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Ryan Gosling, maximum overdrive

Publié le 3 novembre 2011 dans Actu ciné

Rencontre avec l’acteur qui monte. A la fois très doué et très “bombesque”.
On se souvient de "L’express du colonel Ryan", de "La fille de Ryan" sur les plages de la péninsule de Dingle, de Ryan 0’Neal et de sa love story, mais aujourd’hui, un seul Ryan compte : Ryan Gosling. Juin, "Blue Valentine" ou l’encéphalogramme d’une passion. Septembre : "Crazy Stupid Love", en irrésistible dragueur de comédie. Octobre, George Clooney l’adoube sur "Les marches du pouvoir". Novembre, "Drive" auréolé du prix de la mise en scène à Cannes. Quatre mois et quatre films l’ont propulsé tellement haut, ont dévoilé une palette tellement large, de la comédie au drame, de l’indépendant à l’hollywoodien, que certains voient dans ce Canadien de 30 ans le successeur de Brad Pitt. Certaines , surtout ! Bombesque, elles disent. Et sur la banquette arrière, il peut compter sur deux réalisateurs à forte personnalité : Nicolas Winding Refn (Drive) et Derek Cianfrance (Blue Valentine). Le voici, le voilà, félin et musclé, les épaules nues, laissant apparaître des tatouages sur son bras gauche. "Celui-ci représente ma mère et ma sœur. Celui-là, la patte d’un loup-garou sur un cœur sanglant, je l’ai dessiné moi-même, une mauvaise idée." Et puis, allongée sur le biceps, "une femme fantôme qui visite son propre squelette."

Etes-vous amateur de voitures rapides ?

Je possède la voiture du film, mais je ne connais rien aux voitures. Nick (NdlR ? Nicolas Winding Refn) m’a dit d’acheter cette Chevy Malibu 1973 qu’on avait trouvée dans un cimetière de voitures. Et on l’a reconstruite ensemble. Je la connais bien. Je ne connais rien aux autres voitures, mais ma voiture, je la connais.

Vous avez aussi choisi le réalisateur, c’est votre façon de travailler ?
C’est la première fois que cela m’arrive. J’ai toujours signé un projet auquel un metteur en scène était attaché. Cette fois, j’ai accepté un scénario proposé par le producteur Marc Platt. C’est lui qui m’a demandé si j’avais quelqu’un en tête pour le mettre en scène. Je n’avais personne de précis, et pendant que je réfléchissais, j’ai vu le film "Valhalla Rising". Puis, j’ai voulu voir les "Pusher. 1, 2, 3.". "Pusher 3" m’a vraiment impressionné avec ce vieux mafieux très violent et mauvais cuisinier qui rend tout le monde malade avec sa bouffe. Je trouvais que chez Nick, l’art et le divertissement ne s’excluaient pas. Nick ne ressemble à personne, il a son chemin, et du cran pour aller de l’avant. Il aime les films d’exploitation et les films de genre autant que les films d’auteur, les films avec une ambition artistique. Cela se sent très fort dans "Valhalla Rising". C’est un film lourd, sérieux, mais il y a aussi des moments où l’on rit beaucoup.

Voyez-vous une ressemblance entre “Drive” et “Valhalla Rising”, entre ses deux personnages “Driver” et “One Eye” ?
Je vois plutôt une différence fondamentale, c’est que "Drive" a un rapport au cinéma que n’a pas "Valhalla Rising". One Eye n’a jamais vu de film, Driver, oui. Il en a vu beaucoup, il en a même tourné comme cascadeur. Il s’inscrit donc dans une mythologie de héros du volant. Il se voit, se réinvente comme un superhéros.

Comment Nicolas Winding Refn a-t-il reçu cette proposition venant d’un acteur ?
Plutôt mal. Je lui avais proposé de manger ensemble. Pendant une heure et demie, il ne m’a pratiquement rien dit. C’était vraiment embarrassant pour tous les deux. Je sentais qu’il n’avait qu’une envie, rentrer chez lui. Et moi, pareil. Il devait aller à Santa Monica, je l’ai emmené en voiture. Je pense qu’il se sentait mal, car il ne voyait pas du tout le film qu’il pouvait faire avec ce scénario. Et donc, il ne savait pas quoi en dire. Comme il ne disait rien, j’ai mis la radio, et quelque chose s’est passé, alors que passait un titre de REO Speedwagon. Subitement, il a vu le film qu’il allait faire. Maintenant, on a plusieurs projets ensemble.

