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Bérénice Bejo, le noir et blanc lui va si bien : interview

Publié le 11 octobre 2011 dans Actu ciné

A propos de The Artist : “Chez moi, il y avait quelque chose à trouver du côté du glamour, de l’énergie qu’on tire du regard des autres.
"Meilleur espoir féminin", c’est dans ce film de Gérard Jugnot qu’on découvrait Bérénice Bejo, voici une dizaine d’années. En shampouineuse chez son papa coiffeur, elle rêvait d’autres pellicules et décrochait un rôle dans un film. Quelques mois plus tard, elle obtenait une nomination pour le César du meilleur espoir féminin. La carrière de cette jolie brune née en Argentine et débordante de tempérament semblait lancée. De fait, elle n’a jamais quitté l’écran, mais toujours au second plan, sauf à de rares exceptions comme "OSS 117 : Le Caire, nid d’espions" où Michel Hazanavicius, son compagnon, l’a mise en valeur. Dans "The Artist", en flapper des années 20, elle a l’occasion de sortir le grand jeu. Elle est tour à tour fonceuse, danseuse, amoureuse dans un noir et blanc qui lui va si bien.

Auriez-vous aimé travailler à cette époque, à ce moment du cinéma ?
Comme actrice, pourquoi pas, le moment était incroyable. Comme être humain, je me sens très bien dans mon époque. C’est curieux comme un film vous amène des questions, auxquelles on ne réfléchit pas, auxquelles on n’a pas de réponse. En vivant en 2011, je peux très bien jouer les années 20. Par contre, le contraire (rires) ! Je suis donc au bon endroit.

Michel Hazanavicius vous a parlé de ce projet depuis des années. Pensiez-vous qu’il y arriverait ?
Sincèrement, non.

Le style des acteurs du muet n’existe plus de nos jours. Comment l’avez-vous étudié, abordé ?
Les acteurs américains ont toujours été très physiques. Quand vous regardez John Goodman, il conserve quelque chose de ce style du muet, ce côté un peu excessif mais qui passe si bien. Les acteurs français sont plus réservés, ils rient moins fort. Il y avait quelque chose à trouver. Chez moi, c’était plutôt du côté du glamour, de l’énergie qu’on tire du regard des autres. Pendant des mois et des mois, j’ai regardé tout ce que j’ai trouvé. Des films, des actualités sur Joan Crawford, Marlène Dietrich, Gloria Swanson, sur leur façon de marcher, de bouger, de danser, d’embrasser. Et puis, à un moment donné, il faut tout oublier pour aller à la rencontre de son personnage. Peppy n’est pas une imitation de quelqu’un d’autre. Je devais avoir des références mais Peppy devait avoir sa personnalité.

Avez-vous abordé ce personnage comme n’importe quel autre ?
Comme pour tous les autres, j’ai recherché son moteur. D’où vient son énergie ? Ce qui est différent dans l’interprétation, c’est que le dialogue ne compte pas. Il y en avait parfois et ça sonnait faux. L’approche est donc beaucoup moins intellectuelle et beaucoup plus physique. Il faut davantage faire confiance à son corps. A cause du soin extrême apporté à la lumière, à la composition de l’image, à la beauté des costumes, on se sent aussi davantage comme un élément dans un tableau. Mais il faut oublier cela, ne jamais perdre l’histoire de vue, l’état du personnage, ce qu’il croit à ce moment-là.

Avez-vous une scène préférée ?
J’aime la scène qu’on recommence encore, encore, et au cours de laquelle naît leur complicité. J’aime la scène de l’hôpital au ralenti, la scène du costume, la scène où je fais du chantage à John Goodman. J’aime la scène des claquettes. J’aime tout le film en fait.

Quelle fut votre réaction en vous voyant à l’écran ?
C’est très agréable car le muet crée une distance et on se voit beaucoup moins. On voit beaucoup plus l’histoire. Le fait de nous avoir emmenés là-bas, d’avoir tourné dans la ville, dans les décors authentiques de l’action, apporte quelque chose d’extraordinaire. Je vivais dans la maison de Mary Pickford. Le lit où George Valentin se réveille est celui de Mary Pickford. Je m’exerçais dans mon garage pour la scène des claquettes en regardant le sigle d’Hollywood. Ce rôle, c’est la plus belle preuve d’amour qu’un réalisateur puisse offrir à une actrice.


Fernand Denis

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