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Un film et un micro pour deux
Publié le 12 septembre 2012 dans Actu ciné
Zoe Kazan et Paul Dano : un couple à
l’écran, à la ville et à
l’interview. Rencontre pour la sortie de "Ruby Sparks".
On l’a appris après, et cela rajoute une
pincée de sel à ce savoureux "Ruby Sparks"
("Elle
s’appelle Ruby"): Zoe
Kazan et Paul
Dano, le couple du film,
est aussi un couple à la ville. Voilà sans doute
l’origine du charme singulier de cette comédie
romantique qui ne sent pas la formule, mais le vécu.
C’est Zoe qui est également l’auteur du
scénario.
"L’intention n’était pas de faire un film sur nous", explique Paul Dano, cherchant des yeux l’approbation de sa compagne devant ce micro pour deux posé lors de leur passage au Festival de Deauville. "Quand Zoe a eu l’idée du scénario, on s’est dit au bout d’un premier traitement, qu’on pourrait le jouer nous-mêmes. Au début, c’était un peu bizarre, mais après, c’était formidable de travailler à deux."
"Je pense que Paul est un acteur qui peut tout faire", enchaîne naturellement Zoe Kazan qui a du talent dans les veines, celui de son grand-père, Elia, l’auteur de "America, America", entre autres chefs-d’œuvre. "Et ce qui m’intéressait dans l’écriture de son personnage, c’était justement de monter un aspect peu connu de sa personnalité, son côté très amusant, très drôle. Il a un vrai potentiel comique qui n’a pas encore été exploité. C’était agréable pour moi de lui proposer quelque chose d’assez neuf. On a chacun plusieurs facettes. La vie en fait apparaître certaines, et les circonstances en font surgir d’autres. Par exemple, quand Paul tournait "For Ellen"... - Dans ce film, aussi montré à Deauville, Paul Dano incarne un chanteur rock de retour dans son bled pour signer les papiers du divorce et faire la connaissance de sa fille de six ans. - "...J’ai été frappée par son changement de personnalité. Ce film mettait au jour son côté sombre et libérait ses démons intérieurs. Il a d’ailleurs fallu attendre un certain temps pour voir le personnage disparaître. En fait, le temps que s’effacent les tatouages. Quinze jours environ."
"Chaque rôle est une expérience singulière", commente Paul, "dans laquelle, je me plonge pour aller au plus près du personnage. Ceux qui m’intéressent ont un conflit. Si c’est linéaire, cela n’a pas d’intérêt pour moi. Il me faut de la matière à creuser, à explorer. C’est la chose la plus amusante de ce métier et la plus effrayante en même temps, c’est l’exploration de soi-même, découvrir des parties qu’on ne connaissait pas. C’est en tout cas ce qui me plaît".
C’est en rentrant chez elle, un soir, en voyant un mannequin couché sur un tas d’ordures qu’a germé, dans l’esprit de Zoe Kazan, l’envie de donner vie à un objet inanimé. Comme Pygmalion, le sculpteur donne vie à Galatée, sa statue d’ivoire. Comme un écrivain verrait la fille de ses rêves devenir vivante. "Comme scénariste, j’ai tendance à laisser les personnages conduire l’histoire en essayant de conserver une certaine cohérence autour du thème. Ici, c’est la relation au sein d’un couple. Dans une histoire d’amour, l’autre reste un inconnu. Il ne sert à rien de vouloir le contrôler, l’étiqueter, le mettre dans une boîte. Il faut aimer l’autre dans sa globalité, pas seulement des morceaux idéalisés."
Idéalisé, le couple Paul Dano-Zoe Kazan le sera sans doute plus en Belgique, en France, en Suisse qu’ailleurs, à cause de son goût déclaré de la culture française. Cela nous vaut la surprise d’entendre l’inusable: "Ça plane pour moi."
"Je suis très attirée par la culture française", reconnaît Zoe. "Paul et moi, nous regardons beaucoup de films français. Nos préférés sont "Au hasard Balthazar", de Bresson, "Le mépris" et "A bout de souffle", de Godard , "Le souffle au cœur" et "Lacombe Lucien", de Louis Malle, "Le Samouraï" et "L’armée des ombres", de Melville, et "Playtime", de Jacques Tati. J’ai naturellement choisi le français quand Ruby doit parler une autre langue. Mais en ce qui concerne les chansons, je n’y suis pour rien, c’est le choix de Jonathan Dayton et Valerie Faris."
C’est avec leur film "Little Miss Sunshine" que Paul Dano en ado autiste, refusant sur la banquette arrière d’un combi VW jaune, avait fait le break en 2006. "Bien avant que le scénario soit terminé, étant donné son ton, j’ai contacté Jonathan et Valerie, car je pensais qu’ils seraient parfaits pour le réaliser. Ils savent rendre les choses très drôles et, en même temps, ils n’ont pas peur d’une certaine noirceur. J’étais ravi qu’ils acceptent."
