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Décès de Chris Marker, militant intraitable du cinéma français
Publié le 31 juillet 2012 dans Cinéphiles
Le
cinéaste et intellectuel français Chris Marker (La Jetée) est décédé dimanche à Paris à l'âge de 91 ans.
Réalisateur et écrivain prolifique, Chris Marker,
très discret et peu connu du grand public, était
une figure militante atypique du cinéma français,
à l'oeuvre "incontournable", disent nombre de ses
représentants. Né le 29 juillet 1921 à
Neuilly-sur-Seine, près de Paris,
Christian-François Bouche-Villeneuve de son vrai nom, est
notamment l'auteur de "La
jetée" (1962), sa seule fiction, un film
d'anticipation à images fixes en noir et blanc, qui a
atteint une renommée mondiale, et de "Le
fond de l'air est rouge" (1977).
Il a collaboré avec Costa-Gavras, Akira Kurosawa ainsi qu'Alain Resnais, avec qui il a notamment cosigné "Les statues meurent aussi" (1953), oeuvre anticolonialiste interdite par les autorités à sa sortie. Le président du festival de Cannes, Gilles Jacob, a été l'un des premiers à rendre hommage à cet "esprit curieux, cinéaste infatigable, poète amoureux des chats, vidéaste, personnage secret, immense talent", dans un tweet où il ajoute: "sommes orphelins de Chris Marker".
Pour le critique de cinéma Jean-Michel Frodon, Chris Marker était "quelqu'un d'immensément important pour tous les gens qui tentent de réfléchir au cinéma et à l'image, ainsi qu'au monde contemporain". Il évoque avec émotion un "explorateur dans tous les sens du terme, à la conscience politique et à l'engagement très forts".
Chris Marker est "l'auteur d'une cinquantaine de films documentaires qui ont profondément marqué et influencé le cinéma mondial", souligne de son côté la Cinémathèque Française dans un communiqué, rendant hommage à son "ton inédit", qui a créé "un style et une manière inconnue de regarder le monde et d'en rendre compte, un art du montage poétique". "Son oeuvre a suivi et épousé la deuxième moitié du XXe siècle en se tenant à la bonne distance des événements historiques qui ont bousculé le monde : Cuba, le communisme soviétique et chinois, la guerre du Vietnam, Mai 68 en France, le Chili, les luttes ouvrières, les combats pour l'émancipation et l'indépendance", ajoutent Serge Toubiana et Costa-Gavras, à la tête de la Cinémathèque, dans leur communiqué.
C'est sur les Jeux olympiques d'Helsinki que Chris Marker a réalisé en 1952 son premier film ("Olympia 1952"), avec de modestes moyens, après avoir publié son premier roman, "Le coeur net", en 1949, dont le personnage central est un aviateur. "Lettre de Sibérie", un documentaire où il interroge l'image et le propos, sort en 1958.
Suivent "La jetée" (1962) et sa période militante (1967-1977) - "Cuba si", "Loin du Vietnam"... - dont il tire le bilan avec "Le fond de l'air est rouge". Il filme Paris après les accords d'Evian mettant fin à la guerre d'Algérie dans "Le Joli mai" (1963), où son texte est lu par le chanteur et comédien Yves Montand, auquel il consacrera en 1974 un reportage, "La solitude du chanteur de fond". En 1966, il raconte ses voyages dans 26 pays dans "Si j'avais quatre dromadaires".
Dans les années 1980-1990, il tourne notamment "Sans soleil" (1982), souvent considéré comme son chef-d'oeuvre, ou "Level Five" (1996) et explore les possibilités de la création audiovisuelle et des nouvelles technologies. En 1997, il publie "Immemory", un CD-Rom utilisant toutes les ressources du multimédia. Il diffuse sur internet son dernier court-métrage, réalisé en 2007, "Leila Attacks".
(AFP)
Il a collaboré avec Costa-Gavras, Akira Kurosawa ainsi qu'Alain Resnais, avec qui il a notamment cosigné "Les statues meurent aussi" (1953), oeuvre anticolonialiste interdite par les autorités à sa sortie. Le président du festival de Cannes, Gilles Jacob, a été l'un des premiers à rendre hommage à cet "esprit curieux, cinéaste infatigable, poète amoureux des chats, vidéaste, personnage secret, immense talent", dans un tweet où il ajoute: "sommes orphelins de Chris Marker".
Pour le critique de cinéma Jean-Michel Frodon, Chris Marker était "quelqu'un d'immensément important pour tous les gens qui tentent de réfléchir au cinéma et à l'image, ainsi qu'au monde contemporain". Il évoque avec émotion un "explorateur dans tous les sens du terme, à la conscience politique et à l'engagement très forts".
Chris Marker est "l'auteur d'une cinquantaine de films documentaires qui ont profondément marqué et influencé le cinéma mondial", souligne de son côté la Cinémathèque Française dans un communiqué, rendant hommage à son "ton inédit", qui a créé "un style et une manière inconnue de regarder le monde et d'en rendre compte, un art du montage poétique". "Son oeuvre a suivi et épousé la deuxième moitié du XXe siècle en se tenant à la bonne distance des événements historiques qui ont bousculé le monde : Cuba, le communisme soviétique et chinois, la guerre du Vietnam, Mai 68 en France, le Chili, les luttes ouvrières, les combats pour l'émancipation et l'indépendance", ajoutent Serge Toubiana et Costa-Gavras, à la tête de la Cinémathèque, dans leur communiqué.
C'est sur les Jeux olympiques d'Helsinki que Chris Marker a réalisé en 1952 son premier film ("Olympia 1952"), avec de modestes moyens, après avoir publié son premier roman, "Le coeur net", en 1949, dont le personnage central est un aviateur. "Lettre de Sibérie", un documentaire où il interroge l'image et le propos, sort en 1958.
Suivent "La jetée" (1962) et sa période militante (1967-1977) - "Cuba si", "Loin du Vietnam"... - dont il tire le bilan avec "Le fond de l'air est rouge". Il filme Paris après les accords d'Evian mettant fin à la guerre d'Algérie dans "Le Joli mai" (1963), où son texte est lu par le chanteur et comédien Yves Montand, auquel il consacrera en 1974 un reportage, "La solitude du chanteur de fond". En 1966, il raconte ses voyages dans 26 pays dans "Si j'avais quatre dromadaires".
Dans les années 1980-1990, il tourne notamment "Sans soleil" (1982), souvent considéré comme son chef-d'oeuvre, ou "Level Five" (1996) et explore les possibilités de la création audiovisuelle et des nouvelles technologies. En 1997, il publie "Immemory", un CD-Rom utilisant toutes les ressources du multimédia. Il diffuse sur internet son dernier court-métrage, réalisé en 2007, "Leila Attacks".
(AFP)