Comme vous en avez avec Derek Cianfrance, le réalisateur de “Blue Valentine".
Oui, tous les deux m’autorisent à être leur partenaire. On fait, on crée le film ensemble. Et en les voyant travailler, cela m’aide à voir comment m’y prendre pour diriger mes propres films.

Vous en avez fait du chemin depuis Cornwall en Ontario jusqu’à Hollywood. Avez-vous eu une enfance cinéphile ?
J’ai vu un jour "Rambo" à la télé, quand j’étais enfant. Le lendemain, je suis parti avec un couteau de cuisine à l’école. Et je l’ai lancé vers d’autres enfants. J’ai été renvoyé, et mes parents furent terrifiés. Je n’avais plus le droit de regarder des films, je pouvais seulement aller à la bibliothèque louer des films sur la bible ou la nature. J’ai vu ainsi quantité de documentaires de National Geographic. Un été, il y avait une opération "quatre films pour quatre dollars". J’en regardais deux par jour. L’employé qui voyait comment je dévorais de la pellicule m’a dit : "Toi qui aimes le cinéma, tu devrais regarder ce film." Il a sorti quelque chose qui n’était sur les étagères, mais sous le comptoir, c’est dire s’il m’avait donné envie. C’était "Blue Velvet", de Lynch. Un choc pour moi.

Mais vous êtes-vous retrouvé chez Disney ?
Mais j’aime beaucoup. J’y retourne dès que je peux. C’est un des endroits que je préfère au monde.

En quelques mois, tout s’est emballé autour de vous, comment vivez-vous cela ?
Je viens d’avoir 30 ans et tout est différent. Je sens que c’est le début d’un nouveau chapitre. Il y a certains films que je ne referai plus, j’avance vers autre chose. Je ne veux pas dire que je ne ferai plus de petits films d’auteur et seulement des gros projets commerciaux. Mon idée est qu’on peut faire les deux en même temps, c’est ce qu’on a essayé de réussir avec "Drive". Je suis convaincu que l’un n’exclut pas l’autre.

Vous êtes aussi musicien, comment est né votre groupe Dead Man’s Bones ?
Je ne suis pas un acteur qui veut avoir son groupe, c’est une longue histoire, très ancienne. A l’école, on voulait monter une pièce de Robert Wilson (NdlR, à ne pas confondre avec le metteur en scène de "Einstein on the Beach"). C’était très élaboré, très cher, et on n’a trouvé personne pour financer le projet. Alors, avec un ami, Zach Shields, on a eu l’idée de transformer l’œuvre en musique et d’en faire un disque. On a mis une année à le réaliser. Et puis, on a voulu partir en tournée, mais comme on jouait de tous les instruments, on a dû former un groupe. On a fait une vingtaine de dates aux USA. Dans chaque ville, on était accompagnés d’un chœur d’enfants, différent à chaque fois, toujours déguisés en monstres, en zombies.

Quel est votre instrument ?
Je joue du piano, de la guitare et de la basse, et mon pote de la batterie, des synthés et de l’ordinateur. Et dans le prochain album, on va switcher. On a enregistré deux albums avec quatre enfants, de façon très économique, en se contentant d’une seule prise. Mais pour le prochain album, il n’y aura plus d’enfants, car à cause d’eux, en tournée, on ne peut pas fumer, pas jurer, pas se saouler. Ce n’est pas très rock’n’roll.

D’où vient votre aptitude à la musique ?
Mon père est musicien. A 16 ans, il jouait une dizaine d’instruments, du piano, du hautbois, de la clarinette. J’ai hérité de 10 % de son talent. La musique est quelque chose de très naturel dans ma vie. J’ai toujours vécu dans une maison encombrée d’instruments.

Fernand Denis  

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