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“Je suis dans ma belle dizaine..." : interview de Jean Dujardin

Publié le 11 octobre 2011 dans Actu ciné

Jean Dujardin craint de connaître le déclin comme son personnage dans The artist
Jean Dujardin est fou. Au point de croire en Michel Hazanavicius et son projet dingue, tourner un film muet en noir et blanc, The artist. Résultat : une comédie hilarante, un hommage magnifique au 7e art et, pour lui, un prix d’interprétation à Cannes.

Comment avez-vous physiquement créé votre personnage ? La moustache, c’est Errol Flynn, Rudolph Valentino ?
Douglas Fairbanks. J’ai vu plusieurs de ses films et je me suis dit que Georges Valentin pourrait lui ressembler. Dans ses films, on voit bien que Douglas Fairbanks ne reste que dans le registre qu’il sait faire. Et rien d’autre. C’était donc un bon point de départ. En plus, c’est un personnage lumineux. Avec une vraie trajectoire : plus je le commençais haut, plus je pouvais le terminer bas.

Auriez-vous pu tourner cet hommage à Hollywood dans le système hollywoodien actuel ?
Non ! (rire) Pas forcément, non. Ce n’était pas la finalité. Je suis très fier qu’on l’ait fait en France, parce qu’on peut encore apporter beaucoup dans la comédie. Michel Hazanavicius a prouvé, déjà avec les deux OSS 117, qu’on pouvait glisser plusieurs degrés dans la comédie et faire des choses très différentes de ce que font les Américains. Ceci le démontre à nouveau et j’en suis très fier.

Ce film devrait vous apporter une notoriété hors de la francophonie…
Je n’en ai pas besoin. C’est assez confortable en France. J’ai plein de projets. Je vais même faire un film à sketches, ce qu’on n’a plus fait depuis les années 60 en France. Je n’ai pas eu besoin de The artist pour pouvoir monter des projets. Après, si on m’offre un joli rôle, je ne vais pas cracher dessus. Je ne suis pas méprisant. Actuellement, on nous demande tous de réaliser des films ou de faire carrière aux États-Unis. Mais qu’on commence par faire des bons films en France ! Ce serait déjà ça…

Jouer une star hollywoodienne, c’est un rêve ?
C’est un rêve d’adulte, de comédien. Un enfant ne rêve pas de ça. C’est drôle : avec Gérard Jugnot et d’autres amis, on a discuté du film et on s’est rendu compte que chacun y a projeté un peu ses envies, ses fantasmes d’acteur, pas ses aigreurs ou ses jalousies comme souvent. Ce film est tellement ludique, agréable à regarder, que tout le monde s’est dit qu’il aurait aimé jouer dedans. C’est un rêve d’acteur. Comme quand on propose de jouer un cow-boy ou un agent secret.

Bien que le film soit muet, vous parlez à Bérénice Béjo. De vrais dialogues ou des impros ?
C’était du style blablabla… En français ou en anglais (rire). Parfois, des ouahouahouah… Cela dépendait de l’inspiration. Pour moi, la comédie vient des situations de la vie. Donc, il faut beaucoup d’observation. Au niveau des références cinématographiques, pour la comédie, il y a des génies comme Peter Sellers ou Vittorio Gassman. La comédie ne vient pas de la blague mais souvent du silence qui précède ou suit. Comme dans la vie.

Le film retrace l’histoire d’une star qui connaît le déclin pour ne pas avoir su s’adapter…
Cela me fait un peu peur. Je m’y attends, mais pas à ce point-là. Je ne vais pas me suicider : il y a autre chose dans la vie que le cinéma. Je m’attends à des passages à vide, oui. Là, je suis dans ma belle dizaine. À moi de me réinventer. C’est un vrai challenge.


Patrick Laurent

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