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Michael Fassbender, l’acteur le plus "hot" du moment - Entretien

Publié le 11 janvier 2012 dans Actu ciné

Après “A Dangerous Method” la semaine dernière, Michael Fassbender est à nouveau éblouissant dans “Shame”. On le retrouve également à l’affiche de “Jane Eyre”.
L’acteur qui a marqué la dernière Mostra de Venise est sans conteste Michael Fassbender qui s’y montrait aussi impressionnant de retenue en Jung dans "A Dangerous Method", de David Cronenberg, qu’en Brandon, sex-addict dans "Shame", de Steve McQueen. Un rôle très physique qui lui a valu une Coupe Volpi du meilleur acteur amplement méritée ! Dans ces deux films, l’Irlandais d’origine allemande interprète des personnages radicalement différents. Même si des points communs peuvent se tisser entre eux "Ce que je sauve chez Brandon, c’est que ce n’est pas quelqu’un qui, comme Otto Gross dans "A Dangerous Method", suit ses instincts quelles qu’en soient les conséquences sur les personnes qui se trouvent sur son chemin. Brandon se rend compte qu’il est malade et cherche désespérément s’en sortir. Au début, il semble plutôt content de sa routine. Jusqu’à ce que sa sœur arrive et désorganise tout. Le public prend alors conscience de combien il souffre de sa condition. Il cherche à satisfaire ces besoins compulsifs, d’abord via son ordinateur, puis en tombant dans une spirale infernale. De la même façon, au début du film, Jung est quelqu’un de très contrôlé, un médecin très ambitieux. Ce n’est que progressivement qu’il tombe dans cette obsession et cette fascination pour sa patiente. Ce que j’aime chez Steve, c’est que quand on rencontre Brandon, on a l’impression que le film est déjà commencé depuis une heure. De la même façon, quand le film est fini, on le laisse continuer son voyage. Mais entre-temps, on a compris qu’il n’avait pas envie de quitter son bureau pour aller se soulager dans les toilettes, mais qu’il souffrait de cette vie secrète. Tout comme Jung quand s’opère ce transfert sur sa patiente. Mais la différence, c’est que l’existence entière de Brandon est secrète. Il n’a aucune relation qui pourrait l’aider. Avec son boss, sa sœur, ses partenaires sexuels, ce ne sont que des relations malsaines."

Sur le tournage d’"Hunger", le comédien n’avait pas caché quelques moments de tension avec Steve McQueen. "Parfois, il m’a poussé à bout. C’était notre première expérience ensemble; on se jaugeait, on se testait. Ce n’est pas parce que vous vous entendez bien et que vous partagez une chouette expérience que vous n’aurez pas des discussions et parfois des opinions différentes. L’important, c’est qu’à la fin de la journée, on puisse aller boire un verre ensemble. Ici, c’est un peu comme si on avait repris les choses là où on les avait laissées. On a développé une vraie complicité. Parfois, un seul mot suffit pour se comprendre. Steve m’offre également beaucoup de liberté. C’est comme danser ensemble en essayant de se surprendre. Pour, ensuite, transmettre cela au public. Une des choses formidables chez Steve, c’est sa capacité à créer une énergie incroyable; la concentration est maximale. C’est très dur, mais souvent, entre les prises, on rigole, on s’amuse beaucoup. Même si ça ne se voit pas vraiment au vu du résultat à l’écran "

Entre les deux hommes, la confiance est totale. Une confiance nécessaire dans les nombreuses scènes de nudité. "C’est embarrassant, inconfortable. Mais c’est quelque chose dont on n’a jamais parlé. J’ai juste dit à Steve : "Fais ce que tu as à faire." Je savais qu’il traiterait cela de façon digne, pour les besoins de l’histoire."

Selon McQueen, Fassbender est tout simplement le meilleur acteur du moment : il ne joue pas un rôle, il le vit ! Pas étonnant qu’il inspire les réalisateurs les plus renommés. Après "Shame", on le reverra ainsi dans "Haywire", de Steven Soderbergh, et "Prometheus" qui marque le retour de Ridley Scott à la science-fiction. "Ma méthode est assez simple. Je travaille énormément sur le scénario que je lis peut-être 250 fois. A travers ce processus, progressivement, je commence à enfiler les habits du personnage comme une seconde peau. Ensuite, je me pose des questions sur lui, j’écris une liste de ses caractéristiques. J’y repère celles que je partage et celles qui me sont étrangères, sur lesquelles je vais devoir travailler..."

Aussi doué soit-il, incarner cet homme incapable de contrôler sa sexualité ne fut pas un voyage facile pour Fassbender. "Ce qui m’a d’abord frappé en lisant le scénario, c’est qu’il y a des choses auxquelles je peux m’identifier. Pour entreprendre ce voyage avec lui, il faut explorer, mentalement, dans des endroits très sombres. Le travail fut intense. Mais je pense que c’est un film très juste sur notre époque. Notamment sur l’évolution de la pornographie. Quand j’avais 14 ans, il fallait atteindre l’étagère du haut dans la librairie et puis passer au comptoir pour acheter une revue porno. Il y avait cette honte, cet embarras. Aujourd’hui, il suffit de deux clics sur Internet pour tomber sur des millions de vidéos. L’accès est devenu très facile. On voit cela aussi avec la nourriture : tout est à disposition, et le choix se fait entre des milliers de produits. On reçoit tellement d’informations, tout le temps. Alors qu’on croit être satisfait, cela crée une anxiété. On encourage les gens à agir ou à s’habiller d’une certaine façon, d’obtenir tel objet censé nous apporter le bonheur. C’est la même chose avec la communication. Aujourd’hui, c’est simple de communiquer avec n’importe qui dans le monde, avec un e-mail, sans même avoir à quitter sa chambre. L’essence physique de la rencontre a changé. "Shame" n’est pas une critique mais une question : dans quelle sorte de monde Brandon vit-il ? C’est pour cela qu’on a tourné à New York qui vit 24h/24 et 7 jours sur 7. C’est l’habitat parfait pour décrire la vie d’un personnage comme lui."


Entretien à la Mostra de Venise, Hubert Heyrendt

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