Actualités

Olivier Marchal : "Un film que j’ai fait contre moi" - entretien

Publié le 30 novembre 2011 dans Actu ciné

Olivier Marchal a douté de tout, pendant trois ans. Tant mieux : "Les Lyonnais" est plus que réussi
Il y a travaillé pendant trois ans, comme sur chacun de ses films. Même si celui-ci, pour diverses raisons, est un peu à part. D’abord, parce que c’est le plus gros budget qu’il ait eu à gérer (15 millions d’euros) et, surtout, parce que, jusqu’ici, il avait posé sa caméra du côté des flics. Enfin, parce que les aspects historiques de son scénario n’ont fait que renforcer les doutes dont il est, toujours pétri…

Je me suis interrogé sur le fondement même du film”, dit-il. “Est-ce que, par les temps qui courent et vu l’extrême violence à laquelle on est confronté, les gens auront envie d’aller voir un film de voyous ? Ma volonté était d’en faire un film grand public, une grande fresque romanesque, pourquoi pas romantique. C’est un film que j’ai fait contre moi. Tout le temps.

Il paraît que vous avez pensé faire deux films, en fait. Vrai ?
Oui, parce qu’il y avait tellement de choses à raconter. Il a fallu faire des coupes énormes. J’ai pensé à un film en deux parties mais je me suis dit que ça aurait l’air d’une resucée du Mesrine de Jean-François Richet. J’ai même pensé faire une série de 12 fois 52 minutes pour Canal+…

Edmond Vidal avait lu le scénario ? Il a été très présent sur le film ?
Il avait lu et validé le scénario. Toutes les libertés que j’ai prises, c’était avec son accord. Je me suis servi de son personnage pour faire un film de gangsters parce qu’il était tellement apprécié des flics. C’est un monsieur très touchant, qui n’est pas dans la glorification de ses actes. Moi, j’ai inventé ce qu’il pourrait être s’il était obligé de retourner au charbon pour un de ses copains. Sur le tournage, il avait un regard vraiment bienveillant.

Momon est gitan. Quand, au début du film, on lui parle de race, il répond peuple. Cela résonne étrangement dans la France d’aujourd’hui…
Ce n’est pas fait exprès, parce que le film a été écrit bien avant que l’on prenne ces décisions sur les Roms. Je n’ai pas envie de faire un film polémique, ni à connotation sociale, mais malgré tout je voulais quand même qu’on sente que ce mec, s’il n’avait pas volé un petit cageot de cerises quand il était gamin, et uniquement parce qu’il était gitan, est devenu une sorte de légende.

Trouver de jeunes acteurs qui collent parfaitement à leurs aînés a dû être un sacré casse-tête…
Je vois beaucoup de films, beaucoup d’acteurs et je note tout dans de petits calepins. Dimitri Storoge, qui joue Momon jeune, je l’avais vu dans un téléfilm en deux parties, sur Action Directe. Et Olivier Chantreau, le grand blond, qui fait Tchéky Karyo jeune, c’est sur casting. Il crevait l’écran.

À la fin du film, en sortant de la salle, on se dit : “Quel gâchis.” C’est ce que vous espériez ?
C’est ce que je pense, oui : quel gâchis, une vie de voyou. Aujourd’hui, Momon, Christo, ce sont des papys, des survivants. Mais à quel prix… Je n’échangerais pas une heure de leur vie, mais ça mérite de braquer un peu les projecteurs..


Isabelle Monnart

Films liés

Personnalités liées

Avis des internautesdu film

Vous devez être connecté pour ajouter une critique Créez un compte
Soyez le premier à publier une critique

Newsletter Cinebel

Partager

Suivez Cinebel