits ?
Après "Rosie", j’étais intriguée toujours par le mystère des jeunes filles qui vivent des amitiés très fortes. Je cherchais une nouvelle histoire pour pénétrer ce monde inaccessible, quand j’ai lu un article sur des très jeunes filles enceintes qui avaient disparu dans le grenier d’un hôpital. Je n’ai pas poussé très loin les recherches car je ne souhaitais pas raconter l’anecdote. C’est un film librement inspiré des faits. Je ne voulais pas raconter une histoire de victimes, mettre en scène un scandale qui s’est passé en Belgique, en Irlande, en Espagne Cela ne veut pas dire du tout qu’il faut oublier. Il y a aujourd’hui des femmes de 50 ans qui cherchent leur enfant. Des garçons, des filles, leur mère.
Vous pouviez en faire un film glauque ou chargé de colère. Pourquoi avez-vous, à l’opposé, réalisé un film très élégant ?
C’était mon choix. Je voulais que ces filles brillent, je voulais montrer ce qu’il y avait de positif dans leurs difficultés, montrer leurs valeurs. Pour moi, la forme vient de l’intérieur. Ces filles sont vulnérables, je les ai filmées comme de la porcelaine car elles peuvent se briser.
Elles portent un enfant dans leur ventre, mais elles-mêmes vivent dans une bulle.
Quelque chose se crée en elles, mais aussi entre elles. Si on peut oublier le monde, un espace de liberté se crée hors de la réalité. Mais la bulle finit toujours par éclater. Le film raconte cette bulle. Au début, c’est chouette, on se sent à l’abri, mais l’oxygène finit par manquer, la bulle éclate et la réalité revient.
Cette réalité parallèle est un thème qui était au cœur de “Rosie” et “Nowhere Man”.
Chacun cherche l’endroit où il peut être lui-même. J’ai été marquée par Julio Cortázar. J’ai tout lu, j’en connais des passages par cœur. Cortázar rejette la réalité car, dit-il, il faut chercher sa propre réalité, l’endroit où l’on peut être soi-même.
Pour vous, c’était devenir cinéaste, la première en Flandre ?
La vie est absurde, mais je veux lui chercher un sens et je le fais en racontant des histoires.
Des histoires d’adolescentes ?
C’est un âge fascinant, tous les chemins sont possibles, tout est pour la première fois, tout est à découvrir. J’ai adoré travailler avec ces adolescentes, le meilleur tournage de ma vie, elles ont injecté une énergie incroyable. Nous étions dans notre bulle...
Fernand Denis