La suite de cette love story au prochain scénario.
Envoyé spécial de La Libre à Deauville, Fernand Denis
"L’intention n’était pas de faire un film sur nous", explique Paul Dano, cherchant des yeux l’approbation de sa compagne devant ce micro pour deux posé lors de leur passage au Festival de Deauville. "Quand Zoe a eu l’idée du scénario, on s’est dit au bout d’un premier traitement, qu’on pourrait le jouer nous-mêmes. Au début, c’était un peu bizarre, mais après, c’était formidable de travailler à deux."
"Je pense que Paul est un acteur qui peut tout faire", enchaîne naturellement Zoe Kazan qui a du talent dans les veines, celui de son grand-père, Elia, l’auteur de "America, America", entre autres chefs-d’œuvre. "Et ce qui m’intéressait dans l’écriture de son personnage, c’était justement de monter un aspect peu connu de sa personnalité, son côté très amusant, très drôle. Il a un vrai potentiel comique qui n’a pas encore été exploité. C’était agréable pour moi de lui proposer quelque chose d’assez neuf. On a chacun plusieurs facettes. La vie en fait apparaître certaines, et les circonstances en font surgir d’autres. Par exemple, quand Paul tournait "For Ellen"... - Dans ce film, aussi montré à Deauville, Paul Dano incarne un chanteur rock de retour dans son bled pour signer les papiers du divorce et faire la connaissance de sa fille de six ans. - "...J’ai été frappée par son changement de personnalité. Ce film mettait au jour son côté sombre et libérait ses démons intérieurs. Il a d’ailleurs fallu attendre un certain temps pour voir le personnage disparaître. En fait, le temps que s’effacent les tatouages. Quinze jours environ."
"Chaque rôle est une expérience singulière", commente Paul, "dans laquelle, je me plonge pour aller au plus près du personnage. Ceux qui m’intéressent ont un conflit. Si c’est linéaire, cela n’a pas d’intérêt pour moi. Il me faut de la matière à creuser, à explorer. C’est la chose la plus amusante de ce métier et la plus effrayante en même temps, c’est l’exploration de soi-même, découvrir des parties qu’on ne connaissait pas. C’est en tout cas ce qui me plaît".
C’est en rentrant chez elle, un soir, en voyant un mannequin couché sur un tas d’ordures qu’a germé, dans l’esprit de Zoe Kazan, l’envie de donner vie à un objet inanimé. Comme Pygmalion, le sculpteur donne vie à Galatée, sa statue d’ivoire. Comme un écrivain verrait la fille de ses rêves devenir vivante. "Comme scénariste, j’ai tendance à laisser les personnages conduire l’histoire en essayant de conserver une certaine cohérence autour du thème. Ici, c’est la relation au sein d’un couple. Dans une histoire d’amour, l’autre reste un inconnu. Il ne sert à rien de vouloir le contrôler, l’étiqueter, le mettre dans une boîte. Il faut aimer l’autre dans sa globalité, pas seulement des morceaux idéalisés."
Idéalisé, le couple Paul Dano-Zoe Kazan le sera sans doute plus en Belgique, en France, en Suisse qu’ailleurs, à cause de son goût déclaré de la culture française. Cela nous vaut la surprise d’entendre l’inusable: "Ça plane pour moi."
"Je suis très attirée par la culture française", reconnaît Zoe. "Paul et moi, nous regardons beaucoup de films français. Nos préférés sont "Au hasard Balthazar", de Bresson, "Le mépris" et "A bout de souffle", de Godard , "Le souffle au cœur" et "Lacombe Lucien", de Louis Malle, "Le Samouraï" et "L’armée des ombres", de Melville, et "Playtime", de Jacques Tati. J’ai naturellement choisi le français quand Ruby doit parler une autre langue. Mais en ce qui concerne les chansons, je n’y suis pour rien, c’est le choix de Jonathan Dayton et Valerie Faris."
C’est avec leur film "Little Miss Sunshine" que Paul Dano en ado autiste, refusant sur la banquette arrière d’un combi VW jaune, avait fait le break en 2006. "Bien avant que le scénario soit terminé, étant donné son ton, j’ai contacté Jonathan et Valerie, car je pensais qu’ils seraient parfaits pour le réaliser. Ils savent rendre les choses très drôles et, en même temps, ils n’ont pas peur d’une certaine noirceur. J’étais ravi qu’ils acceptent."
La suite de cette love story au prochain scénario.
Envoyé spécial de La Libre à Deauville, Fernand Denis