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Faire rire, c’est instinctif : entretien avec Eric Judor

Publié le 5 septembre 2012 dans Actu ciné

Eric Judor (l’autre moitié de Ramzy) est à l’affiche du formidable "Wrong".
D’ordinaire, la présentation des films en compétition à Deauville est une formalité d’autant plus vite emballée que les réalisateurs ne pipent pas un mot de français, qu’ils ne sont pas bien à l’aise sur scène devant une salle comble et qu’ils sont plutôt stressés à l’idée que ce public va découvrir un travail arraché à leurs tripes.

Rien de tout ça, pourtant, lundi matin, dans la grande salle du CID. Et pour cause : le réalisateur de Wrong, film tourné (et en partie produit) aux États-Unis, Quentin Dupieux, est français. Tout comme l’un de ses acteurs principaux, un certain Eric Judor. Que vous situerez mieux si l’on précise que c’est l’autre moitié de Ramzy…

Remonté comme un coucou alors qu’il est “à peine” 11 heures, le comédien va mettre la salle dans sa poche en trois vannes, jamais méchantes et plutôt absurdes. Bref, tout à l’image de son personnage dans Wrong et parfaitement raccord avec le film, du reste.

Quelques heures plus tard, on le retrouve au bar du Normandy. Il a tombé le costume officiel pour un polo et un jean. Il commande deux cafés, sourit et nous demande comment on a trouvé Wrong. Formidable. Re-sourire. Et explications d’une rencontre qui a donc changé sa vie…


Le truc le plus louche qui se soit passé entre Quentin Dupieux et moi, c’est l’attirance artistique, dit-il. Elle n’est pas physique… Quand on voit Quentin, si je devais passer de l’autre côté, ce n’est pas le type d’homme après lequel je courrais. Un peu trop de barbe, trop de cheveux sales ! Mais, par contre, artistiquement, c’est vraiment quelqu’un qui a créé une œuvre.

Ce sont d’ailleurs les mots que vous avez eus sur scène… après avoir été un peu moins sérieux. Ça ne vous fatigue pas, des fois, d’avoir à envoyer des vannes ?
Ça a dû m’arriver… mais je ne serais pas comique si ce n’était pas un peu dans ma nature. Quand j’ai une salle de mille personnes devant moi, j’ai envie de faire rire. C’est instinctif. Comme quand, quand je sens de la saucisse grillée, j’ai envie d’en manger. Mais le jour où ça deviendra mécanique, je pense que je me retirerai de ça. Ou alors, je ferai des films sombres pour aller les défendre de manière sombre… Mais ce n’est pas pour tout de suite !

Quentin Dupieux a écrit, réalisé, monté, travaillé sur la musique : ça vous laisse rêveur, vous qui touchez également à tout ?
Sur Platane, le dernier travail que j’ai fourni seul (pour Canal +, NdlR), j’ai écrit, réalisé et joué dedans. On a donc quelque chose de semblable. Lui attache beaucoup plus d’importance à l’image que moi qui suis plus directement drôle, avec moins de détours.

Ramzy et vous, vous travaillez assez peu pour d’autres réalisateurs. Pourquoi ?
On est des artisans de notre propre truc. On a encore des choses à raconter, dans la blague. Tant que tout ça n’est pas sorti, on n’ira pas trop ailleurs. Et puis, sans prétention, les choses qu’on nous a proposées jusqu’ici nous semblaient moins intéressantes que celles qu’on développait nous-mêmes.

Ramzy et vous êtes quand même parvenus à mener des projets professionnels chacun de votre côté…
Quelque part, au fond, il y a toujours le fantôme de Ramzy qui tourne autour de moi ! Et je sais que quand j’envoie une blague, ça me manque qu’il n’y ait pas, tout de suite, la réponse, l’écho immédiat. Je suis toujours très, très content quand on se retrouve ! Et, vous savez, on continue de m’appeler Ramzy dans la rue !


Isabelle Monnart, Envoyée spéciale de la DH à Deauville

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